Le Chef de l’Etat burkinabè, le Capitaine Ibrahim Traoré a déclaré, le mardi 30 janvier 2023, dans un entretien accordé à Alain Foka, que la CEDEAO «a perdu ses valeurs», justifiant le départ des trois pays du Sahel, à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger, de l’organisation sous-régionale.
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger, regroupés au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), ont annoncé le dimanche 28 janvier 2023, leur «retrait sans délai», de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Dans un entretien, le Capitaine Ibrahim Traoré, président de la Transition burkinabè a estimé que ce départ de l’organisation sous-régionale «n’est pas de guetter de cœur et de tourner le dos (…) mais à l’issue d’une analyse profonde».
En effet, selon M. Traoré, l’organisation ouest africaine connaît une perte de ses valeurs fondamentales. «Je pense que c’est une volonté d’intégrer le peuple, d’épanouissement de l’économie, la solidarité, de l’entraide, en tout cas des vertus panafricanistes qui ont conduit les Chefs d’Etats à créer cette organisation. Malheureusement au fil du temps, l’organisation a perdu ces valeurs», a-t-il soutenu.
«Depuis plus d’une décennie, les Républiques sœurs du Niger, du Mali sont en guerre contre le terrorisme. Et bientôt le Burkina, près d’une décennie, on est en guerre. L’organisation qui était censée créer l’entraide, la solidarité, nous n’avons jamais reçu d’aide venant de cette organisation. Aucun soldat, aucune logistique, aucune compassion», a déploré le Chef de l’Etat burkinabè.
Au sujet des commentaires tendant à accuser les «putschistes» de fuir les élections, le chef de la Transition burkinabè répond qu’«il y a des putschistes militaires au sein de la CEDEAO, qui aujourd’hui se réclament démocrates». «Des civils, il y en a, il y a pire que des putschistes, qui tuent, qui bâillonnent leur peuple sous le silence, la CEDEAO ferme les oreilles», a affirmé le capitaine Ibrahim Traoré.
Concernant les conséquences de la sortie de l’AES de la CEDEAO, le président répond qu’«(ils) verront et (ils) sauront quelles mesures prendre en temps opportun» tout en précisant que «l’AES n’a rien à envier à quelqu’un».
L’Alliance des Etats du Sahel, regroupant le Burkina Faso, le Mali et le Niger a été créée le 16 Septembre 2023. L’objectif est «d’établir une architecture de défense collective et d’assistance, lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et la criminalité en bande organisée dans l’espace commun de l’Alliance». Dimanche dernier, ses trois membres ont décidé «conjointement» et en «toute souveraineté» de quitter la CEDEAO, accusant l’organisation d’être «sous influence des puissances étrangères».
Par Issa Sidwayan TIENDREBEOGO
