Les dernières nouvelles en provenance de Niamey sont loin d’être celles que les Nigériens voudraient entendre. Les perspectives sont même dramatiques car les populations qui, depuis que le président Mohamed Bazoum a commencé à dérouler son programme au profit de secteurs névralgiques et d’avenir comme l’éducation, notamment celle des filles, la santé, surtout en direction des populations rurales et l’agriculture pour assurer l’auto-suffisance alimentaire afin de déboucher sur l’industrialisation et l’exportation, l’espoir était la! Le le tout sur fond de victoires significatives de l’armée contre l’insécurité, vantées par des officiers comme le général Salifou Modi, du temps où il était chef d’état-major des armées nigériennes et défendait la juste cause. La joie était grande, de Tillabery à Diffa, en passant par Tahoua, Zinder, Agadez, etc.
Mais les Nigériens commencent à vivre un quotidien difficile, tout en se posant des questions sur un avenir de plus en plus inquiétant. A qui la faute? Réponse d’un analyste de la vie socio-politique nigérienne: Indubitablement au général Abderahamane Tiani, l’actuel chef de la junte militaire, qui, pour des intérêts égoïstes et très personnels, a pris les armes pour renverser la république dont il s’est engagé à protéger l’institution suprême, le chef de l’Etat. Ainsi, depuis la date fatidique du 26 juillet, le Niger est confronté à ce coup d’Etat qui le ramène dangereusement vers les abysses du sous-développement.
Et donc par la faute des putschistes qui se sont attirés les sanctions drastiques de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et les mesures des partenaires internationaux et autres investisseurs. Ces derniers qui ont freiné des quatre fers, alors qu’ils s’étaient engagés à accompagner le Niger dans sa marche vers le mieux-être des populations en les débarrassant des petits soucis existentiels pour ne penser que développement. Malheureusement, les sanctions prises par la CEDEAO le dimanche 30 juillet à Abuja, pour ramener les putschistes à la raison et éviter la galère aux Nigériens et Nigériennes, ont commencé à se faire sentir.
Il faut savoir que les militaires n’ont pas accès à l’argent de l’Etat logé à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO). Ils ne peuvent donc payer aucun salaire, même pas la solde des militaires. Vont-ils sacrifier la souveraineté et l’orgueil qui font l’ADN du Nigérien, pour crier famine chez les voisins, ou aller, un peu plus loin, vers la Russie dont les drapeaux donnent des couleurs rouge, bleu et blanc, aux manifestations des amoureux transis de Vladimir Poutine et d’Evguéni Prigojine le patron de Wagner? Les banques commerciales ont très peu de liquidités. Depuis mardi 1er août, un particulier, quel que soit son compte, ne peut toucher que 500 000 FCFA et une entreprise 5 millions de francs CFA. La douane ne peut pas faire des recettes, puisque les marchandises sont bloquées au Benin. Les impôts ne peuvent pas non plus entrer, car les banques sont en manque de liquidités.
Les militaires, même à supposer qu’ils restent au pouvoir, n’auront donc pas l’argent nécessaire au fonctionnement de l’Etat: pas de salaires pour les fonctionnaires, pas de pécules ni de bourses pour les étudiants, pas de soldes des militaires, etc. Sans oublier la dette intérieure et extérieure. Le drame, c’est que tous les projets de construction de barrages, de routes, d’érection de centrales énergétiques, mobilisés dans les secteurs du monde rural, de l’éducation, de la santé sont déjà arrêtés. La rareté prévisible des denrées alimentaires bloquées au Bénin a déjà, en un seul jour, entraîné une inflation de 25%. À terme les denrées alimentaires vont manquer certainement. Dans la lancée, toutes les activités ayant recours à l’électricité vont s’arrêter.
On ne saurait occulter le fait inquiétant que toutes les forces militaires déployées aux frontières du Burkina Faso et du Mali sont ramenées à Niamey, ce qui ne peut que faire l’affaire des terroristes.
Comme quoi, il ne faut pas avoir peur des mots, ces sanctions sont inédites, ne pouvant permettre à un gouvernement de gérer un État, car un gouvernement dénué d’un minimum de ressources financières n’existe pas.
Par Wakat Séra