L’Afrique a déjà perdu l’organisation de la coupe du monde de football de 2026 qui revient au trio Etats-Unis/Canada/Mexique, alors que les stades du mondial 2018 n’avaient même pas encore ouvert leurs portes pour Russie 2018. Mais découragement ne faisant pas partie du répertoire lexical marocain, le royaume chérifien annonce déjà sa candidature pour l’organisation de la coupe du monde de 2030. Coup de bluff ou véritable témérité pour un pays qui vient de subir un cinquième échec en s’alignant comme hôte potentiel de la plus grande des compétitions mondiales de football? En tout cas, la tâche sera plus ardue pour le Maroc, le nombre de pays participants passant désormais à 48, à partir de 2026. C’est dire que le cahier des charges sera encore un peu plus lourd à remplir. Mais sait-on jamais, d’ici à 2030, beaucoup d’eau aura coulé sous le pont et l’Afrique pourra encore espérer abriter une autre coupe du monde, après celle organisée en terre sud-africaine.
Malheureusement, après la coupe du monde de 2010, organisée par l’Afrique du sud que d’aucuns ont considérée à raison comme juste un symbole, la coupe du monde s’est donc encore un peu plus éloignée de l’Afrique! Non pas parce que les Africains n’en veulent pas ou ne sont pas en mesure d’accueillir la compétition internationale, mais simplement parce que le football est devenu une véritable industrie dont la rentabilité est la première et unique priorité. Si certains peuvent encore en tirer plaisir en y jouant ou en le regardant tant mieux. Le plus important aujourd’hui, ce sont les milliards de dollars américains, dont un bon pactole pour la Fifa, que devrait rapporter la coupe du monde de 2026. Dans cette optique, où l’argent roi règne sur le sport roi, l’Afrique n’a plus sa place dans les débats. Non seulement en matière d’infrastructures sportives et d’accueil, le continent est loin de faire le poids face aux grands stades et hôtels des Etats unis, du Canada et du Mexique, mais en plus, les maigres publics qui n’assistent aux matches que quand leur équipe nationale joue, ne peuvent rivaliser avec ces foules en délire qui savent ce que signifie réellement supporter. De plus, le pouvoir d’achat de l’Africain lambda, encore confronté à des difficultés existentielles comme se nourrir, se vêtir ou se soigner est loin de peser devant les portefeuilles des riches supporters du nord qui sont prêts à dépenser une fortune pour être témoins oculaires d’un événement de la taille de la coupe du monde.
Le Maroc pouvait-il réellement tenir la dragée haute à cette coalition de pays qui malgré leurs fortes divergences politico-diplomatiques ont su se mettre ensemble sur l’essentiel? Pire, de quelle chance pouvait se targuer le Maroc, quand les pays africains ont choisi, comme à l’accoutumée de se déchirer pour soutenir les intérêts venus d’ailleurs? Les marocains qui, il faut le reconnaître ne se sentent Africains que lorsque des intérêts colossaux sont en jeu pour eux, pouvaient-ils reposer leur rêve brisé pour la cinquième tentative d’arracher l’organisation de la coupe du monde? Rien n’est moins sûr et comme le dit le dicton, «ce qui devait arriver arriva». Il ne reste au Maroc qu’à se venger sur ce destin cruel qui lui a ôté le mondial 2026 de la bouche en brillant de mille feux sur celui qui fera rebondir la balle ronde, du 14 juin au 15 juillet 2918, sur les gazons verts russes. L’essentiel n’est plus de participer, mais de gagner! Et que malgré tout, le fair-play soit le vainqueur de la compétition mondiale de foot.
Pare Wakat Séra