Ebola en Côte d’Ivoire. Le virus a traversé les frontières, en provenance de la Guinée Conakry, transporté par une jeune femme qui a été aussitôt mise en isolement. Mais ce seul cas dont l’annonce a été rendue publique ce samedi, s’il n’a pas semé outre mesure un trouble extraordinaire, encore moins la panique, a tout de même interpellé les autorités sanitaires ivoiriennes qui ont, immédiatement, déclaré la guerre à la maladie. Le plan de riposte qui sera déroulé, en principe dès ce mardi, par le ministère de la santé, les services en charge des épidémies recevra l’appui de partenaires, notamment l’OMS, l’Unicef, la Banque mondiale et la Croix-Rouge.
Riposte et prévention seront les alliées sûres des acteurs de de la chaîne sanitaire, engagés dans la lutte contre la maladie à virus Ebola. Pour parer au plus urgent, la patiente est déjà prise en charge et en plus de ses compagnons de voyage et les personnes qu’elle a croisées sur son trajet, les forces de l’ordre aux postes frontaliers et le personnel de santé seront vaccinés. La solidarité séculaire et agissante africaine, a, d’ailleurs, conduit la Guinée, à mettre, aussitôt, à la disposition de la Côte d’Ivoire sa voisine, 5000 vaccins anti-Ebola.
Quelle sera l’efficacité de ce plan de riposte et de prévention contre ce virus tant redouté, identifié pour la première fois en 1976, dans un village du Congo, non loin duquel coule une rivière portant le nom Ebola? Il urge pour les autorités ivoiriennes de renforcer les mesures préventives pendant qu’il est encore temps pour éviter une envergure d’épidémie. Les ravages opérés par le virus dans son Congo natal, en Guinée qui a connu la plus grande épidémie en décembre 2013, au Libéria, en Sierra Leone, au Nigeria, au Mali, et même aux Etats-Unis, sont la preuve qu’aucun effort ne sera de trop pour tuer le virus avant qu’il ne circule davantage en Côte d’Ivoire et traverse les frontières voisines de ce pays, terre d’accueil de nombreux ressortissants d’autres pays africains dont le Burkina Faso. Des populations qui vivent pour la plupart dans des quartiers précaires où la promiscuité est reine entre les habitants.
Le bilan de 28 mille cas pour 11 mile décès officiels et plus de 10 mille survivants avec séquelles, comptabilité récemment établie par l’OMS, sans être dramatique, est assez éloquente pour mettre sur la braise, les autorités politiques et sanitaires ivoiriennes pour stopper toute velléité de Ebola sur leur territoire. L’heure est d’autant plus grave que, à l’instar des autres pays du monde, la Côte d’Ivoire fait face au Covid-19, une pandémie qui a mis l’économie mondiale au pas, en plus de provoquer mort et désolation sur son passage. D’ailleurs, après avoir été combattu plus ou moins avec une certaine efficacité, surtout grâce au respect des mesures barrières, le virus à couronne refait surface en Afrique dans une troisième vague qui pourrait être plus meurtrière que les précédentes. Certes, contrairement aux déclarations de l’OMS qui prédisait l’hécatombe à l’Afrique, compte tenu du manque criard de médicaments et d’hôpitaux convenablement équipés, le continent a résisté, jusqu’ici, aux assauts du virus.
Mais jusqu’à quand durera cette résistance surtout face aux variants violents, comme celui dit «Delta», au manque de vaccins et à la réticence des populations face aux mêmes vaccins, le peu que l’Afrique a pu obtenir grâce surtout aux dons de ses partenaires et au mécanisme COVAX? Le défi est donc devenu double pour la Côte d’Ivoire et ses voisins d’arrêter la progression du Covid-19 et rendre le terrain difficile pour toute explosion d’épidémie de la maladie à virus Ebola.
Par Wakat Séra