La Journée de l’Enfant Africain a été instituée en souvenir du 16 juin 1976 où des milliers d’étudiants sud-africains ont manifesté à Soweto pour exiger une éducation de qualité. Des centaines d’enfants ont été tués et blessés par le régime de l’apartheid en place à l’époque. Pour commémorer cette journée, Save the Children a organisé à Dori une journée de discussion avec une dizaine d’enfants, y compris des déplacés internes, sur leurs droits. Cette discussion soutenue par le projet FHRAOC (Fond humanitaire régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre) est assortie d’un message que les enfants ont construit autour des préoccupations qu’ils vivent. Sans surprise, ils se sont beaucoup plus appesantis sur l’impact du conflit sur leur vie et ont appelé à des actions concrètes pour répondre à leurs droits et à leurs besoins. Ci-dessous l’intégralité de leur message.
« Notre pays traverse une crise sécuritaire depuis plusieurs années déjà et nous les enfants, nous sommes affectés de plusieurs façons. Nous vivons dans la peur au quotidien et le moindre bruit nous effraie, même l’explosion d’un ballon, car nous entendons fréquemment les bruits des armes et les explosions. En plus de cela, beaucoup de nos camarades qui ont dû se déplacer peinent à trouver une alimentation suffisante. Beaucoup d’enfants sont sans abris à cause de l’insécurité et ils sont exposés à plusieurs dangers de la rue et aux maladies. Maladies que nous rencontrons des difficultés à soigner car les revenus de nos parents ont été réduits par la crise et les déplacements.
Insécurité et mariage d’enfants: ces mineures à l’épreuve de la vie
Ici à Dori, la vie est devenue plus chère. Les prix ont doublé, sinon même triplé. Nos parents peinent à trouver de l’emploi, ce qui entraîne une conséquence directe sur notre quotidien et oblige certains enfants à quitter l’école. Nous manquons également du minimum, comme l’eau ou l’électricité depuis le début de cette crise. Nous n’avons qu’un seul souhait : que cette crise prenne fin le plus rapidement possible. Ce que nous voulons faire entendre, c’est le message suivant : Veilliez à ce que les enfants que nous sommes restent en dehors des conflits.
Nous aimerions donc formuler quelques recommandations dans l’espoir d’être entendus :
- Aux autorités, nous voulons vous partager nos craintes liées au fait que beaucoup d’enfants n’ont plus accès à l’école. Vous pouvez donc continuer à œuvrer pour que les enfants aient accès à l’éducation et se sentent en sécurité ;
- Aux ONGs comme Save the Children, nous voulons adresser ce message : Vous pouvez contribuer à protection en continuant à lutter contre les mariages d’enfants, en les protégeant de toutes les formes de violences et en leur garantissant une alimentation saine et suffisante ;
- A tous ceux qui en ont la capacité, pensez aux parents désœuvrés à cause de l’insécurité et aider les à avoir des opportunités de travail pour prendre soin de leurs enfants ;
- Pour notre part, nous, enfants de la région du Sahel, pouvons également apporter notre contribution. En effet, nous devons être unis et solidaires des autres enfants les plus affectés. Nous devons travailler à leur offrir amitié et écoute, et faire preuve d’intelligence et de compréhension vis-à-vis de nos parents.
A toutes les personnes qui liront ce message, nous aimerions passer ce cri de cœur : Manger à sa faim et boire à sa soif ne devrait pas être un luxe. C’est un minimum et nous aimerions que tous les enfants aient ce minimum.
Nous enfants du Sahel, avons juste un souhait : que la paix revienne, que les personnes déplacées retournent dans leurs villages d’origines et que tous les enfants soient heureux, épanouis et aient les mêmes chances que tous les autres enfants du monde. Nous n’avons pas de pouvoir magique, mais juste notre voix. Si vous vous accordez pour nous protéger, pour que nous survivions, et pour que nous apprenions, aucun enfant ne souffrira des conflits.
A l’occasion de cette journée, nous aimerions également exprimer notre solidarité à tous les enfants du monde qui souffrent des conflits et particulièrement aux enfants africains. »