A travers cette lettre adressée au président du Faso, l’association des Investisseurs Sans Frontière (ISAF) met ses suggestions dans le panier commun des solutions qui peuvent contribuer à juguler la crise économique et financière qui se profile à l’horizon au Burkina, du fait de la pandémie du Covid-19.
«En tant qu’hommes d’affaires, lorsqu’on jette un regard introspectif et prospectif sur la pandémie du Coronavirus, on s’aperçoit très rapidement qu’elle n’est pas une crise unique mais un concentré de plusieurs crises qui paralysera le monde sanitaire et concomitamment la communauté économique et subséquemment le milieu social.
Nous le savons, le COVID-19, est avant tout une grave crise sanitaire pour laquelle la planète toute entière se mobilise pour y faire face avec une farouche détermination. Les mesures prises pour l’éradiquer sont des plus inédites, des plus inattendues, des plus bouleversantes. À tel point qu’une récession économique de grande amplitude semble devenue inévitable. La crise sera brutale et la reprise très lente partout ailleurs et singulièrement au Burkina, dans une économie dont les fondamentaux sont déjà mis à rude épreuve par le terrorisme.
Pour faire promptement face à cette crise économique et éviter qu’elle ne devienne une crise sociale de grande ampleur, il faut assurer une transition économique forte et les mesures doivent être prises maintenant. Si rien n’est fait pour contrer le choc économique qui se profile à l’horizon, des pans entiers de notre économie risquent fort de s’effondrer, avec des conséquences désastreuses.
La réponse sanitaire à cette multi-crise doit être accompagnée d’une vigoureuse riposte économique. C’est ainsi qu’ISAF
(Investisseurs Sans Frontière), à travers ce mémorandum propose des pistes de solutions et des mesures immédiates. Il s’agit notamment de:
- La reconnaissance par l’État du Coronavirus comme un cas de force majeure dans l’exécution des marchés publics concernant l’Etat et les collectivités locales qui rendra inopérantes toutes les clauses de pénalités de retard.
- La mise en place d’un fond de solidarité, supervisé par l’administration qui sera abondé par les contributions des bonnes volontés (communauté des hommes d’affaires, de la diaspora, etc.), afin de soutenir la cellule de la coordination de lutte contre la pandémie. Lesdites pourront être traitées comme des charges fiscales déductibles, s’il le faut pour inciter les donateurs.
- La diligence dans l’exécution des procédures de dédouanement, subvention, voir l’exonération de droits et taxes douanières sur certains produits (gants, gel, masques, médicaments et tests du covid-19, etc.), pour inciter les opérateurs économiques à se lancer dans des commandes expresses afin d’équiper le pays et éviter des ruptures de stock préjudiciables.
- Au niveau fiscal et des obligations sociales
- La prolongation des délais de paiement d’échéances sociales et/ou fiscales (CNSS, Impôts) voire leurs exemptions;
- L’application, dans les situations les plus difficiles, de remises d’impôts directs pouvant être décidées dans le cadre d’un examen, au cas par cas, des demandes formulées;
- Engager, sous l’égide du Ministère de l’Économie et des Finances, des négociations avec le système bancaire pour des reports des échéances ou le rééchelonnement des crédits bancaires des entreprises, notamment les PMEs-PMIs.
- La mise en place d’un Fond d’investissement d’urgence ou de Garantie du Secteur Privé, pour garantir des lignes de trésorerie bancaires dont les entreprises pourraient avoir besoin à cause de l’épidémie ou maintenir en vie des entreprises privées stratégiques (transport, hôtellerie, etc.);
- L’allègement provisoire du dispositif du chômage technique afin de préserver les emplois tout en soulageant les entreprises en difficulté;
- Opérationnaliser ou habiliter un centre d’arbitrage, avec le concours du Barreau, pour le traitement des conflits avec des clients ou fournisseurs étrangers ou locaux;
- Subventionner les sociétés d’internet ou leur accorder des avantages fiscaux pour la fourniture d’internet haut débit afin de faciliter le télétravail dû au confinement.
- Mettre en place une cellule de veille et de riposte économique animée par la communauté des hommes d’affaires, l’Etat et ses partenaires clés.
- Renforcer et/ou favoriser l’essor d’une industrie pharmaceutique et médicale
- A court terme, faciliter l’installation dans les meilleurs délais d’opérateurs économiques dans le domaine de l’industrie pharmaceutique et biomédicale, avec une exonération totale fiscale et douanière, ou contribuer à renforcer celles qui existent.
- A moyen terme, la création d’une zone franche pour le développement de secteurs clés tels que l’industrie pharmaceutique et biomédicale et les NTICs.
Ensemble, boutons le COVID-19 hors de nos frontières.»
Arouna NIKIEMA, Président ISAF