Nombre d’observateurs prévoyaient les ravages du Covid-19 en Afrique. Ces prophéties ne s’étant pas accomplies totalement, les Africains ont cru disposer, à leur avantage, des jours moins lugubres que les autres. Ils pensaient qu’il en serait ainsi, jusqu’à la disparition totale du virus. C’était sans compter avec la capacité de celui-ci à revenir par vagues successives et à muter. Et, même, pourquoi pas, à resurgir un jour ici et là, comme c’est le cas d’Ebola.
Effectivement, pendant qu’on déplorait, dans les pays du Nord, des dizaines de milliers de personnes infectées et de milliers d’autres mortes, en Afrique subsaharienne, en revanche, le Covid-19 était comme inhibé. Et l’occasion faisant le larron, les charlatans, pour leur gloriole, qualifiait le virus d’une vue de l’esprit. Le président tanzanien, John Magufuli, y est même allé de son grain de sel, invitant son peuple à éviter tout produit pharmaceutique et à le remplacer par une prière fervente. Le sophisme marquait des points!
Pendant ce temps, le virus, lui, continuait son œuvre destructive. En Occident, la crise sanitaire devenait pour le moins incontrôlable. Au point que quelques sociologues et philosophes, à cause des statistiques effrayantes de personnes atteintes ou mortes de la maladie, commençaient à voir le spectre de la peste noire asiatique, en 1330. Ou celle, plus proche de nous, dite la peste espagnole, en 1918. Des crises ayant emporté des millions de personnes. La peur gagnait en intensité.
Les carottes étaient cuites
Aujourd’hui, la preuve de ce sentiment est là. A titre d’exemple, la France a enregistré, jusqu’au 18 janvier 2021, 70 686 décès, tandis que la Grande-Bretagne en comptait 85 000. Et la perte de revenus subie par des firmes françaises, est évaluée à 50 milliards d’euros, au premier trimestre 2020, contre 43 milliards, pour les entreprises allemandes, note l’Observatoire française des conjectures économiques.
Frémissements, en Afrique? Sans doute. La brutalité de la réalité était telle que toute superstition se rétrécissait comme peau de chagrin. Le nombre des morts ici et là commençait à inquiéter, malgré le fait que beaucoup ne croyaient pas à la fiabilité des statistiques, pourtant données par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon l’institution, en août 2020, soit cinq mois après la manifestation de la pandémie, l’Afrique comptait 21 000 décès pour un million des cas confirmés.
Les carottes étaient donc cuites pour le continent noir, en dépit des mesures prises par les gouvernements dans le cadre de la réponse sanitaire. En cette moitié du mois de janvier 2021, l’OMS recense 3 047 615 cas confirmés pour 23 000 décès. L’impact économique, selon le cabinet britannique Brand Finance, s’élève à 50 milliards. Ce n’est pas reluisant.
Quelle sera la situation de ce continent, à l’économie précaire, devant la violence de la deuxième vague du Coronavirus déjà présente? Qui plus est, il semble que les «conditions naturelles» protégeaient l’Afrique jusque-là sont en train de lâcher pied. Et, une faiblesse en plus pourrait lui être fatale. A moins que les vaccins en cours d’utilisation soit une bonne solution pour elle.
Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France