Amadou Bagayoko est mort ce vendredi 4 avril! Même si, le triste événement se passe en avril où tous les tours sont permis le 1er du mois, cette information qui a bouleversé le microcosme musical mondial, n’était, malheureusement pas, un poisson d’avril. Pourtant, les Maliens, les Africains et les amoureux de la musique tout court, auraient bien aimé que la nouvelle qui les a ébranlés comme un séisme, ait été un «fake news». Mais, passés les premiers moments de stupeur, le choc fut dévastateur et la douleur indicible.
Amadou Bagayoko était un nom presque inconnu, tant qu’il n’est pas associé à celui de Mariam, sa moitié, avec laquelle l’artiste formait ce duo musical de charme qui a bercé bien des générations, tant dans leur pays, le Mali que sur le continent et dans le monde. Le couple «Amadou et Mariam», à lui seul, imposait le respect à l’endroit du Mali, autant que le faisait Soundjata, l’épopée mandingue. Porte-drapeau le plus célèbre du Mali, le couple l’était et le demeurera toujours, avec des chansons cultes comme «Mon amour, ma chérie» (1998), puis «Dimanche à Bamako» (2004).
C’est à juste titre que la chanteuse malienne, Oumou Sangaré, profondément attristée par la mort de Amadou, a réussi l’exploit de résumer la vie riche, en succès et en actes altruistes, de l’artiste, rendant, ainsi, un vibrant hommage à l’œuvre de ce baobab de la musique africaine. Morceaux choisis: «Mon cher Amadou, tu as été un pilier de notre musique malienne, un ambassadeur dont le talent a brillé dans le monde entier. Ta guitare et ta voix ont touché tant d’âmes, porté tant de messages de paix et d’espoir. Avec Mariam, vous avez formé un duo légendaire qui a ouvert tant de portes pour nous tous, artistes maliens. Votre parcours, malgré les défis, restera une source d’inspiration éternelle.»
Au même titre que plusieurs personnalités du monde de la culture et de la politique, tout comme de nombreux anonymes, les Burkinabè pleurent Amadou Bagayoko, depuis l’annonce de sa disparition ce vendredi 4 avril. Un vendredi comme celui du 25 avril 2014, où le duo à l’immense talent, était honoré à Ouagadougou par les Kundé, «Les Trophées de la musique africaine», ce rendez-vous culturel incontournable du continent. Les clins d’œil du destin, ne s’arrêtent pas au vendredi. En effet, c’est ce dimanche que l’artiste a été porté en terre à Bamako. Pourtant, avec Mariam, son épouse, Amadou avait chanté que le «dimanche à Bamako, c’est jour de mariage»! Et voilà que ce dimanche 6 avril était jour de deuil à Bamako!
Le public ouagalais, qui a repris en chœur les chansons de «Amadou et Mariam», peut tout de même se consoler, car en Afrique, les morts ne sont pas morts. Mieux, Mariam, l’inséparable compagne, malheureusement séparée par la mort, d’Amadou, continuera, de maintenir la mémoire de deux conjoints et artistes de classe mondiale qui sont des repères inamovibles de la musique africaine. Ne dit-on d’ailleurs pas qu’un artiste ne meurt pas, car vivant éternellement à travers ses œuvres?
Amadou n’est donc pas mort et «dimanche à Bamako» sera toujours «jour de mariage»!
Par Wakat Séra