L’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo et son ministre Charles Blé Goudé ont obtenu, ce jeudi 28 mai 2020, une victoire dans le bras de fer qui les oppose au procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda. Selon le communiqué publié par le tribunal installé à La Haye et dont Wakat Séra a reçu copie, «la Chambre d’appel a toutefois décidé de réexaminer la nécessité de maintenir les conditions imposées à la mise en liberté des deux personnes acquittées». Toutes les mesures restrictives qui empêchaient «le Woudy de Mama» et le «général de la rue» de jouir de leur liberté de mouvement, ont été levées. L’ex occupant du Palais du Plateau et son poulain ne seront plus empêchés de se déplacer en dehors des limites de la municipalité dans laquelle ils résident. Ils n’auront plus à remettre au Greffe toutes les pièces d’identité dont ils disposent, en particulier leurs passeports. Ils ne devront plus se présenter chaque semaine auprès des autorités de l’État d’accueil ou auprès du Greffe. Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ne devront plus se conformer à toute autre condition imposée par l’État dans lequel ils seront libérés. Cette décision a été accueillie par des cris de joie à Yopougon, commune située à l’ouest d’Abidjan, capitale ivoirienne, considérée comme le bastion imprenable des «Gbagbo ou rien», les «Gor». Ces inconditionnels supporters de l’ancien opposant à Félix Houphouet Boigny rêvent de voir leur champion croiser le fer avec le dauphin désigné du président Alassane Ouattara , le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly hospitalisé à Paris depuis le 1er mai 2020. Le retour du «Lion de la rue Lépic» sur les bords de la lagune Ebrié est, du reste, annoncé pour ce vendredi 29 mai 2020. Mais ses partisans qui voulaient organiser un retour triomphal à leur champion, ont été priés d’éviter «tout boucan».
Si Gbagbo obtient une certaine marge de manœuvre, il reste toutefois dans les liens de la CPI qui garde un œil sur ses mouvements. Malgré l’assouplissement des mesures de modification de leurs conditions de mise en liberté, le président et le ministre devront soumettre tout déplacement à l’accord du greffe. Tout pays d’accueil doit donner son accord de remettre les deux acquittés à la CPI en cas de convocation du procès qui en en cours.
Par Mahamadou Doumbia, correspondant de Wakat Séra en Côte d’Ivoire