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Des Africains répondent à Emmanuel Macron

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Le président guinéen, Pr. Alpha Condé (Ph. mosaiqueguinee.com)

L’Afrique a un problème avec sa démographie et fait face à un défi civilisationnel, pense le président français. Cette réflexion d’Emmanuel Macron en marge du dernier sommet du G20 tenu les 8 et 9 juillet 2017 à Hambourg en Allemagne a connu un déchaînement sans précédent en Afrique, notamment sur les réseaux sociaux. Deux morceaux choisis: la réponse anticipée du chef de l’Etat guinéen et par ailleurs président en exercice de l’Union Africaine, le Pr. Alpha Condé et cette missive piquée sur WhatsApp. Nous publions cette lettre in extenso adressée au premier des Français.

«MON CHER MACRON

Ma mère a eu au total neuf enfants dont huit sont encore en vie. Elle et mon père n’ont pas fait un jour de classe dans une école, ni française, ni catholique, ni coranique, encore moins évangélique. Mes parents ont aujourd’hui respectivement 78 et 76 ans. Ils pourraient être tes grands-parents. Ils n’ont jamais travailler dans une administration publique. Le système français importé de chez toi n’a jamais prévu leurs places. Mon père a arrêté de travailler avec moins de 30 000 cfa comme revenu mensuel et ma mère n’a jamais eu de bulletin de solde. Aujourd’hui, grâce à leurs efforts, à ceux de la grande famille et toute la COMMUNAUTÉ les 8 enfants comptent parmi eux 1 ingénieur, 1 infirmier, 1 technicien supérieur, 1 administrateur d’établissement, 1 administrateur culturel, 2 communicateurs et 1 journaliste. Tous participent du mieux qu’ils peuvent à la construction de notre pays le Burkina Faso. Je passe sous silence le fait qu’ils manipulent avec aisance la langue de tes ancêtres et prolongent de ce fait ta culture et l’influence de ton pays. Ils paient des impôts et taxes qui permettent à notre président de venir de temps en temps écouter tes balivernes en Europe là-bas, ils utilisent et font circuler ton franc CFA que tu imprimes et distribues à ta guise à partir de La Chamalières​ chez toi en France là-bas.  Mes frères et moi avons formé de très nombreux autres burkinabè qui travaillent pour la stabilité, le confort et le prestige de ton pays : certains travaillent dans tes entreprises de commerce et de construction ici et renflouent tes caisses là-bas , d’autres cultivent le coton que tu viens emporter pour la mode de tes concitoyens, etc… Il y a en même que tu as fait venir chez toi en France parceque tu nous trouvais indignes de leurs savoirs. Peut-être devrais-je ajouter qu’aucun de mes frères et moi, aucun de ceux que nous avons formés n’a jamais manqué du respect envers toi ou tes concitoyens qui se sentent bien chez nous même si c’est toujours la croix et la bannière quand nous essayons de vous rendre visite. Quant à mes parents, ils ne peuvent même pas prononcer ton nom puisqu’ils ne savent pas qu’après ton grand père POMPIDOU, il y a eu encore un dirigeant dans ton pays.
Ce que je viens de te dire, c’est si banal en Afrique en général et au Burkina Faso en particulier que je n’ai jamais pensé qu’il faille le rappeler un jour à un de chez toi, qui plus est le Président. Mais comme tu sembles vouloir faire porter le chapeau de notre sous-développement à nos mères et avant elles à nos grands mères, il me semble aujourd’hui indispensable de te dire pourquoi ma mère a eu 9 enfants et pas 2 ou 3 comme la tienne.  Quand tes aïeux Voulet et Chanoine prenaient de force les terres de nos ancêtres, ils ont abattu beaucoup parmi les nôtres. Puis avec vos travaux forcés, d’autres bras valides sont encore tombés. Ensuite, il y a eu vos deux stupides guerres que vous avez qualifiées de mondiales pour encore venir ponctionner des milliers d’enfants chez nous pour vous aider. Et si j’ajoute les sales maladies que vous avez transposées chez nous et qui decimaient les enfants, tu pourrais peut-être comprendre pourquoi il fallait à la mère Africaine le maximum d’enfants pour espérer en garder le minimum? 1 pour la colonne Voulet, 1 pour les travaux forcés, 2 pour vos guerres, 2 pour la diphtérie, la variole, la tuberculose ou la coqueluche et voilà, nos mères respectives sont à égalité.
Tu vois, ce n’est pas si compliqué à comprendre que si vous EUROPÉENS nous promettez de nous coller la paix, si vous nous promettez de vous occupez de vos oignons désormais, le «problème de nombre d’enfants» qui freine le développement sera un sujet au conseil des sages sous le grand baobab de mon village car l’accouchement est tellement difficile que je ne connais pas une seule femme africaine qui veuille prendre le risque de 10 aller-retour entre la vie et la mort. J’espère que c’est clair maintenant.»
*LPV*

 

MERCI AU PRESIDENT ALPHA CONDÉ QUI VIENT DE REPONDRE A EMMANUEL MACRON ET LANCE LA BATAILLE POUR LA SOUVERAINETE DE L’AFRIQUE…A lire et à partager

Alpha Condé : «Quand vous parlez de démographie galopante, c’est du Malthusianisme, c’est contre l’Afrique. Aujourd’hui, les autres continents nous envient notre démographie, parce que ce sont des peuples vieillissants. Notre jeunesse est notre avantage. Donc, nous devons nous approprier notre propre langage en fonction de ce que nous voulons pour l’Afrique».

Et encore: « La jeunesse africaine doit s’approprier l’histoire de L’Afrique. Un peuple ne peut pas avancer s’il n’a pas la fierté de son passé. Il y a un chef d’état qui a dit que L’Afrique n’a pas d’histoire. Pourtant au moyen âge, la bibliothèque de Tombouctou avait plus de livres que la bibliothèque nationale de France.

Il faut que nous ayons confiance en nous-mêmes! Des chefs d’États africains pensent parfois qu’un entrepreneur français, anglais ou américain peut faire mieux qu’un entrepreneur africain. Non, nous avons aujourd’hui des entrepreneurs qui peuvent faire plus!

L’Afrique est le continent de l’avenir. En 2020, nous serons plus peuplés que la Chine. Nous avons les matières premières, nous avons l’eau, nous avons une terre riche. Mettons fin au pessimisme! Changeons de vocabulaire ! N’acceptons plus les vocabulaires qui nous sont imposés par les sociologues occidentaux et qui ne correspondent pas à nos réalités !

L’Afrique doit s’approprier son vocabulaire, sa démocratie, ses droits de l’homme et sa bonne gouvernance. »