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Davantage d’enfants risquent de mourir à cause des baisses des financements

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© UNICEF/Jospin Benekire Un bébé est tenu par sa mère devant leur maison à Kamanyola, dans la province du Sud-Kivu, en RD Congo

Les progrès engrangés de haute lutte depuis des décennies pour réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans dans le monde pourraient marquer un coup d’arrêt ou pire s’inverser, à cause des coupes de l’aide internationale, alerte l’ONU lundi dans deux nouveaux rapports.

Leur publication intervient dans un contexte d’inquiétudes pour les financements des agences humanitaires, surtout après l’annonce du gel d’une majeure partie des programmes de l’agence américaine de développement (USAID).

Selon ces rapports du Groupe inter-organisations des Nations Unies, la mortalité des enfants de moins de 5 ans a continué à baisser en 2023, avec 4,8 millions de morts, dont 2,3 millions de nouveau-nés de moins d’un mois, selon le rapport.

Après être passé pour la première fois en 2022 sous la barre des 5 millions, ce nouveau plus bas historique représente une réduction de 52% depuis 2000.

« Des millions d’enfants sont en vie aujourd’hui grâce aux engagements pris à l’échelle mondiale en faveur des vaccins, la nutrition ou l’accès à l’eau salubre et à l’assainissement », a déclaré Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF.

« Mais sans investissements adéquats, nous risquons toutefois d’assister à l’anéantissement des résultats obtenus au prix d’efforts considérables, et ainsi de voir des millions d’enfants supplémentaires mourir de causes qui auraient pu être évitées », a-t-elle ajouté.

Des progrès aujourd’hui en péril

Or, les progrès accomplis depuis des décennies en faveur de la survie de l’enfant sont aujourd’hui en péril en raison des coupes significatives annoncées ou prévues par les principaux donateurs dans le cadre du financement de l’aide internationale.

Certains impacts se font d’ailleurs déjà sentir : pénuries de personnel médical, fermetures de cliniques, perturbation des programmes de vaccination, manque de traitements, par exemple contre le paludisme.

« La lutte contre le paludisme, la prévention des mortinaissances ou encore la fourniture de soins fondés sur des données probantes aux bébés les plus fragiles sont autant de domaines dans lesquels nous pouvons faire une différence pour des millions de familles », a expliqué le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Naissance prématurée ou complications durant l’accouchement

Avant même cette crise du financement, les progrès en matière de survie de l’enfant marquaient déjà le pas. Ainsi, depuis 2015, le taux annuel de réduction de la mortalité des enfants de moins de 5 ans enregistre un ralentissement de 42 %, et celui des mortinaissances de 53 %, comparativement à la période 2000-2015.

Près de la moitié des décès d’enfants avant l’âge de 5 ans surviennent au cours du premier mois de vie, principalement des suites d’une naissance prématurée et de complications durant l’accouchement.

Après la période néonatale, les maladies infectieuses, notamment les infections respiratoires aiguës comme la pneumonie, ainsi que le paludisme et la diarrhée sont les principales causes de décès évitables chez l’enfant.

Dans le même temps, 45 % des mortinaissances tardives surviennent durant l’accouchement, les raisons les plus courantes étant les infections maternelles, le travail prolongé ou arrêté et l’absence d’intervention médicale rapide.

Le lieu de naissance influe sur ses chances de survie

Ces rapports indiquent par ailleurs que le lieu de naissance d’un enfant influe grandement sur ses chances de survie, le risque de décès avant l’âge de 5 ans étant 80 fois plus élevé dans le pays où le taux de mortalité est le plus fort, comparativement à celui où il est le plus faible.

À titre d’exemple, un enfant né en Afrique subsaharienne a, en moyenne, 18 fois plus de chances de mourir avant l’âge de 5 ans qu’un enfant né en Australie et en Nouvelle-Zélande. « Tous les enfants méritent les mêmes chances dans la vie et il relève de notre responsabilité collective de faire en sorte qu’aucun d’entre eux ne soit laissé de côté », a plaidé Li Junhua, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales de l’ONU.

Les membres du Groupe inter-organisations des Nations Unies pour l’estimation de la mortalité juvénile appellent par conséquent les gouvernements, les donateurs et leurs partenaires dans les secteurs privé et public à accroître les investissements afin d’élargir l’accès des enfants et des femmes enceintes aux services de santé, de nutrition et de protection sociale, autant d’interventions dont la capacité à sauver des vies n’est plus à démontrer.

« La plupart des décès d’enfants évitables surviennent dans les pays à faible revenu, où les services essentiels, les vaccins et les traitements sont souvent inaccessibles », a d’ailleurs rappelé Juan Pablo Uribe, Directeur mondial de la Banque mondiale pour la santé et Directeur du Mécanisme de financement mondial.