Dans ce commentaire pris sur sa page Facebook, Djibrill Yipènè Bassolé, se prononce sur l’avis du Groupe du travail des Nations Unies sur la détention arbitraire qui, relevant que la détention de l’homme depuis bientôt deux ans est arbitraire, demande sa libération immédiate et affirme le droit de l’intéressé d’obtenir réparation. Pour l’ancien ministre burkinabè des Affaires étrangères, cette conclusion du Groupe de l’ONU, ne doit pas être considérée comme une victoire de ses avocats contre le Gouvernement du Burkina Faso.
«CHERS AMIS,
Je ne peux que me réjouir comme vous de l’avis n°39-2017 (Burkina Faso) du Groupe de Travail des Nations Unies sur la détention arbitraire.
Cet avis est la résultante d’une confrontation rigoureuse entre la requête de mes avocats que je félicite au passage et «la réponse du Burkina à la communication soumise au groupe de travail sur la détention arbitraire relative à la privation de liberté de Monsieur Yipènè Djibrill Bassolé».
Il est aussi sans doute le résultat d’investigations indépendantes et impartiales que les experts des Nations Unies ont fait mener sur le terrain 9 mois durant.
En tous les cas, leurs appréciations objectives des faits a établi que ma détention qui totalise bientôt 2 ans sans procès et que vous avez dénoncée dès les premières heures est totalement arbitraire.
Toutefois, nous ne devrions pas considérer l’avis n°39-2017 (Burkina Faso) comme une victoire de mes Avocats contre le Gouvernement du Burkina Faso.
Nous devrions le voir plutôt comme une contribution de la communauté internationale à l’édification d’un véritable état de droit démocratique au Burkina Faso. Dans ce sens, l’avis des Nations Unies invite le Burkina Faso «à modifier sa législation ou sa pratique afin de les rendre conformes aux obligations mises à sa charge par le droit international dans le droit fil du présent avis».
En clair, il ne suffira plus pour les autorités compétentes de notre pays, de démontrer qu’une disposition violant manifestement les droits humains est conforme à la législation interne pour avoir gain de cause. Il s’agira pour notre pays désormais de conformer sa législation et sa pratique à la déclaration universelle des droits de l’homme et au Pacte International relatif aux Droits civil et politique que le Burkina Faso a ratifiés depuis le 04 Janvier 1999.
Si victoire il y a, l’avis du Conseil de droits de l’homme des Nations Unies qui confirme le caractère arbitraire de ma détention, est une victoire du droit et de la vraie justice contre l’arbitraire et la manipulation.
C’est une victoire de plus des femmes et des hommes épris de justice et de paix contre l’autoritarisme, la tyrannie et les intrigues du pouvoir.
J’en suis moralement et profondément soulagé.
En ce qui concerne ma libération effective que vous formulez jour et nuit dans vos prières et supplications, nous nous en remettrons à ALLAH Le Tout Puissant. Que sa volonté soit faite.
Pour finir, je vous invite à méditer cette déclaration du Pape François qui a retenu mon attention dans mes nombreuses lectures à la MACA (Maison d’arrêt et de correction des armées, NDLR). Je cite:
«Si DIEU s’arrêtait à la justice, il cesserait d’être DIEU; Il serait comme tous les hommes qui invoquent le respect de la loi. La justice seule ne suffit pas et l’expérience montre que faire uniquement appel à elle risque de l’anéantir. C’est ainsi que DIEU va au-delà de la justice avec la miséricorde et le pardon».
À bientôt».