Le blocus imposé à la ville de Djibo, dans la province du Soum, par les terroristes, ne cesse de susciter des inquiétudes au sein des populations de la région du Sahel qui demeurent dans la hantise et la psychose permanentes. Coupés du reste du Burkina et donc de tout soutien en cas d’attaque, les Djibolais, tout comme les habitants de toutes ces localités en coupes réglées des hommes armés, sont animés par cette peur constante de se faire massacrer sans pouvoir espérer un quelconque secours. Tous se savent en sursis, attendant le coup de grâce de ces hommes sans foi ni loi qui sèment la terreur et la mort au quotidien, faisant fuir des survivants qui gonflent le flux de personnes déplacées internes (PDI).
Les ponts coupés, les infrastructures saccagées, les routes bourrées d’explosifs, etc., se conjuguent avec les assauts aux kalachnikovs et autres armes lourdes pour rendre ces zones occupées hors de contrôle de l’Administration centrale et des Forces de défense et de sécurité (FDS) qui cherchent toujours la stratégie adéquate pour vaincre les forces du mal. Et c’est pour redonner un peu d’espoir à Djibo que l’Armée nationale a procédé au ravitaillement de ses habitants par les airs.
Même si la quantité est loin de faire l’affaire des 300 000 âmes qu’abrite le chef-lieu de la province martyre qui a vécu, le 26 septembre à Gaskindé, sa dernière attaque meurtrière sans commune mesure, faisant un bilan lourd et provisoire d’une centaine de civils et d’une trentaine de militaires, restés sur le carreau, les autorités et les populations peuvent espérer tenir encore un bout de temps. La nourriture, le carburant et les médicaments tombés, ce mardi, des cieux, non pas par la volonté de Dieu, mais grâce aux efforts des soldats, devraient apporter le sourire sur des visages émaciés, vides de toute expression. Sauf si ces produits font l’objet de spéculation de la part de certaines personnes véreuses toujours prêtes à sucer le sang des populations en détresse.
En tout cas, cette opération, la première au crédit des nouveaux hommes forts de Ouagadougou, auteurs du deuxième putsch militaire qui a donné un nouveau leader au Mouvement patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR), doit être suivie d’autres selon une régularité bien pensée. Mais, les hommes du capitaine Ibrahim Traoré qui ont évincé le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, ont encore mieux et plus urgent à faire.
En effet, le MPSR II n’a pas droit à l’erreur dans la campagne de nettoyage du territoire national des terroristes qui s’y enkystent pour le malheur de populations civiles et militaires massacrées à longueur de journée. A l’instar du coup d’Etat du 24 janvier, qui a chassé Roch Marc Christian Kaboré du pouvoir, installant le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, celui qui a permis au capitaine Ibrahim Traoré de mettre hors-jeu son prédécesseur, a pour cause fondamentale, l’avancée comme inexorable des terroristes et autres Hommes armés non identifiés. Ainsi, pour ne pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets, le capitaine Traoré n’a d’autres choix que de mener avec succès, l’opération mana-mana, non pas en débarrassant, tous les derniers samedis du mois les villes et localités du pays de leurs ordures, mais des terroristes qui les infestent.
Par Wakat Séra