A travers cet écrit, parvenu à notre rédaction, le 10 novembre, Jean Baptiste Appia donne sa lecture de la situation en Côte d’Ivoire», où, selon lui, l’opposition a «tapé poteau», ayant échoué à faire partir «le champion du Rassemblement des Houphouetistes pour la paix et le développement (RHDP) qui a déployé l’artillerie lourde pour museler tous ceux qui tentent de l’empêcher de gouverner tranquillement.»
L’opposition ivoirienne a cru qu’elle pouvait renverser le président Alassane Ouattara en utilisant les mêmes armes qu’il a employées pour faire partir Laurent Gbagbo en 2010. Pour l’instant, Pascal Affi N’Guessan et Henri Konan Bédié ont «tapé poteau» comme on le dit dans la rue pour dire qu’ils ont échoué à faire partir le champion du Rassemblement des Houphouetistes pour la paix et le développement (RHDP) qui a déployé l’artillerie lourde pour museler tous ceux qui tentent de l’empêcher de gouverner tranquillement. Le Comité national de transition (CNT) qui devait diriger la Côte d’Ivoire à partir du 1er novembre, a été démantelé et tous ses supposés dirigeants pourchassés comme des rats.
Henri Konan Bédié est gardé en résidence surveillée en raison de son âge avancé qui l’a sauvé d’une incarcération à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), a fait savoir le procureur de la République, Adou Richard. Toute la direction de son parti est en prison, le siège occupé par la police armée jusqu’aux dents. Pascal Affi N’Guessan qui avait réussi à fuir, est capturé dans la nuit de vendredi à samedi alors qu’il essayait de se cacher dans son fief de Bongouanou. Une rumeur qui a enflammé la toile, a annoncé la mort du candidat du Front populaire ivoirien (FPI) qui a été aperçu sur les réseaux sociaux, vu autour d’un plat bien garni. Albert Mabri Toikeusse, un autre membre de la plateforme de l’opposition, est activement recherché par les forces de l’ordre. Il aurait été aperçu au Ghana.
Au regard de la situation actuelle, on peut dire que l’opposition s’est engouffrée dans une aventure ambigüe qui s’est avérée un échec patent. Sans avoir les moyens de faire partir Ouattara, les opposants ont compté sur les manifestations de rue et les affrontements entre populations qui ont vite montré leurs limites après les tentatives de médiation. Même Alassane Ouattara avec son armée qui a fait fermer les ports et les banques, n’a pu faire partir Laurent Gbagbo que grâce à l’intervention des forces françaises qui ont fait le «sale boulot».
Affi et Bédié ont mal «monté» leur dossier et n’avaient pas avec eux le soutien de la communauté internationale qui s’est rangée du côté du champion du RHDP. Leur appel à la désobéissance civile n’a pas mobilisé grand monde comme l’ont réussi les opposants au Mali en colère contre le président Ibrahim Boubacar Keita (IBK) qui n’est tombé qu’avec l’intervention de l’armée. Jusqu’ici, Ouattara garde une main ferme sur l’armée qui pour l’instant s’est tenue à l’écart des froufrous politiques.
ADO tend la main à Bédié
L’appel à l’insurrection de Guillaume Soro est resté sans écho au sein de l’armée. Devant tous ces échecs, la machine de répression s’est abattue sur leur tête et tous les dirigeants de l’opposition se cherchent, laissant leurs militants dans le désarroi. Les appels à la marche lancée pour ce lundi 9 novembre 2020 n’ont pas empêché le pays de fonctionner normalement. Il y a eu quelques échauffourées dans certains quartiers d’Abidjan et dans les villes de l’intérieur, sans plus. La Commission électorale indépendante (CEI) a crédité Alassane Ouattara d’un score de 94,27% avec un de taux de participation de 53,90%. Ces résultats ont été confirmés ce lundi 9 novembre 2020 comme il fallait s’y attendre par le président du Conseil constitutionnel. On peut le voir, ADO tient la barre avec une opposition décapitée pendant au moins cinq ans.
Que va faire Alassane Ouattara de sa victoire? Dans un message à la nation ce lundi 9 novembre 2020, il a tendu la main au Sphinx de Daoukro afin de mettre fin à la spirale des violences qui continue d’endeuiller les familles. «Conformément aux valeurs de paix et de dialogue que nous a léguées, le Père de la Nation ivoirienne, le Président Félix Houphouët-Boigny, je voudrais réaffirmer ma disponibilité, aujourd’hui comme hier, pour un dialogue sincère et constructif avec l’opposition, dans le respect de l’ordre constitutionnel. Pour ma part, je voudrais rappeler que j’avais marqué ma disponibilité pour une rencontre avec le Président Henri Konan Bédié, Président du PDCI-RDA, à l’initiative de la mission ministérielle de la CEDEAO qui s’est rendue en Côte d’Ivoire le 18 octobre dernier. Je voudrais donc inviter mon aîné, le Président Henri Konan Bédié, Président du PDCI-RDA, à une rencontre, dans les tout prochains jours, pour un dialogue franc et sincère en vue de rétablir la confiance», a-t-il lancé.
A lire de près, Ouattara exclut tout dialogue avec son ancien allié, Guillaume Kigbafori Soro, devenu la bête noire du régime. En attendant que Bédié accepte la main de son ancien camarade, les affrontements intercommunautaires se poursuivent dans plusieurs localités du pays. On compte des morts à M’Batto, ville du Centre-est, située à une trentaine de kilomètres de Bongouanou, fief du président du FPI, Affi N’Guessan. Même scénario à Daoukro, bastion de Bédié. A coup sûr, Ouattara finira par accepter de négocier avec ses opposants et cela aboutira à un gouvernement d’ouverture ou d’union avec des photos où les anciens ennemis posent avec de larges sourires. A ce jeu trouble, les familles des victimes seront oubliées et leurs proches seront morts «gbazan» ou cadeau, sur l’autel des ambitions de ceux qui les ont appelés à descendre dans la rue.
Jean Baptiste Appia