Accueil Société Déclarations du «Touareg»: ce n’est qu’une «stratégie de défense» (Me Bali Bazyomo)

Déclarations du «Touareg»: ce n’est qu’une «stratégie de défense» (Me Bali Bazyomo)

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Une vue des accusés dont les deux généraux Djibrill Bassolé (costume) et Gilbert Diendéré (tenue militaire) (Ph. Wakat Séra)

Me Bali Bazyomo, avocat de l’adjudant-chef major Eloi Badiel, a affirmé ce mercredi 10 juillet 2018, que les déclarations faites par le sergent-chef Roger Koussoubé, surnommé le «Touareg», neuvième accusé à passer à la barre dans le cadre du jugement du dossier du coup d’Etat manqué de septembre 2015, ne sont qu’une «stratégie de défense».

Accusé par Eloi Badiel d’être le messager du général Gilbert Diendéré dans le putsch manqué, le sergent-chef Roger Koussoubé dit le «Touareg»  a rejeté en bloc les propos du major selon lesquels il aurait été celui qui a dit que l’ex-chef d’état-major particulier de l’ex président du Faso, Blaise Compaoré, a ordonné l’arrestation des dirigeants de la transition. Pour Me Bazyomo, cela n’est que de la stratégie de défense, et il espère que le tribunal en tirera toutes les conséquences.

L’ex-garde présidentiel, le sergent-chef Roger Koussoubé, ex-agent de renseignement, a tout au long de son interrogatoire, révélé des éléments qui chargent le major Badiel, accusé d’avoir ordonné l’arrestation des autorités de la transition. L’adjudant Jean Florent Nion et l’adjudant-chef major Eloi Badiel, accusés d’avoir «arrêté» les autorités de la transition, «veulent nuire» au général Gilbert Diendéré, considéré comme le présumé cerveau dans cette affaire, a asséné à la barre, le «Touareg».

Pour l’ex-agent des renseignements, les sous-officiers Nion et Badiel «voulaient profiter de la crise» interne au corps qui a divisé les éléments de l’ex-régiment en trois clans.

A la question du parquet de savoir son implication dans cette affaire, M. Koussoubé dit reconnaître «partiellement» certains chefs d’inculpation. Celui qui est accusé d’être l’un des concepteurs et exécutant du coup d’Etat de 2015 dit même que ce n’est qu’au lendemain de l’enlèvement des autorités dont le président de la transition, Michel Kafando et son chef de gouvernement, le général Yacouba Isaac Zida, qu’il a appris que c’était un coup d’Etat.

Au passage de Roger Koussoubé à la barre, la partie civile qui s’est «réjouie» de ses déclarations, se dit «intéressée» par celles montrant, notamment, qu’il y avait trois clans au sein des éléments de l’ex-régiment. Selon Me Séraphin Somé, les propos du «Touareg» permettront à la partie civile «d’aviser en temps opportun» dans ce dossier qui fait 15 000 pages et culpabilise 84 personnes militaires et civiles.

Accusé d’«attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires, dégradation aggravée de biens et incitation à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline militaire», dans le dossier du putsch de 2015, le sergent-chef Roger Koussoubé a reconnu également avoir travaillé, en tant qu’agent de renseignements, à donner des informations à l’ex-chef du gouvernement Isaac Zida sur ordre du commandement.

L’ex-Premier ministre Isaac Zida, «était le chef du renseignement» au Burkina jusqu’à son arrivée au pouvoir fin octobre 2014, a-t-il confié. Mais, affirme-t-il, «je rendais compte à Zida parce qu’il m’a dit de travailler à préserver le RSP» qui avait des contradictions internes. A la question de savoir si cela n’a pas profité au coup de force manqué, il répond avoir travaillé selon la loi puisse que le commandement était au courant de ce qu’il faisait.

Selon lui, le capitaine Sami Dah, un des ex-gardes présidentiels qui était dans son équipe, «a fait échouer» un coup sous la transition, notamment le 25 juillet 2015, grâce aux renseignements qu’il fournissait.

Par Bernard BOUGOUM