Les «pluies» de milliards de francs CFA qui tombent sur la Côte d’Ivoire depuis l’arrivée du président Alassane Ouattara qui n’hésite pas à contracter des dettes partout où se trouve l’argent, ne doivent pas inquiéter les Ivoiriens. C’est la conclusion qui s’impose, après la conférence de presse du 17 septembre 2018 à Abidjan, rencontre au cours de laquelle le Premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly (AGC), s’est voulu rassurant sur la maîtrise par le pays de son endettement et l’impact positif de la croissance de l’économie sur l’amélioration des conditions de vie des populations. «Le taux d’endettement du pays est projeté à 42,7% à fin 2018, alors que la norme communautaire dans l’espace UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine, NDLR) est de 70%.
Le gouvernement travaille à la soutenabilité de la dette, car notre objectif n’est pas d’hypothéquer l’avenir des générations futures avec un pays surendetté», a soutenu AGC dans ses jardins de la Primature. Selon ses mots, «s’endetter pour réaliser des projets qui vont créer de la richesse pour le pays est une bonne chose». Le chef du gouvernement a, du reste, assuré que les politiques économiques et sociales continueront d’être exécutées dans la perspective d’un taux annuel moyen de 8% sur la période 2018-2020, d’une inflation en dessous de 2%, d’un déficit budgétaire et une dette sous contrôle, tout en préservant les équilibres macro-économiques conformément à «nos» engagements avec le Fonds monétaire international (FMI).
«Nous travaillons à chaque fois à respecter ce niveau d’endettement parce que nous sommes tous soucieux de laisser aux générations futures, un pays pas surendetté. Mais comme je l’ai déjà dit plusieurs fois, s’endetter pour réaliser des projets qui vont créer de la richesse pour le pays, des richesses qui vont permettre d’enrichir les Ivoiriens, ça c’est une bonne chose. C’est mal s’endetter qui peut être un problème», a plaidé celui que l’opinion voit comme le candidat d’Alassane Ouattara pour la présidentielle de 2020. Cependant, cet optimisme du «Lion» de la rue Lépic (siège du Rassemblement des républicains), n’est pas partagé par l’opposition, notamment le professeur d’économie, Mamadou Koulibaly, ancien président de l’Assemblée nationale sous Laurent Gbagbo.
Selon lui, la dette ivoirienne est passée de 5555 milliards de francs CFA en fin juin 2012 à 11 039 milliards de francs CFA en début juin 2018. Soit un accroissement de 99% en 6 ans. Le niveau de la dette extérieure monte de 202%, à en croire Mamadou Koulibaly quand celui de la dette intérieure augmente de 82%. Le professeur agrégé d’Economie note qu’il n’y a pas d’arriérés de remboursement, les nouvelles dettes servant à rembourser les anciennes. «Côte d’Ivoire, bravo !», ironise-t-il pour décrier la gestion des dirigeants ivoiriens actuels. Visiblement, Alassane Ouattara, ne prête pas une oreille attentive à ces critiques puisqu’il continue de ramasser les «jetons» partout dans le monde.
Après avoir obtenu 1900 milliards francs CFA de la Chine au début de mois de septembre, il vient de décrocher plusieurs millions de pétrodollars avec le Qatar. «ADO pissanci à magne dèh» (en traduction littérale en français, ces mots en langue dioula signifient «la puissance de ADO, c’est pas bon»).
Mahamadou Doumbia (Correspondant à Abidjan)