Le Covid-19 continue de faire des ravages, notamment en Europe et aux Etats-Unis. En Afrique, si l’hécatombe prédite par des experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a pas eu lieu, cette annonce a tout de même eu le mérite de pousser la plupart des pays africains à mettre un accent sur la sensibilisation aux respects des gestes barrière. Mieux, des mesures draconiennes, comme les fermetures des marchés, des écoles, des lieux de culte, des maquis et discothèques, etc., ont été prises. Pour boucler la boucle, les frontières internationales, de l’aérien au terrestre, en passant par le maritime, ont été fermées. Si toutes ces restrictions ont été levées, malheureusement dans la précipitation mais pour le plus grand bonheur des pays africains à économie informelle, la réouverture des frontières aériennes, elle, est loin de ne faire que des heureux.
Longtemps confinés dans leur pays et parfois dans leur ville, dans le but d’arrêter la propagation du virus qui, lui, ne connaît pas de frontière, les voyageurs sont totalement déboussolés, depuis la relance de l’aérien. Eux qui ne pouvaient profiter que des vols de rapatriement organisés par certains Etats au profit de leurs ressortissants bloqués à l’extérieur, parfois loin de leurs familles et de leur travail, avaient tous poussé un ouf de soulagement. Tout comme les compagnies aériennes, du reste, ont cru être sorties de l’auberge, elles dont la majorité des appareils sont encore cloués au sol, et les personnels, navigants ou au sol, abonnés aux nuits blanches, confrontés à des sorts allant du chômage technique au licenciement.
Mais les frontières aériennes rouvertes, des gestes barrières, non pas ceux qui contribuent à stopper la dissémination à tout vent du virus à couronne, ont affleuré, au grand dam des voyageurs et des sociétés aériennes. En effet, nombre de personnes au Burkina, se plaignent de déconvenues, allant des cas de centres de dépistage inopérants, aux faux rendez-vous qu’ils subissent lors du retrait des résultats, toutes choses qui les empêchent d’emprunter leurs vols, et les contraignent au paiement de pénalités et à d’autres préjudices dans leurs activités. Mais la surprise la plus désagréable, c’est quand un voyageur, comme ce fut le cas de cette jeune étudiante béninoise, quitte par exemple le Burkina, munie du document qui prouve sa séronégativité au Covid-19, et qu’à l’aéroport international Cardinal Bernardin Gantin de Cotonou, le même test de coronavirus lui est encore imposé contre la faramineuse somme de 100 000 francs CFA dont elle devra s’acquitter pour pouvoir récupérer son passeport.
L’argument avancé par les autorités béninoises pour la reprise du test, laisse tout de même dubitatif et même pantois: elles n’auraient pas confiance aux tests réalisés dans les autres pays! Si c’est réellement la raison qui amène les Béninois à imposer un autre test aux voyageurs et à ce coût, alors que le prix du billet d’avion a déjà connu une hausse, il urge de réfléchir sur les relations entre pays. Il faut surtout songer à mettre en place, peut-être un sceau d’authentification valable à l’international, tout au moins dans l’espace de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) ou à l’échelle de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO).
Il y va de la confiance retrouvée entre les Etats et surtout de la survie des compagnies aériennes qui ont besoin d’argent pour redécoller, après une si longue agonie imposée par le Covid-19. L’obstacle est surmontable si tant est que les dirigeants de tous les pays veulent bien évoluer sur la même longueur d’onde et faciliter la vie aux Africains qui veulent relancer leurs affaires trop longtemps mises à mal par la pandémie.
En tout cas, il importe de trouver la juste harmonie entre les protocoles sanitaires, dont certains connaissent des changements presque chaque jour. Les mesures doivent constituer une barrière contre le Covid-19 et non pour les voyageurs et l’économie qui a fortement besoin de ces échanges entre pays pour se remettre à flot.
Par Wakat Séra