Se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon. Vivre dans un environnement sain. Avoir une hygiène corporelle exemplaire. Eau potable, hygiène et assainissement, des réalités d’une triade vitale qui s’est imposée à tous les pays, depuis que le Covid-19, né en Chine, a embrassé le monde entier qu’il a mis au pas. Ces recommandations ou «gestes barrières» de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui constituent le bréviaire sanitaire de la lutte contre la maladie à coronavirus, sont pourtant loin d’être une nouveauté. Ce sont des concepts qui ont traversé tous les âges mais ne sont plus que des rêveries pour le citoyen lambda, et des slogans creux pour les dirigeants. Au mieux, le tableau des réalisations des gouvernants égrène des constructions de milliers de forages et de latrines. Pourtant, trop de personnes continuent de vivre au quotidien dans la précarité. L’eau potable, l’hygiène et l’assainissement au profit de tous, cela a souvent été un casse-tête pour les dirigeants. Aujourd’hui, Covid-19 oblige et l’OMS en ayant fait des mesures de choix contre la propagation rapide du virus, ces trois unités d’un même ensemble du bien-être sont revenues au centre de notre vie. Comme le dit le proverbe, «à quelque chose, malheur est bon».
Comment se laver proprement les mains ou assurer une hygiène corporelle sans eau potable?
Cependant, le geste barrière phare qui est le lavage des mains est un défi permanent dans plusieurs zones. Et pour cause! L’eau potable a toujours été une denrée rare au Burkina Faso, à cause des coupures récurrentes qui rendent les robinets muets, durant des jours et des nuits et des forages presque toujours en panne ou d’une vétusté à faire pâlir de jalousie un antiquaire. Or, comment se laver proprement les mains ou assurer une hygiène corporelle sans eau potable? En matière d’assainissement, l’absence ou le mauvais entretien des caniveaux dans les cités, mais surtout la défécation à l’air libre, qui est le sport le mieux pratiqué dans les quartiers périphériques des villes et en zone rurale, sont une plaie hideuse pour nombre de pays africains. Il a fallu que le Covid-19 vienne rappeler aux uns et aux autres le péril que le monde entier courait en occultant des pratiques d’hygiène élémentaire. De mémoire, jamais on n’a connu de campagnes de sensibilisation aussi massive sur le lavage des mains au cours des 30 dernières années. Jamais les lave-mains n’ont eu autant de succès dans nos villes. Il y en a pour toutes les bourses. On en dispose partout, où on passe dans la ville de Ouagadougou, que ce soit dans les commerces, les banques, l’administration, les lieux de culte, les domiciles, etc. Le message passe si bien que certains, après s’être lavé les mains au savon, les nettoient en plus avec du gel hydroalcoolique!
Personne n’a attendu un financement venu d’ailleurs
En tout cas, en attendant tout remède curatif et le vaccin qui feront l’unanimité contre le virus, ce sont l’eau potable, l’hygiène et l’assainissement qui sont en mesure de freiner la propagation du Covid-19. Et comme personne ne veut mourir du virus à couronne, chaque Burkinabè s’est doté des armes de l’heure. Contrairement à la pratique congénitale des noirs de toujours tendre la sébile, et pour manger et même pour se construire des latrines, personne n’a attendu un financement venu d’ailleurs pour adopter le changement requis. Personne n’a attendu les fameux dons des bailleurs de fonds internationaux. La puissance inédite de cette communication collective pour la promotion des comportements hygiéniques de prévention des maladies est une grande révélation: quand on est mobilisé, quand on est convaincu, ensemble on peut faire des miracles!
Au-delà du Covid-19
Questions: Si par la grâce du ciel le Covid-19 disparaît, allons-nous retourner à nos vilaines habitudes? Allons-nous continuer à nous partager nos rhumes et nos toux comme avant? Allons-nous nous remettre à attraper des maladies en serrant les mains douteuses de ceux qui ne se les lavent les jamais, même en sortant des WC pour ne parler que de ces cas choquants? Allons-nous aussitôt abandonner le lavage des mains obligatoire à l’entrée de nos commerces, banques, administration, lieux de culte, domiciles, écoles, hôpitaux, etc.? Non! Franchement, nous ne devons pas faire cette erreur. Il est évident que ces pratiques d’hygiène nous évitent beaucoup d’autres maladies dangereuses au-delà du COVID-19. Gardons donc le cap pour vivre bien et longtemps. Et c’est plus que jamais, l’occasion pour les populations, en conservant elles-mêmes les gestes barrières comme des gestes de vie, de dire avec force aux dirigeants et potentiels gouvernants, surtout en cette période où le Burkina attend avec intérêt les échéances électorales, présidentielle et législatives couplées, que plus rien ne sera comme avant le Covid-19. Nos leaders ont la responsabilité historique de pérenniser les effets positifs du Covid-19, car oui, le Covid-19 nous a rendu plus propre.
Comment faire?
Et comme nous, ceux qui nous gouvernent se penchent certainement sur les préoccupations fondamentales suivantes:
Comment faire pour maintenir l’intérêt collectif et l’attention des leaders publics, politiques, religieux, économiques, sociaux, intellectuels, etc., pour l’hygiène, l’eau potable et l’assainissement après le COVID-19?
Comment faire pour que les dispositifs de la surveillance du lavage des mains deviennent la norme de tous jours ordinaires et pas seulement l’exception liée à la crise du COVID-19?
Comment faire pour qu’à la reprise des cours, tous nos enfants se lavent les mains systématiquement dans toutes les écoles avant d’entrer en classe?
Comment faire pour que les pharmacies, les banques, les supermarchés, les hôpitaux, etc., maintiennent les règles permanentes et dispositifs de lavage des mains comme norme après la riposte au COVID-19?
Tous les candidats aux prochaines élections politiques doivent répondre à ces questions pour convaincre les électeurs sur leurs capacités à gouverner.
Notre nouveau challenge à tous, c’est de faire survivre les gestes barrières au trépas du Covid-19!
Par Wakat Séra