Le Covid-19 continue de réaliser ses exploits dévastateurs dans le monde. Au grand dam des faux «experts» ou des vrais charlatans qui, prenant pour prétexte inattaquable la forte chaleur, ont fait de l’Afrique, une citadelle imprenable par le virus. Le Covid-19 a pourtant installé ses pénates dans plus de 30 pays africains déjà. Il fallait s’y attendre car, l’Arabie Saoudite, le sud de l’Italie et même certaines régions des Etats-Unis connaissent des températures autant, sinon plus caniculaires que celles de pays africains. De plus, l’OMS avait bel et bien prévenu que nous étions en présence d’un virus qui mute et s’adapte donc, tant au froid qu’à la chaleur.
Comme ces prévisions de spécialistes du dimanche qui ont fait de la chaleur une barrière insurmontable au Covid-19, renforçant ainsi l’optimisme béat des Africains qui se sont vautrés dans une insouciance suicidaire alors que le reste du monde, notamment la Chine, la France et l’Italie toussaient à en mourir, d’autres fausses idées et autant de remèdes aussi fantaisistes que farfelus, inondaient les réseaux Facebook et Whatsapp. Ils faisaient de l’homme noir, un être invincible par la maladie à coronavirus, comme si celui-ci n’avait pas le même génotype que ses semblables d’autres couleurs. Et une fois de plus, comme elle s’est laissée surprendre et décimée par l’esclavage, et d’autres fléaux, l’Afrique commence à sortir de son rêve de continent béni et naturellement protégé contre le virus à couronne.
Mais le réveil est douloureux, car ayant commis les mêmes erreurs que les pays fortement touchés par la maladie à coronavirus, les Africains ont laissé leurs frontières ouvertes à tous vents. Pourtant, les mesures drastiques de confinement dans une discipline totale constituent, jusqu’à maintenant la seule véritable arme. Même si, «restez chez vous» est un slogan qui va foncièrement contre le pilier fondamentale de la société africaine qui est le communautarisme. Tout se partage dans la communauté, et malheureusement souvent dans la promiscuité. Ce qui fait le lit à la contagion et dans le cas présent à la propagation du virus. Pire, les centres de santé manquant du tout au tout, offrant peu ou prou d’espoir de guérison, le Covid-19 a encore bien de chance devant lui.
Et, au lieu de se soumettre au respect des simples gestes barrières, les Africains se complaisent dans des remèdes tels que «boire de l’eau salée à 5h du matin», croquer des gousses d’ail, etc. Il faut toutefois reconnaître que de plus en plus, ces comportements font place à la peur, surtout avec les images de chaos et de mort qui parviennent de l’Europe et plus particulièrement de l’Italie qui a déjà franchi la barre des 4000 morts, raflant ainsi le maillot jaune à la Chine qui, après avoir pris des mesures radicales de confinement, ne connaît plus aucun cas local confirmé.
Il importe pour l’Afrique, de prendre la véritable mesure du mal, sans pour autant céder à la peur-panique. Au risque de devenir le Damas de l’anecdote suivante: La Peste était en route vers Damas et croisa la caravane d’un chef dans le désert.
-Où allez-vous si vite, s’enquit le chef.
-À Damas, j’ai l’intention d’y prendre mille vies.
Au retour de Damas, la Peste croisa de nouveau la caravane. Le chef dit: «C’est cinquante mille vies que vous avez prises, non mille».
Et à la Peste de répliquer: «Non. J’en ai pris mille. C’est la Peur qui a pris le reste.»
L’Afrique ne doit donc pas tomber dans le piège mortel de la Peur. Elle doit vivre pour continuer son combat pour le développement.
Par Wakat Séra
