Deux membres du Front populaire ivoirien (FPI, opposition), ont décidé ce mercredi 30 septembre 2020, de suspendre leur participation à la Commission électorale indépendante (CEI). Il s’agit d’Alain Dogou et Yapi Yapo, proches de Pascal Affi N’Guessan qui revendique la tête du parti créé par Laurent Gbagbo en 1990. Dans cette veine, l’Alliance des forces démocratique (AFD) présidée par Pascal Affi N’Guessan, candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020 et Kabran Appiah, premier responsable de la Ligue des mouvements pour le progrès (LMP), ont ordonné à leurs représentants de se retirer des commissions électorales locales, où ils siégeaient, «immédiatement».
Selon ces opposants présentés jusque-là comme des colombes, contrairement aux «faucons» représentés par les Gbagbo ou rien (GOR), ce retrait vise à «ne point se faire complice du hold-up électoral mis en place par le Gouvernement, le Conseil constitutionnel et la Commission Électorale Indépendante». Pour certains observateurs, ces opposants devraient démissionner purement et simplement de la CEI au lieu de suspendre leur participation. «Ils ne sont pas assez courageux pour claquer la porte au risque de perdre tous les privilèges dont ils jouissent», fait remarquer une source proche de la CEI. «A partir du moment où ils ont prêté serment, ils ne devraient plus répondre aux injonctions de leur parti politique», ajoute la même source.
D’autres observateurs font remarquer que les deux sortants sont partis de leur propre chef sans attendre que leur parti annonce leur démission. Il faut noter que le représentant du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Siaka Bamba, a fait faux bond en refusant de prêter serment, au grand désarroi du président du Conseil constitutionnel, Mamadou Koné, qui l’a attendu en vain.
Cette sortie vient ajouter de l’eau au moulin d’une frange de l’opposition conduite par Henri Konan Bédié, président du PDCI, qui annonce que la présidentielle du 31 octobre 2020 n’aura pas lieu tant que leurs revendications ne seront pas satisfaites. Les frondeurs demandent le retrait de la candidature du président Alassane Ouattara, la réforme de la CEI et du Conseil constitutionnel, l’inscription de Laurent Gbagbo et de Guillaume Soro sur la liste électorale, etc. Face à ces menaces, le gouvernement reste droit dans ses bottes en soutenant que le scrutin aura lieu «pian». Et l’«idée d’un report du scrutin ne nous effleure même pas l’esprit», a signifié le porte-parole du gouvernement, Sidi Tiemoko Touré, au terme du conseil des ministres qui s’est tenu ce mercredi à Yamoussoukro.
A ce rythme, la CEI, chargée d’organiser la présidentielle du 31 octobre, ne va plus compter les membres de l’opposition qui auront choisi la politique de la chaise vide.
Par Wakat Séra