Le secrétaire général du Syndicat national des financiers (Synafi), Souleymane Savadogo, l’un des porte-parole de la Coordination des syndicats du ministère de l’Economie et des Finances (CS-MEF), a indiqué ce lundi 28 mai 2018 à la suite des rumeurs faisant état de la désolidarisation de la douane aux quatre jours de sit-in décrété par le regroupement syndical, que les douaniers ont seulement «observé une prudence», vu que c’est un corps paramilitaire.
Cette prudence, selon M. Savadogo, se justifie par le fait que les douaniers étant paramilitaires, avec le débat autour de l’illégalité du sit-in qui n’a pas encore été épuisé, s’il y a un «débordement», c’est-à-dire une altercation entre un douanier et les éléments de la police, notamment de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS, unité d’élite) qui sécurisent le ministère de l’Economie, «les conséquences» peuvent être fâcheuses. Au cours du sit-in, «s’il y a mouvement et qu’on brutalise un douanier, imaginez-vous ce que cela peut entraîner comme conséquences», a-t-il dit tout en affirmant que «cela ne veut pas dire qu’ils (douaniers) n’iront pas en mouvement» car leur syndicat est co-signataire des revendications de ce débrayage.
Le SG du Synafi dénonce des «intoxications» de militants du parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) visant à «diviser les travailleurs».
A propos des réquisitions du gouvernement pour assurer un service minimum, Souleymane Sawadogo a signifié qu’elles étaient «abusives». «Quand vous prenez une direction comme la Direction des Affaires Administratives et Financières (DAAF, section Ouagadougou), ils sont au nombre de 51 personnes et il y a 29 personnes réquisitionnées, donc plus de la moitié du personnel. Certaines réquisitions ont été transmises à des femmes de nos collègues dont on n’a pas pu joindre, cela est anormal puisque les femmes ne sont pas agents du ministère», a-t-il fait savoir en renchérissant que «la gendarmerie même poursuit les agents pour les menacer de prendre les réquisitions et venir travailler sinon ils vont les enfermer».
Revenant sur le débat sur l’illégalité du sit-in après l’avis du Conseil d’Etat, M. Sawadogo a estimé que le «sit-in est bel et bien légal au Burkina» car cela a été démontré au cours de ce mouvement. «Quand nous sommes arrivés pour tenir le piquet au niveau du ministère ce matin, on (les éléments de la CRS) nous a dit tout simplement que les autorités ont noté que pour avoir accès au ministère, il faut avoir une réquisition», ce qui justifie du coup leur mouvement.
A la question de savoir si la coordination ne tire pas trop sur ses mouvements, il a répondu par la négative. «Parmi nos sept points de revendication, je ne vois pas le point qui puisse faire qu’on aille vers un bras de fer». Sur les protocoles d’accord qui ne sont pas appliqués et qui braquent aussi les positions, Souleymane Sawadogo a dit qu’«on ne peut pas par exemple comprendre qu’un gouvernement responsable puisse signer des protocoles d’accord avec des syndicats et à la fin se résument à ne pas les appliquer»
Sur les réformes, M. Sawadogo a rétorqué que les agents «ne sont pas contre les réformes mais si elles sont de nature à caporaliser ou à rendre les travailleurs misérables, c’est de (leur) droit le plus absolu de (se) défendre».
Quant à l’assimilation des mouvements de la CS-MEF à une volonté de défendre les primes distribuées aux agents sous forme de Fonds commun, «la CS-MEF ne demande pas 5F de plus. On a seulement demandé qu’on légalise nos arrêtés pour qu’ils deviennent des lois et il faut que le gouvernement puisse tenir ses promesses à propos des protocoles d’accord», a-t-il conclu.
Depuis 8H jusqu’à notre départ vers 10H, les militants et sympathisants de la CS-MEF étaient rassemblés devant la porte principale, côté Est du ministère, sous la surveillance de la CRS, pour tenir leur mouvement. Tout le bâtiment est sécurisé de l’extérieur comme de l’intérieur par les éléments de la CRS.
Par Mathias BAZIE