Il y a des gens comme ça. Ils disent tout haut ce que le grand nombre pense tout bas. Le trublion Billon, lui, aura délibérément choisi de mettre les pieds dans le plat sur la question d’âge en ce qui concerne la prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Que veut Jean Louis Billon? Il demande que la loi ivoirienne fixe la borne supérieure des candidats à la magistrature suprême à 75 ans! Ni plus, ni moins!
Le requérant qui est, en ce moment, le vice-président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, l’historique PDCI présidé depuis des lustres par l’inusable Henri Konan Bédié, tient bien son idée. L’ex-ministre ivoirien du Commerce, lui-même âgé de 58 ans, ne demande donc pas autre chose que la mise à la retraite des pachydermes politiques. Champions naturels de leurs partis qu’ils dominent des pieds et de la tête, ils sont candidats à toutes les présidentielles. Alassane Ouattara, Henry Konan Bédié et Laurent Gbagbo, seront donc, tous, mis hors du circuit, si d’aventure le rêve, car pour l’instant, c’en est bien un, de l’empêcheur de tourner en rond, devient réalité. Le plus «jeune» des dinosaures politiques ivoiriens, en l’occurrence, Laurent Gbagbo compte 77 ans. Le président en exercice, Alassane Ouattara, lui a fêté ses 81 ans tandis que le patron du parti de l’éléphant, Henry Konan Bédié avoue 88 piges!
Qui consentira à jeter l’éponge pour défaut d’ancienneté, alors que tous se découvrent, à chaque élection une nouvelle jeunesse, même quand ils crient sur tous les toits qu’il est temps pour les jeunes d’être aux affaires? Pour aller à la reconquête de son fauteuil le président Ouattara, mettra sans doute sur la table un bilan que lui et les siens jugeront extrêmement positif. Ce qui est loin d’être faux, vu que sous sa houlette, la Côte d’Ivoire a fait un bond économique important malgré les affres de la guerre et les violences post-électorales de 2010. Que dire de l’influence politique de «PRADO» qui n’est vraiment pas négligeable dans la sous-région? L’ancien président Laurent Gbagbo, revenu de sa détention à la Haye, et revêtu comme d’une nouvelle virginité, puisque déclaré non coupable des charges qui pesaient sur lui, croit dur comme fer qu’il a une revanche à prendre. Quant au doyen et presque nonagénaire Bédié, il se présentera comme le digne héritier et porte-flambeau du PDCI du père fondateur de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët Boigny, ce qui n’est pas peu dire! Et comme tous les trois ont leurs partisans et possèdent des places fortes, rien n’est joué pour Jean-Louis Billon et pour la jeunesse qui, paradoxalement, fait peu pour s’émanciper politiquement de leurs «leaders».
En tout cas, Charles Blé Goudé, 51 ans, lui aussi blanchi par la Cour pénale internationale (CPI) et fraîchement rentré à la maison, ne demande qu’à jouer les premiers rôles, si la justice de son pays le déleste des 20 ans de prison qui pèsent sur lui, pour son rôle dans les violences post-électorales de 2010. L’ex «général de la rue», qui ne file plus le parfait amour avec son père spirituel Laurent Gbagbo, semble même bénéficier de la sympathie de l’ex première dame Simone Gbagbo. Cela vaudra son pesant de votes, le cas échéant.
Vœu pieu de Jean-Louis Billon? Pour l’instant, l’heure est au fourbissage des armes. En attendant, la Côte d’Ivoire, à l’instar de beaucoup d’autres pays africains, bien que constituée en grande majorité de jeunes se trouve dirigée par des gérontes. L’espoir étant ce qui fait vivre, selon l’adage, le constat sera-t-il pertinent au point de transformer le souhait de Billon en réalité politique? Question à un plat d’APF, le gouleyant attiéké poisson fumé, spécialité culinaire ivoirien!
Par Wakat Séra