Le ministre d’Etat, Simon Compaoré, ex-ministre en charge de la Sécurité avait dit lors d’une conférence de presse animée le 8 janvier 2018 à Ouagadougou, que des Burkinabè notamment assimilaient l’inculpation du colonel Auguste Barry, ministre de Sécurité sous la Transition, d’une arrestation politique, qu’ils allaient être « édifiés ». Mais voilà que cela fait trois mois et une dizaine de jours que le secrétaire exécutif du Centre d’études stratégiques en défense et sécurité (CESDS) croupit en prison et semble même mis aux oubliettes, selon les observations de certains.
Le colonel Auguste Barry, accusé par la justice burkinabè d’être mêlé à une histoire de déstabilisation du pouvoir actuel, inculpé pour « complot et incitation à la commission d’actes contraires à la discipline et au devoir », médite toujours son sort à la Maison d’arrêt et de correction des armées (Maca). Et pourtant, personne n’aurait parié que le dossier de l’ex-ministre de la Sécurité sous la Transition de 2015 allait connaître une telle lenteur à la suite des déclarations fracassantes de Simon Compaoré face à la presse, le 8 janvier 2018, pour faire le bilan des actions que son parti a menées en 2017.
Répondant à une question sur l’interpellation et l’inculpation de Auguste Barry, placé sous mandat de dépôt par le procureur militaire pour faits de déstabilisation, M. Compaoré avait indiqué qu’« il ne faut pas opiner sur la base de fausses pistes. Quand on n’a pas de bonnes informations, il ne faut pas opiner. C’est à la suite de certaines dénonciations par rapport à des actes que l’intéressé a posés qu’il a été jugé nécessaire de l’interpeller pour en savoir davantage ». « Le procureur a jugé nécessaire son maintien en attendant », avait expliqué le ministre en charge de la Sécurité du Burkina Faso, d’alors.
Simon Compaoré, en guise de réaction à ceux qui estiment que M. Barry avait été arrêté à cause de son centre (CESDS), avait laissé entendre que, « si on voulait quelqu’un depuis longtemps, on avait la possibilité de faire ce qui doit être fait, mais si c’est maintenant qu’il est interpellé, c’est parce qu’il y a eu des faits ».
« Vous serez édifiés, en tout cas, ceux qui veulent voir clair le verront dans cette affaire », avait ajouté le président par intérim du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, parti au pouvoir), avant de demander à ceux qui n’écartent pas l’arrestation de Barry, d’une question de règlement de compte politique, d’être patients car ils allaient « être servis. On est tous au Burkina, ne vous pressez pas, attendons ».
Selon des sources proches de ce dossier, plusieurs personnes dont trois civils et l’ex-chef d’Etat-major de la gendarmerie, le colonel Serge Alain Ouédraogo, ont été entendues dans cette affaire.
Par Mathias BAZIE