Rien ne semble arrêter le général Mamadi Doumbouya, dans la construction de la voie qu’il ouvre vers une présidence, pour le civil Mamadi Doumbouya! Le déblayage qu’il vient d’opérer sur la scène politique, avec la dissolution de plus de la moitié des partis politiques, est, s’il en faut encore la preuve, la continuation de sa marche résolue, vers la confiscation du pouvoir. Un fauteuil présidentiel qu’il a arraché de force, l’histoire ne l’oubliera jamais, un certain 5 septembre 2021, des mains du Pr. Alpha Condé, un autre amoureux à vie, des ors de la république. Pourtant, lui et ses affidés l’avaient crié, haut et fort, et à toutes les tribunes qui leur était offertes, qu’«aucun recyclage» ne sera permis, pour dire, en français facile, que ni lui Mamadi Doumbouya, encore moins un apparatchik de la transition, n’ira aux élections! Mais, l’historien catholique, Lord Acton, grand écrivain anglais, pourtant pas aussi connu que Mamadi Doumbouya, avait bien dit que «le pouvoir corrompt et-que- le pouvoir absolu corrompt absolument».
Vérité ailleurs, vérité à Conakry! Plus de 50 partis politiques dissous, sans autre forme de procès. Comme pour rétrécir le choix politique des électeurs et éliminer le maximum de potentiels candidats. La décision prise par la junte militaire pouvait être appréciée autrement, et même bien appréciée, si, c’était juste pour mettre fin à la pléthore des partis politiques. Mais la Guinée se trouve à la lisière, soit à quelques mois, des élections, notamment la présidentielle, qui devraient refermer la parenthèse de la transition politique ouverte après le coup d’Etat de Mamadi Doumbouya. La Guinée se retrouve dans un contexte ou presque plus rien, n’est permis, à des populations désabusées. Celles-ci assistent, impuissantes, à la disparition progressive de l’espace d’expression qui s’est rétréci comme peau de chagrin, à l’absence de la liberté tout court, qui a laissé toute la place aux morts subites et inexpliquées, sans oublier tous ces enlèvements de leaders et militants de la société civile, tout comme le maintien, par tous les moyens, loin de leur pays, des Guinéens qui osent encore demander au général Mamadi Doumbouya de respecter sa parole donnée d’officier supérieur, et simplement, d’homme. Pourtant, il y va de son honneur et même de son propre avenir et de celui de ses ouailles..
Aujourd’hui plus que jamais, Mamadi Doumbouya doit être en mesure de mettre ses ambitions de «prochain président civil» en berne, pour sa propre dignité et la paix dans son pays, la Guinée. Surtout que le procès retentissant des massacres et viols du 28 septembre, au stade éponyme, en 2009, est encore frais dans toutes les mémoires, avec des morts dont le deuil est impossible à faire pour l’instant, et des femmes marquées à vie, parce que souillées dans la profondeur de leur chair. Et pour dissuader le généra Mamadi Doumbouya, s’il fallait encore lui dire de ne pas chercher à entrer dans la course à la présidentielle, il est important de lui rappeler ce jugement que la société civile et toute la Guinée lui doivent, et qui est la conséquence de l’entêtement du capitaine Moussa Dadis Camara à vouloir se présenter à la présidentielle de 2010. Or, comme Mamadi Doumbouya, le capitaine Dadis avait mis ses compatriotes et la communauté internationale en confiance, leur promettant qu’il était venu juste pour organiser des élections et remettre le pouvoir aux civils. Mon général Mamadi Doumbouya, le 28 septembre et son procès qui a condamné Dadis Camara à 20 de prison, ne sont pas des souvenirs lointains et doivent faire réfléchir le brillant militaire qui a délivré son pays de l’opposant historique, Alpha Condé, voulant devenir président à vie.
Même s’il ne les a pas mis hors-jeu avec la récente dissolution de certains partis politiques, les véritables leaders politiques et leurs militants, ne peuvent pas s’exprimer, et cela revient au même. Le président de l’Union des forces guinéennes (UFDG), Cellou Dalein Diallo, qui est contraint à l’exil comme d’autres Guinéens, sont bien conscients, comme l’est le général Mamadi Doumbouya lui-même, que le jeu politique est totalement pipé. Tout est mis en œuvre, parfois de façon grotesque, pour porter au pouvoir, un seul homme, celui-là même qui, pourtant, a dit qu’il ne le veut pas!
Dans quelle logique est le général Mamadi Doumbouya? Question à un plat de riz au konkoé, la spécialité culinaire très prisée par les Guinéens et leurs hôtes!
Par Wakat Séra