Plusieurs centaines d’agents de la santé, notamment des médecins, ont battu le macadam ce lundi 24 juin 2019, dans le Centre-ville de Ouagadougou, pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail. Face à la crise sanitaire que traverse le Burkina Faso depuis plus d’un mois, crise caractérisée par des boycotts de gardes et de permanences, Dr Alfred Ouédraogo, secrétaire général du Syndicat des médecins du Burkina (SYMEB), par ailleurs porte-parole des manifestants, a déclaré que le système sanitaire du Burkina Faso «est en train d’aller vers un déclin».
La circulation sur l’axe menant de la Bourse du Travail au rond-point des Cinéastes, en passant par l’avenue de l’Indépendance jusqu’au ministère de la Santé, situé en Centre-ville de la capitale burkinabè, soit un circuit de plus de deux kilomètres, a été perturbée entre 9H30 et 11H30, par les Hommes en blouse blanche qui ont déserté leurs lieux de travail que sont les hôpitaux et autres centres de santé du Burkina.
Cette marche de protestation visait à dénoncer la lenteur dans le traitement de leur plateforme remise aux autorités gouvernementales il y a plusieurs semaines. « Nous sommes venus ensemble avec nos camarades sages-femmes, infirmiers et médecins, pour donner un message d’avertissement au ministère de la Santé. Depuis le 30 avril dernier, nous avons déposé notre préavis et jusqu’à ce jour, nous n’avons reçu aucune réponse formelle de nos préoccupations », a affirmé Dr Alfred Ouédraogo, après que lui et les autres responsables, ont remis au ministre de la Santé, représenté par son secrétaire général, Dr Wilfried Ouédraogo, une note à cet effet. Le représentant du ministre a assuré que les préoccupations des agents de santé sont toujours en cours de traitement.
Pour ces agents de santé qui se disent soucieux du système sanitaire du pays, l’attitude adoptée par le gouvernement vis-à-vis de leurs doléances, n’est d’autre que du mépris. « Nous disons que c’est un mépris, un mépris grave doublé d’une sous-estimation de la crise du système de santé. Actuellement, depuis plus de deux semaines, le ministère de la Santé navigue à vue, le ministère ne dispose d’aucune statistique pour prévenir des épidémiologies, pour prévenir un certain nombre d’aspects. Depuis plusieurs mois, il y a des pannes dans des laboratoires, les réactifs sont en passe de finir, nous sommes en train d’aller dans un déclin du système de santé et nous interpellons les autorités sanitaires à ne pas sous-estimer la crise sanitaire pour le bien-être de la population », a martelé M. Ouédraogo.
C’est pour quoi, lui et ses camarades, dont la marche a laissé peu de riverains indifférents, ont interpellé les premières autorités du pays « à régler rapidement la précarité des agents de travail pour qu’(ils) puissent se remettre très vite au travail ». Ils ont aussi demandé que le gouvernement équipe les hôpitaux avec du matériel de qualité afin qu’ils puissent offrir des soins de qualité aux populations.
« Nous estimons que cette crise a assez duré et ce sont les populations qui en paient les frais. Il est temps d’avoir un regard beaucoup plus avisé sur cette crise pour que ce mépris cesse », a invité Dr Alfred Ouédraogo, sous les forts applaudissements des marcheurs, qui, tout au long de leur marche, ont de temps en temps proféré des paroles défavorables à leur ministre, Claudine Lougué et chanté l’hymne nationale pour se galvaniser et mettre en garde les autorités.
Les manifestants des quatre syndicats que sont le SYMEB, le Syndicat des Sages-femmes, Maïeuticiens et Accoucheuses du Burkina (SYSFMAB), Syndicat autonome des Infirmiers et Infirmières du Burkina (SAIB), le Syndicat national des Travailleurs de l’Administration hospitalière et des Services de Santé (SYNTAHSS), estiment que depuis les 6 et 7 novembre 2015, ils ont fait montre d’une patience légendaire dans l’attente de réforme structurante du secteur de la Santé, dont l’une des plus attendues est la mise en œuvre de la loi portant Fonction publique hospitalière, votée le 19 décembre 2017 et le 31 janvier 2018.
En rappel, ces agents avaient observé une grève d’avertissement de trois jours pour exiger la satisfaction de leur plateforme-revendicative principalement la Fonction publique hospitalière visant à améliorer un plan de carrière, les conditions de travail des agents de santé et de la rémunération des agents, à garantir la continuité des services de santé, la qualité des soins et l’obligation pour le personnel sanitaire d’offrir leur temps au service public.
Par Bernard BOUGOUM