Ceci est le message du général Djibrill Bassolé à l’endroit des militants de la Nouvelle Alliance du Faso (NAFA) à l’occasion de leur premier congrès ordinaire qui s’est tenu du 19 au 20 janvier 2018
Chers sœurs et frères de la NAFA ;
Chers amis ;
Chers sympathisants de la NAFA ;
Il m’est particulièrement agréable de vous présenter mes sincères félicitations à l’occasion de la tenue du premier congrès ordinaire de la NAFA. La tenue de ce congrès en elle-même est la démonstration la plus édifiante de la vitalité du parti et de votre engagement à poursuivre les idéaux que vous vous êtes fixés à la création de la NAFA il y a trois (03) ans.
Pour l’histoire, il convient de rappeler que c’est aux lendemains des mouvements de révoltes populaires des 30 et 31 octobre 2014 auxquels, certains d’entre vous avaient pris part activement, que courageusement, vous avez décidé de vous organiser au sein d’une nouvelle formation politique.
Vous étiez conscients alors des causes profondes de la crise sociale et politique qui a conduit à l’insurrection populaire ainsi que les aspirations légitimes de la jeunesse insurgée. Ces jeunes du Burkina Faso, dont plusieurs sont ici présents, aspiraient ardemment à un changement qualitatif dans la gouvernance politique et économique de notre pays pour, espéraient-ils, sortir de la précarité qui caractérisait leurs conditions de vie.
La création de la NAFA a répondu ainsi à l’impérieuse nécessité d’offrir à notre jeunesse anxieuse, un cadre politique d’expression et de réalisation de leurs ambitions légitimes eu égard aux enseignements historiques que le mouvement insurrectionnel imposait désormais à la classe politique toute entière.
Chers sœurs et frères ;
Chers amis ;
Chers sympathisants de la NAFA ;
Je voudrais également vous féliciter pour avoir, avec persévérance, traversé les intempéries qui n’ont pas manqué de perturber l’atmosphère politique post-insurrectionnelle, en particulier lorsque vous aviez jugé qu’ensemble, sous ma direction, nous pourrions travailler à relever les obstacles qui se dressent à nous pour l’épanouissement social et économique de tous.
C’est dans ce sens que, conscients de l’urgence vitale de préserver l’unité nationale et la cohésion sociale, vous vous êtes résolument engagé à lutter contre l’exclusion et l’arbitraire qui vous ont été systématiquement imposés au nom du peuple burkinabè. C’est le lieu pour moi, de rendre un hommage appuyé à notre vaillante militante, notre regrettée sœur, Awa TRAORE, qui a perdu la vie au cours des manifestations du 07 avril 2015. Je rends hommage également à l’héroïsme de Sita OUATTARA et du premier Président de la NAFA, Rasmané OUEDRAOGO ainsi que bien d’autres qui ont fait la prison à Bobo Dioulasso et à Ouagadougou. J’ai enfin une pensée pieuse à l’endroit de notre frère Adams KIEMA qui est contraint à l’exil aujourd’hui.
Ils ont tous eu tort d’avoir eu raison trop tôt. Pour paraphraser le Général De Gaule s’adressant aux Français au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, je puis vous dire ceci : « il n’est que de vous voir mes amis, il n’est que de vous voir, pour montrer aux septiques et aux insulteurs que rien n’est perdu pour le Burkina Faso ».
Je voudrais enfin vous féliciter et vous témoigner toute ma gratitude pour l’exemplaire solidarité que vous avez manifestée à mon endroit tout au long de l’épreuve de privation de liberté que je subie. Sous le « manguier de la MACA » devenu célèbre, vous m’avez apporté du réconfort, de l’eau, de la nourriture. Vous m’avez apporté votre amitié et votre fidélité. Vos prières, vos supplications et vos sacrifices aujourd’hui encore me permettrons de connaitre des lendemains meilleurs avec le concours et la grâce du Tout-Puissant.
Vous avez tenu également dès les premiers instants, à vous mobiliser et à donner de la voix lorsque mes droits fondamentaux étaient violés de manière flagrante. Vous avez surtout été confortés dans votre lutte quand le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a exigé, en juillet dernier, de l’État du Burkina Faso, qu’il soit mis fin à la privation de ma liberté que le Conseil des droits de l’homme à jugé manifestement illégale et arbitraire. Je vous en suis infiniment reconnaissant.
Puissent nos efforts conjugués, bannir à jamais l’injustice et l’arbitraire et garantir à tous les Burkinabè, la liberté et une justice équitable dans le strict respect des droits humains et de la légalité internationale.
Chers amis de la NAFA ;
Chers sympathisants ;
Le thème du présent congrès qui est : « La NAFA à l’heure du renforcement de la cohésion nationale, du dialogue social et de la sécurité », vous suggère de tourner résolument vos regards vers l’avenir. Tout en continuant à vous battre contre l’arbitraire et l’exclusion, ayez toujours à l’esprit de promouvoir le dialogue politique et social avec tous les acteurs de la classe politique et de la société civile. C’est cette capacité à dialoguer qui, seule, vous permettra de fédérer les énergies et les intelligences de vos concitoyens pour réaliser le consensus national autour de l’essentiel ; à savoir le développement social et économique du Burkina Faso.
Je sais chers sœurs et frères que vous êtes désireux de créer pour notre pays, les conditions d’un développement durable, inclusif et harmonieux. Dans ce sens, les réflexions et les actions que vous entreprendrez doivent s’orienter vers :
L’éducation des enfants et la formation des jeunes ;
Le rétablissement de l’ordre et le renforcement de la sécurité ;
L’implication des Burkinabè de l’étranger dans tous les compartiments de la vie de la Nation.
Vous avez, de tout temps, placé l’école burkinabè au cœur de votre projet de société, persuadés que seule une ressource humaine de qualité dotée de savoir, de savoir-faire et de savoir-être, assurera la prospérité et la grandeur de notre Nation. Il vous appartient donc de rechercher et de soutenir les solutions qui permettront aux acteurs de notre système éducatif de dispenser le savoir à nos enfants des villes et des campagnes les plus reculées dans les meilleures conditions. La précarité des conditions de transmission et d’acquisition du savoir compromettra gravement nos chances et nos ambitions de former une jeunesse éveillée, capable de relever les défis d’un développement endogène durable.
Outre la promotion d’une ressource humaine consciente et bien formée, la NAFA doit œuvrer à créer un environnement de discipline et de sécurité. Pour ce faire, je vous invite à dépolitiser et à dépassionner le débat y relatif.
La polémique politicienne en matière d’insécurité, en particulier dans le domaine du terrorisme, pourrait affecter le moral des personnels militaires et paramilitaires engagés en première ligne du combat contre les forces du mal. Il nous faut, dans le cadre d’un consensus national, trouver des formules originales africaines et des ressources internes pour d’une part, neutraliser les groupes criminels terroristes et d’autre part, enrayer définitivement le phénomène de l’extrémisme violent, de la grande criminalité transfrontalière et locale. Tout comme l’éducation, l’ordre, la discipline et la sécurité sont une nécessité vitale pour l’édification d’une société prospère. Je vous invite par conséquent, à promouvoir une véritable culture de l’ordre et de la sécurité. C’est ainsi que vous pourrez aider nos vaillantes forces de défense et de sécurité à protéger nos personnes et nos biens.
Le renforcement de la cohésion nationale est aussi une condition de stabilité et de survie de notre Nation. C’est pourquoi l’implication des Burkinabè vivant à l’étranger, de tous les Burkinabè, dans tous les domaines d’activité devient cruciale. Lorsqu’en ma qualité de Ministre des Affaires étrangères, je lançais à Abidjan le 02 novembre 2013, l’opération de la nouvelle carte consulaire, le Gouvernement d’alors voulait faire du vote des Burkinabè de l’extérieur une réalité. Mais l’homme propose, Dieu dispose. Pour autant, les difficultés de mise en œuvre de ce projet ne doivent pas nous conduire à exclure les Burkinabè de l’étranger des processus électoraux. C’est pourquoi j’invite instamment la NAFA à se battre conformément à ses convictions pour que le vote de nos compatriotes résidents à l’étranger soit une réalité en 2020. La diaspora burkinabè reste attachée à son pays d’origine. La NAFA ne doit ménager aucun effort dans ce sens pour réserver à leurs compatriotes vivant à l’étranger la place qui leur revient de droit dans la vie de la Nation.
Chers amis de la NAFA ;
Je formule le vœu que la tenue de ce premier congrès dynamise l’implantation et le rayonnement du parti sur toute l’étendue du territoire national ainsi qu’à l’extérieur du pays. Votre ambition initiale de vaincre la pauvreté et la précarité des conditions de vie des Burkinabè exige de la détermination mais également une ouverture d’esprit. Vous devrez continuer à montrer de la détermination à surmonter tous les obstacles qui se dressent sur le gigantesque chantier de développement durable.
Votre ouverture d’esprit favorisera le dialogue avec tous les Burkinabè afin qu’ensemble, nous réalisons l’indispensable cohésion nationale qui donnera plus de force et d’efficacité à l’œuvre nécessairement commune de la construction nationale du Burkina Faso. Aucun bras ne sera de trop. Pour ce faire, il est indispensable que vous luttiez pour enraciner la culture du dialogue et les valeurs républicaines afin de faire émerger un environnement de paix, de justice, de tolérance et de pardon quand il le faut. Vous devrez œuvrer à réconcilier la classe politique et à rendre la vie politique vertueuse.
J’exhorte vivement tous les anciens de ma génération, tous ceux qui ont animé les organisations militantes des années 70 et 80, tous les protagonistes et les sympathisants de la révolution sankariste, à s’entendre dans un sursaut collectif, pour établir un bilan globalement positif sans complaisance, de toutes ces années d’engagement politique et de dur labeur. C’est ainsi que nous mettrons convenablement le pied des jeunes générations à l’étrier politique, afin de leur passer le relais dans la paix et l’harmonie en toute responsabilité. Si nous réussissons ce changement de génération dans la gestion politique de l’État, nous irons à la retraite avec le sentiment d’avoir fait œuvre utile pour le Burkina Faso et l’Afrique.
Pour finir, je vous exhorte à faire de la NAFA un parti de jeunes engagés, parfaitement conscients des défis que le Burkina Faso doit relever pour gagner les grandes batailles du développement économique et social. L’éducation pour tous, la formation professionnelle et l’emploi effectif des jeunes doivent animer vos réflexions et bénéficier de votre génie créateur. Il est impératif pour nous, de rechercher des solutions idoines, adaptées à nos réalités, afin d’absorber la masse qualifiée de notre ressource humaine pour un développement harmonieux.
Osons ensemble tourner nos regards vers l’avenir ;
Défions ensemble les obstacles de notre développement ;
Progressons ensemble sur les durs sentiers de l’émergence d’une société moderne.
Longue vie à la NAFA !
Bonne réussite à son premier congrès !
Bonne et heureuse année 2018 !
Que le Tout-Puissant vous protège et guide vos pas !