Le torchon brûle entre le président de la Fédération burkinabè de football (FBF), Lazare Banssé et certains membres du Comité exécutif (CE). Au nombre de 10, ces derniers ont écrit à la Secrétaire générale de la FIFA, Fatma Samoura, dénonçant «les dérives de fonctionnement» au sein du Comité Exécutif de la FBF, et en vue de solliciter «des mesures urgentes» pour la bonne marche de la faitière du football Burkinabè.
«Nous venons très respectueusement vous saisir à l’effet de vous communiquer des informations sur les dérives de fonctionnement récurrentes au sein du Comité Exécutif de la Fédération Burkinabé de Football (FBF) et solliciter, par la même occasion, des mesures urgentes pour la bonne marche de la faitière du football Burkinabè.
En effet, le 06 janvier 2021, le Président de la Fédération Burkinabé de Football (FBF) procédait au limogeage de Monsieur KAFANDO ldrissa quatrième vice président, chargé des Finances de façon illégale, irrégulière et sans aucune concertation préalable des autres membres du Comité Exécutif (Pièce n°1 : la décision).
Également le 15 octobre 2021, nous découvrions par communiqué sur les réseaux sociaux, la révocation pure et simple de quatre autres (04) membres du Comité Exécutif de la Fédération Burkinabé de Football (FBF) au mépris des textes et procédures internes qui régissent le fonctionnement administratif de l’organe (Pièce n°2 : Communiqué).
Pour donc faire prévaloir les principes de gouvernance figurant dans les statuts en conformité avec les directives de la CAF et de la FIFA, ceux-ci ont saisi la Commission d’Appel des litiges, qui est l’organe juridictionnel de la Fédération Burkinabè de Football (FBF) le 19 octobre 2021 (Pièce n°3 : Recours).
Ce recours qui devait parvenir à la Commission d’Appel des Litiges dans un délai raisonnable dans l’esprit des textes fondamentaux et pour lui permettre de dire le droit, ne l’a été que plus d’un (1) mois après son dépôt au Secrétariat Général de la fédération. Sur instruction du Président de la Fédération, le Secrétaire Général a empêché la Commission de se réunir à maintes reprises en invoquant des motifs fallacieux tels que les matchs de l’équipe nationale, des voyages du Président, indisponibilité de salle au Centre Technique National (CTN) ou encore la procédure d’une hypothétique médiation qui mènerait des démarches pour un règlement amiable de la situation.
Malgré tout, l’audience s’est finalement tenue le 15 décembre 2021 dans une des salles et ce, sans la moindre commodité (pièce n°4 : Constat d‘huissier). Vidant sa saisine le 17 décembre 2021, après avoir mis le dossier en délibéré, la Commission d’Appel des Litiges a déclaré la décision du 15 octobre 2021 nulle et de nul effet pour défaut de pouvoir du Président de la fédération, défaut de motivation, défaut de protection des droits de la défense et ordonner la réintégration des membres fédéraux révoqués (Pièce 5 : Décision motivée). Cette décision, malgré l’existence de l’obligation de la notifier dans un délai de huit (08) jours ne l’a jamais été et les membres limogés du Comité Exécutif n’avaient pas été réintégré dans les délais impartis.
Le lundi 14 février 2022, une réunion du Comité Exécutif est convoquée pour le 21 février2022 avec les membres dont la décision de nomination a été annulée et, aussi incongru que cela puisse paraître, sans les quatre (04) membres réintégrés par l’organe juridictionnel (pièce 6 : mail de convocation). Dans cette optique et face à la mauvaise foi manifeste du Président de la fédération, les quatre (4) membres ont saisi le juge de l’urgence du tribunal de grande instance de Ouaga Il qui, à travers l’ordonnance N°017-R2 du 21/02/2022 les a rétablis dans leur droit et ce, sous astreintes de cinq millions (5.000.000) francs CFA par heure de retard (pièce n°7 : décision motivée).
Contraint par la justice, le Président de la Fédération Burkinabè de Football a convoqué en urgence les quatre membres, mais hors des délais légaux recommandés par les statuts. A ladite réunion, dix (10) des vingt et un (21) membres ont dû quitter la salle pour cause d’irrégularité de la convocation, d’illégalité de la présence de tierces personnes et surtout pour des désaccords liés au bilan financier de la gestion de la Coupe d’Afrique des Nations, CAMEROUN 2021.
Face à ce sursaut de certains membres du Comité Exécutif ayant compris les méfaits d’une gouvernance tyrannique et peu vertueuse de la faitière de notre football basée sur une gestion personnalisée et méprisante des textes ainsi que des procédures, le Président Lazare BANSSE, au cours d’une interview et au détour d’une rencontre avec un Président du Conseil d’Administration d’un Club, annonce la convocation d’une Assemblée Générale Extraordinaire illégale dans les prochaines semaines pour révoquer les dix (10) membres dissidents et recomposer selon lui, un Comité Exécutif de consensus.
C’est eu égard à cette atmosphère délétère instaurée à dessein et qui est fort préjudiciable à la cohésion des acteurs et au bon rayonnement de notre football, que le Ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Emplois, dans une démarche pacifique, reçu tous membres du Comité Exécutif le vendredi 18 mars 2022 afin d’aplanir les positions et restaurer un dialogue sincère dans l’intérêt supérieur du sport roi.
Mais à la sortie de cette rencontre apaisante, le Président Lazare BANSSE. dans une adresse faite à la presse confirme son intention de convoquer dans les prochaines semaines une Assemblée Générale Extraordinaire pour, dit-il, recomposer le bureau du Comité Exécutif de la Fédération et engager la relecture des textes fondamentaux de l’association. Mieux, il rencontre les treize (13) ligues régionales et l’ensemble des districts de football pour les en informer au cours d’une rencontre tenue le samedi 19 mars 2022 avec pour argument principal la nécessité pour lui de mettre en place un nouveau bureau d’un Comité Exécutif d’ouverture.
Par ailleurs, sur le plan de la gestion financière et comptable de la Fédération Burkinabè de Football, l’absence totale de transparence et d’une intégrité créent aujourd’hui de multiples soupçons et suspicions de nature à compromettre le bon fonctionnement de nos organes.
En effet, les informations financières réelles de la gestion et de l’utilisation des ressources de la fédération n’ont jamais été disponibles ou accessibles ni pour aucun organe quelconque, encore moins pour les membres du Comité Exécutif. Par conséquent, aucune vérification ou certification de la sincérité, de la fiabilité et de la régularité des comptes n’a jamais été faite par la Commission d’Audit Interne conformément aux règles et procédures comptables prescrites en la matière.
Pour preuve, les différentes correspondances initiées par le chargé d’Audit Interne pour demander des documents comptables et financières permettant de procéder à une vérification et un contrôle de la gestion ont reçu un refus catégorique du Président Lazare BANSSE en contradiction totale avec les textes qui réglementent le fonctionnement de notre faitière (pièce 8 : lettres et relances).
Aussi, Madame la Secrétaire Générale, les Membres de la Commission Centrale des Arbitres ont-ils été nommés, au mépris de tous les textes nationaux et internationaux y relatifs, sans l’avis du président de ladite commission et pour seul but de dépouiller ce dernier de toutes ses prérogatives au profit de personnes à la solde du Président Lazare BANSSE.
Madame la Secrétaire Générale, au regard de ces pratiques méprisantes et contraires aux principes fondamentaux de fonctionnement de la Fédération Internationale de Football Association(FIFA), de la Confédération Africaine de Football (CAF) et de toute autre institution affiliée, nous avons entrepris de vous tenir informé afin que des mesures appropriées soient prise pour garantir au Football Burkinabè son principe sacro-saint qu’est la gouvernance démocratique, vertueuse, basée sur le respect de la personne humaine, des textes et procédures qui gouvernent la gestion de ce sport que nous aimons tant.
C’est pourquoi, Madame la Secrétaire Générale, nous sollicitons, qu’il vous plaise, de bien vouloir nous donner acte de notre correspondance et au cas échéant, prendre des mesures utiles et urgentes pour restaurer un fonctionnement optimal et approprié de la Fédération Burkinabè de Football (FBF).
Dans cette attente, veuillez recevoir, Madame la Secrétaire Générale, nos salutations les meilleures.»
Ampliation:
– la Confédération Africaine de Football (CAF)
– l’Union des Fédérations Ouest-Africaines de Football (UFOA-B)
– Le Comité National des Sports Olympiques Burkinabè (CNOSB)