Cela fait deux semaines que le gouvernement burkinabè procède à des coupures d’internet dans le pays. Dans un communiqué publié le 22 novembre 2021, le ministère de la Communication et des relations avec le Parlement a tenté de justifier leur acte en invoquant des obligations de défense nationale et de sécurité publique telles que prévues par les lois nationales. Ainsi, internet mobile avait été suspendu pour une durée de 96 heures sur toute l’étendue du territoire nationale. Épargnant toujours l’internet fixe, le gouvernement burkinabé a récidivé le 24 novembre 2021 avec une suspension à nouveau d’internet mobile pour une durée de 96 heures tout en invoquant les mêmes dispositions de la loi.
Cette coupure intervient dans un contexte de manifestation de la population locale contre la présence de l’armée française dans des villes telles que Ouagadougou, Bobo Dioulasso et Kaya. En effet, le 19 novembre 2021, un groupe de manifestants aurait bloqué un convoi militaire français de passage dans la ville de Kaya.
Les coupures d’internet, quelles qu’elles soient, violent la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH), et la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP). Elles constituent une atteinte grave à la liberté d’expression et à la démocratie. Elles visent aussi à restreindre la liberté d’expression, l’accès à l’information et le droit de réunion pacifique, d’exercer une activité génératrice de revenus entre autres droits garantis par les Institutions nationales, régionales et internationales.
S’y ajoute que le Burkina Faso consacre le respect des droits humains dans sa Constitution et est partie aux principaux instruments régionaux et universels de protection des droits humains. Bien que le droit burkinabé et le droit international en matière des droits humains prévoient la possibilité de limiter ou de déroger à certains droits, ces options sont soumises à plusieurs conditions strictement encadrées.
Il est récurrent de constater des blocages d’internet en période électorale ou en période de manifestations dans beaucoup de pays africains. Ces coupures d’Internet perturbent ainsi la libre circulation de l’information, les activités économiques qui dépendent fortement d’internet et empêchent aux populations de comprendre les vrais enjeux dans leurs territoires. Les populations ne peuvent, de ce fait, s’informer convenablement ni sur la gestion de cette situation particulière liée aux manifestations contre la présence de l’armée français, ni sur les cas éventuels d’arrestation ou de tuerie.
Pis, la note du ministère de la Communication et des relations avec le Parlement n’explique pas en quoi la suspension de l’internet mobile et pas de l’internet fixe répond aux exigences de défense nationale et de sécurité publique.
AfricTivistes condamne fermement la posture des autorités burkinabé et demande à celles-ci de faire la lumière sur la situation actuelle et de lever toutes les restrictions sur l’accès à Internet afin de permettre aux citoyens d’exercer librement leurs droits. Nous pensons que les coupures ou suspensions d’Internet ne doivent pas être utilisées pour empêcher les citoyens d’exercer les droits susmentionnés. En 2021, Internet est un facteur clé de l’exercice et la jouissance de nombreux droits humains, en particulier le droit à la liberté d’expression et d’accès à l’information.
AfricTivistes ne saurait rester insensible à cet état de fait dans la mesure où le blocage d’internet entrave la liberté d’expression et le droit d’accès à l’information.