C’est sur les cendres encore chaudes du deuil national décrété par le gouvernement burkinabè pour honorer la mémoire des 18 victimes de l’attentat du Café Aziz Istanbul, froidement abattues par deux assaillants le 13 août dernier, que le terrorisme a encore fait parler de lui dans le Sahel du Burkina ce jeudi 17 août. C’est un véhicule du convoi militaire du détachement de Djibo, dans la région du Sahel burkinabè, qui a sauté sur un engin explosif improvisé. Bilan: 3 soldats tués et deux autres gravement blessés et héliportés vers Ouagadougou pour une meilleure prise en charge, selon un communiqué de l’Etat-major général des armées burkinabè. La série noire continue donc et bien malin qui pourra en prédire la fin. Une chose est certaine, les frappes des terroristes se suivent et allongent le chapelet de morts. Et comme ces individus sans foi ni loi, ayant une pierre à la place du cœur, frappent toujours là où on les attend le moins, leurs coups sont presque imparables, surtout que pour eux, mourir dans leur funestes entreprises leur ouvre les portes du paradis. Dans cette guerre asymétrique où l’ennemie est sans visage et se trouve partout et nulle part, les Forces de défense et de sécurité ont presque toujours une longueur de retard et n’interviennent qu’en médecins après la mort. En effet, c’est quand les terroristes ont accompli leur mission que les soldats débarquent pour faire le ménage, et là encore avec des moyens qui ne sont pas toujours à la hauteur de la situation.
Le scénario est comme ainsi écrit et diffère rarement qu’on soit à Ouagadougou ou à Barcelone. A Barcelone où, ce lundi 17 août, une camionette a foncé dans une foule dense et fait 13 morts contre plus de 80 blessésLa capitale catalane n’a jamais été aussi proche de celle du Burkina Faso où, le cœur encore meurtri et les paupières lourdes de larmes du drame de l’avenue Kwame Nkrumah, les Burkinabè apprennent celui des Rambla, les rues les plus touristiques, donc les plus fréquentées de Barcelone. Comme sur Kwame Nkrumah où l’affluence, de jour comme de nuit ne faiblissait jamais, avant les deux attaques de 2016 et de cette année. A Barcelone, les assaillants ont tué et blessé leurs semblables humains, dans un état euphorisant, comme sous l’emprise d’une force extraordinaire. Comme à Ouagadougou où des témoins les auraient aperçus en train de trinquer, comme pour fêter une mission accomplie. Mais les ressemblances s’arrêtent là. Si en Espagne, les témoins réagissent à chaud au micro des journalistes, à Ouagadougou, les hommes et femmes de médias ont été tenus loin des rescapés du carnage. Ces derniers, sous bonne escorte de soldats très dissuasifs, sont restés muets comme des carpes. Plus étonnant, l’attaque des Rambla a été immédiatement revendiquée par l’Etat islamique, alors que plus de trois jours après, celle de Ouagadougou est toujours orpheline.
Que ce soit sur Kwame Nkrumah à Ouagadougou ou La Rambla à Barcelone, l’heure est grave et interpelle à l’union contre ce monstre hideux qui endeuille à tour de bras et ignore les frontières. C’est encore la preuve que le phénomène est mondial et doit rencontrer une riposte universelle. L’hydre doit être combattue sans relâche jusqu’à ce que aucune tête tranchée ne puisse plus repousser. Il faut surtout mettre à profit toutes les intelligences disponibles, l’ennemi commun à abattre étant sans pitié, et se révélant souvent être notre voisin de tous les jours.
Par Wakat Séra