Ouagadougou, la capitale burkinabè vit une crise énergétique doublée d’un déficit dans la fourniture d’eau potable. Au constat, la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC) estime que « trop, c’est trop ».
Cette année encore, à l’image des années précédentes, les populations de la ville de Ouagadougou souffrent en cette période de canicule. En effet, elles subissent les dures réalités de la crise de l’eau et de l’énergie qui se caractérisent par des pénuries d’eau et des coupures intempestives et délestages d’électricité.
De la crise de l’eau
Depuis plus d’une décennie, et en dépit des promesses renouvelées par les autorités, les pénuries d’eau sont récurrentes surtout dans les périodes de canicule, mettant les populations dans des situations désagréables. Les coupures d’eau prennent des heures voire des jours entiers et les populations consacrent la majeure partie de leur temps à la recherche de cette denrée, source de vie.
Dans les quartiers périphériques de Ouagadougou, les femmes passent la nuit près des bornes fontaines guettant l’arrivée hypothétique de l’eau. Dans les quartiers comme Yagma, Bissighin, Bassinko, Yamtenga, Tabtenga, Rimkièta, Zagtouli, Wapassi, etc. et les communes rurales comme Saaba, Pabré etc. les coupures d’eau sont particulièrement fréquentes et ressenties avec une douleur atroce. Les déclarations de campagne telles : « Rock la solution », « Zéro corvée d’eau » sont donc vides de sens et montrent l’incapacité du pouvoir MPP.
Après la sortie médiatique des responsables de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) le 23 mars 2018, annonçant avec tapage des mesures d’atténuation à l’immédiat telles l’achèvement du programme de construction de 50 forages équipés de pompe à motricité humaine dans 15 quartiers non lotis, la construction de postes d’injection d’eau dans les zones périphériques de la ville de Ouagadougou qui sont en bout de réseau, le renforcement de la réduction des pertes d’eau dans les zones desservies, la mise en place de sources alternatives d’énergie avec l’acquisition d’un groupe électrogène de secours pour la station de traitement de Paspanga, le problème de l’eau demeure entier plus de deux mois après ces annonces publicitaires.
Les promesses de la finition des travaux restants du projet Ziga II en août 2019 pour augmenter la capacité de stockage et du réseau de distribution ne sont pas une première pour les autorités du pouvoir MPP. On se rappelle en effet qu’en 2016, les autorités de l’ONEA avaient promis la fin des pénuries d’eau en mars 2017 avec le projet ZIGA ! On se rappelle toujours les promesses du chef de l’Etat sur le projet Ziga le 31 mars 2016 dans le Boulkièmdé lors du lancement des trente mille (30000) forages pour en finir avec les corvées d’eau ! En somme, ces promesses-là ne sont que des déclarations pour faire baisser la tension sociale pour continuer à narguer la population.
De la crise de l’énergie
A plusieurs reprises, les autorités ont annoncé la fin de la crise de l’énergie par la prise d’une batterie de mesures qu’elles comptent mettre en œuvre. Aucune de ces mesures n’a pu apporter une quelconque solution, au contraire, la crise de l’énergie s’empire d’année en année. Parmi ces mesures on peut citer : l’interconnexion entre la Côte d’Ivoire et le Burkina, l’interconnexion Bolgatanga-Ouagadougou censées réduire même le coût de l’énergie pour les consommateurs : l’arnaque du groupe électrique de Komsilga à coût de milliards expédié au Burkina à pas de tortue et, tout récemment, la centrale solaire photovoltaïque de Zagtouli. L’inefficacité de ces mesures annoncées avec fanfare est tellement patente que les autorités sont réduites au mensonge plat face à la persistance de la crise énergétique: en effet, rappelons-nous, déjà sous l’ère Compaoré dont le régime actuel est comptable du passif, la défectuosité d’une pièce essentielle au fonctionnement des machines de la Sonabel que devait ramener un certain Narcisse de la France avait servi de justificatif à des coupures et délestages intempestifs à l’époque ; en 2017, n’ayant pas quoi justifier leur incapacité à fournir suffisamment de l’énergie aux populations, la Brasserie du Burkina (BRAKINA) a été accusée d’être la source des délestages dans la ville de Ouagadougou. Cette année les responsables de la SONABEL ont affirmé face à la presse le 09 mars 2018 qu’il y a un déficit de 50MW, exactement le même chiffre que l’année dernière, dévoilant ainsi que rien n’est fait depuis l’an passé pour améliorer la situation.
La crise de l’énergie que nous vivons cette année est particulièrement profonde : pendant les week-ends où la plupart des administrations ne travaillent pas, où des usines sont à feu éteint et les entreprises sont fermées, réduisant ainsi la charge d’énergie, on observe quand-même des coupures et délestages intempestifs. Une telle crise nécessite une solution structurelle qui prend en compte les aspirations des masses populaires, premières victimes de ces coupures et délestages d’électricité aux conséquences désastreuses : blocage du travail pour les soudeurs, les coiffeurs, les tailleurs et dans les administrations ; troubles de la circulation, détérioration des aliments frais dans les alimentations et ménages, les nombreux dégâts causés aux appareils électriques etc. Les pertes qu’enregistrent les populations lors des délestages et coupures sont énormes.
Le pouvoir de Roch poursuit donc la duperie inoculée depuis l’ère Compaoré. Aussi la faillite du régime MPP n’est-elle plus à démontrer. Il s’est constamment montré incapable de résoudre les problèmes des burkinabè tant sur le plan de la lutte contre l’insécurité grandissante que de la vie chère et de l’impunité des crimes économiques et de sang.
Face à cette situation de pénuries d’eau et d’énergie récurrentes qui dégradent davantage les conditions de vie des populations, la Coordination des CCVC de la ville de Ouagadougou :
- dénonce la politique aventuriste et hasardeuse du gouvernement Thiéba et du Président Roch qui tue l’économie nationale et met les populations dans de véritables soucis ;
- exige des autorités politiques et gouvernementales la fin du mensonge d’Etat (fausses promesses ci-dessus référenciées), et l’arrêt des coupures d’eau et d’électricité ; il est temps que ces autorités descendent de leur montagne de confort personnel pour voir la misère des populations et assurer à celles-ci, enfin, le minimum vital auquel elles ont droit ;.
- Appelle les populations de la ville de Ouagadougou à :
- se mobiliser contre cette situation et entreprendre des actions de protestations et de luttes ;
- se tenir prêtes pour toutes actions que la Coordination viendrait à mener ;
- élever leur esprit de lutte en s’organisant dans des cadres comme la CCVC, la Coalition des Associations pour la Défense du Droit au Logement (CADDL), les Comités de Défense et d’approfondissement des Acquis de l’Insurrection Populaire (CDAIP) pour exiger la prise en compte de leurs préoccupations par les autorités.
Pain et Liberté pour le Peuple !