Les élections législatives ivoiriennes de ce samedi 7 mars, en dehors d’incidents sans conséquence majeure sur le déroulement du vote, pour emprunter l’expression aux illustres observateurs, se sont déroulées dans le calme et la sérénité. La participation jugée faible dans l’ensemble, les contestations, somme toute, logiques de l’opposition, dès l’annonce des premiers résultats vomis par les urnes, n’ont rien enlevé à la beauté de cette journée électorale qui a vu descendre dans l’arène, la presque totalité des forces politiques du pays. Les enjeux étaient donc de taille, le parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) visant la majorité absolue à l’Assemblée nationale pour accompagner l’action gouvernementale, alors que l’opposition, qui a tourné le dos au boycott était, elle, dans la logique du partage du pouvoir en formant des alliances qui ont marché, ou non.
Mais, avec la course vers les 254 sièges en jeu, l’état de santé de Hamed Bakayoko n’en tenait pas moins l’actualité. Tous les regards sont, en effet, tournés vers Paris, où le Premier ministre ivoirien a été évacué le 18 février dernier pour des soins. L’influent Hambak, dont la grande carrure de lutteur plane sur la vie politique ivoirienne, à cause de ses réseaux d’influence, bien qu’absent physiquement, était bien présent dans les bureaux de vote et hors, parce qu’en plus, il est le maire de la grande commune d’Abobo, mais surtout, le ministre de la Défense était également, candidat à la députation. Mais plus que tout, la fin triste de son prédécesseur, Feu Amadou Gon Coulibaly, décédé alors qu’il était le candidat du RHDP pour la présidentielle de 2020, est encore vivace dans les esprits. Qui plus est, la guerre des clans continue de battre son plein au sein du parti mastodonte au pouvoir, et est loin de connaître son épilogue.
Il aurait certainement fêté ce 8 mars, son 56è anniversaire, le «golden boy» pour qui, sont, très peu, les pistes de danse de boîtes de nuit de la sous-région ou d’ailleurs, qui n’ont pas tremblé sous ses trémoussements. Il aurait fêté, celui qui est reconnu, parallèlement à son ancien côté «gazeur», comme un travailleur, un vrai «bosseur». Mais, Hambak, est sorti, en tout cas pour le moment, de la scène. Est-il décédé comme des bruits persistants le font croire? A-t-il changé d’horizon hospitalier pour se retrouver en Turquie ou en Allemagne, selon certaines informations? Ou, plus simplement, de quoi souffre le grand gaillard qui sait bien taquiner autour de lui et amuser ses visiteurs par des blagues dont il possède un répertoire bien épais? Si la piste de l’empoisonnement n’est pas totalement écartée dans les supputations, il se susurre de plus en plus, que l’un des «fils» de Alassane Dramane Ouattara, comme l’ont été Guillaume Soro et Amadou Gon Coulibaly, serait atteint d’un cancer de foie.
Ce qui est certain, le gouvernement ivoirien, qui a prolongé le temps de séjour à l’extérieur de son Premier ministre, évoque un grand coup de barre qui nécessite une période de repos conséquent pour requinquer Hamed Bakayoko. S’il est vrai que les hommes politiques ne sont pas M. Tartempion, il n’en n’est pas moins vrai qu’ils sont, avant tout, des humains, pouvant souffrir d’un simple rhume, ou d’autres petits bobos, comme vous et moi. C’est aussi vrai qu’ils ne seront pas soignés, comme vous et moi, au dispensaire du coin de la rue, parce que justement, ils ne sont pas vous et moi. Mais, ils nous dirigent et nous devons au moins savoir, si ceux qui ont, entre leurs mains, le gouvernail de la barque, se portent bien…ou mal.
«Tous les hommes sont mortels, or Socrate est un homme; donc Socrate est mortel». Syllogisme célèbre, digne de partage sur les bords de la lagune Ebrié.
Par Wakat Séra