Accueil Editorial Crash de Ethiopian Airlines: dimanche noir pour le ciel africain

Crash de Ethiopian Airlines: dimanche noir pour le ciel africain

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Un autre drame dans l'aérien qui fait plus de 100 morts (Ph. Reuters)

Six minutes après son décollage d’Addis-Abeba, le vol ET 302 qui reliait la capitale éthiopienne à Nairobi a crashé. La comptabilité macabre est très lourde: les 157 occupants de l’appareil, soit 149 passagers et huit membres de l’équipage ont tous péri. Le Kenya avec 32 ressortissants a payé le plus lourd tribut à cet énième accident d’avion qui endeuille le monde entier, les passagers étant originaires de plusieurs pays, dont le Canada, la France, des Etats-Unis, de la Chine, de l’Ethiopie, de l’Italie, de la Grande-Bretagne, de la Slovaquie, le Pays-Bas, l’Egypte, l’Inde, de l’Ouganda, du Mozambique, du Togo, du Soudan, du Maroc. L’Organisation des Nations Unies, qui a perdu dans ce crash une douzaine de personnes qui lui étaient affiliées est également touchée par ce drame qui n’épargne aucun des cinq continents. Ce dimanche triste, surtout pour les familles endeuillées, n’est certes par le premier, et sans doute pas le dernier, dans le monde de l’aéronautique, mais ce crash met sérieusement à mal, le projet éthiopien de conquête de l’espace grâce à sa flotte aérienne. Toutes les destinations des quatre coins du monde, ou presque, sont desservies par la compagnie à partir de son hub d’Addis-Abeba.

Véritable fleuron de l’économie éthiopienne, Ethiopian Airlines, la compagnie aérienne très prisée sur le continent noir et pas que, offre des opportunités de voyage et des coûts plus ou moins favorables à la bourse des Africains. Mieux, et ce malgré les barrières linguistiques pour eux, tant à bord de l’avion qu’à l’aéroport d’Addis, les opérateurs économiques demeurent, pour nombre d’entre eux, des clients réguliers de la société dont le seul actionnaire est l’Etat éthiopien. Souvent, l’intérieur des avions d’Ethiopian ou les halls et couloirs de l’aéroport de la capitale prennent par exemple, des airs de quartiers de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Les commerçants surtout en partance ou de retour de la Chine se hèlent en Mooré, la langue nationale la plus parlée au Burkina Faso et se passent les nouvelles du pays avec beaucoup de chaleur. Le scénario est identique pour les opérateurs économiques d’autres pays africains comme le Togo, le Niger, le Bénin, etc. A ces habitués de Ethiopian Airlines, il faut ajouter les fonctionnaires internationaux et ceux en mission hors du continent ou dans d’autres pays africains très peu desservis sur le plan aérien. Plus que la propriété de l’Etat éthiopien, Ethiopian Airlines est devenu un véritable outil de désenclavement de l’Afrique, continent où il est plus difficile et plus coûteux de rallier deux capitales voisines que de se rendre à Paris ou à Washington.

S’il faut déplorer ce drame dont l’Afrique vient d’être le théâtre, il faut reconnaître que partout ailleurs dans le monde, les crashs célèbres, soit les plus meurtriers, ont contribué à renforcer cette phobie de l’avion. Le 27 mars 1977, en Espagne, une collision entre deux Boeings 747 provoquait la mort de 583 passagers. Le 12 août 1985, au Japon, le crash d’un autre Boeing 747 entraînait la mort de 520 personnes, etc. Des accidents d’avion s’ajoutent à d’autres pour porter le bilan macabre à plus de 160 crashs dont les victimes sont égales ou supérieures à 100 morts. Malgré tout, même si certains le qualifient de «cercueil volant», l’avion est considéré comme le moyen de transport le plus sûr.

Par Wakat Séra