Sale temps pour les dirigeants africains qui écoutent sans entendre les voix venues de la rue. Les oppositions de coutume si aphones et souvent complices actives ou involontaires des pouvoirs en place sont en voie de disparition, chassées par d’autres plus critiques et surtout expertes dans les manifestations de protestation rappelant aux gouvernants les différentes aspirations de leurs peuples au mieux-vivre. Véritables poils à gratter de ces présidents qui ont en horreur l’alternance et d’autres piliers de la démocratie, comme la bonne gouvernance, les opposants, ne laissent échapper la moindre occasion pour s’exprimer, la plupart du temps, bruyamment. C’est ainsi que ce mercredi 20 septembre 2017 a été bien mouvementé tant à Lomé qu’à Conakry où l’opposition n’y est pas allée du dos de la cuillère pour secouer le cocotier. A l’occasion, les qualificatifs les plus durs pour ne pas dire les plus odieux, ont été servis aux gouvernants. «Qu’avons-nous fait à Dieu pour nous donner des dirigeants comme ça», a même déploré l’icône de l’opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo. A la manette d’une marche-meeting pour exiger l’organisation d’élections locales attendues depuis une douzaine d’années, les opposants guinées ont dénoncé l’attitude du président Alpha Condé et de son pouvoir qu’ils accusent de fouler aux pieds la loi fondamentale du pays. Pire, ils le soupçonnent, fait coutumier sous les tropiques, de nourrir des desseins noirs de fraudes pour remporter les élections législatives et présidentielle futures. Pourtant, Alpha Condé était l’un des meilleurs opposants africains, mais qui finalement confirmera comme d’autres, que de l’opposition à un pouvoir exemplaire, il existe un fossé.
Au Togo, ce sont les mêmes causes qui produisent les mêmes effets. La crise de confiance criarde née entre Faure Gnassingbé et son opposition, conduit cette dernière à ne plus accorder aucun répit au président togolais, exigeant hic et nunc son départ du pouvoir. Bien que ce dernier ait engagé des réformes dont celle de la limitation du mandat présidentiel à deux et le scrutin à la magistrature suprême à deux tours, la tension dans la rue ne faiblit pas. Les opposants promettent même «la finale» dans les prochains jours, après «l’entraînement» de ce mercredi 20 septembre. Si selon certains, la mobilisation de cet échauffement n’a pas été comparable à la grande marche du 19 août dernier, il n’en demeure pas moins que ce sont des manifestants déterminés qui ont pris d’assaut les artères de la capitale. Mais, fait inquiétant, ce sont les affrontements que pourraient générer ces «entraînement» et «finale», car la rue accueille aussi des partisans du régime en place qui soutiennent les réformes du chef de l’Etat, et disent «non à l’esprit de division, de haine, de violence» pour «protéger la paix et le développement». Du reste, le bilan de «l’entraînement» est déjà, malheureusement noir de la mort d’un enfant et de vingt-cinq blessés à Mango, une ville intérieure du Togo. Faut-il alourdir davantage la comptabilité macabre, sachant que ce sont des vies innocentes qui sont toujours sacrifiées?
Il est temps, que ce soit à Lomé ou à Conakry, le dénouement sanglant soit évité à tout prix. Les uns et les autres doivent savoir raison garder pour ne pas être demain ceux par qui le malheur est arrivé. Au Togo comme en Guinée, les deux chefs de l’Etat ont tous été élus par le peuple et sont donc en plein exercice du mandat que leur a confié le même peuple soucieux du respect des règles démocratiques. 2020, échéance des mandats des mandats des deux chefs d’Etat n’est plus loin. Et désormais le peuple veille au grain pour enrayer toute tentative d’entrée par effraction aux palais présidentiels de Sékoutouréya et de Lomé.
Par Wakat Séra