Accueil A la une Drame de l’immigration: les «Mbour» pousseront comme des champignons si…

Drame de l’immigration: les «Mbour» pousseront comme des champignons si…

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Le drame de Mbour doit enfin interroger sérieusement les dirigeants africains

Pendant combien de temps encore, la jeunesse africaine préfèrera-t-elle la mort en mer aux larmes de la mère? Demain n’est certainement pas la veille, avec le récent drame qui a endeuillé la ville sénégalaise de Mbour, suite au naufrage, ce dimanche, d’une pirogue transportant plus de la centaine de passagers, avec pour destination finale l’archipel espagnol des Canaries, donc l’Europe. En attendant la fin des recherches pour retrouver d’éventuels survivants, comme la vingtaine de personnes déjà sauvées par les équipes de secours, la comptabilité macabre serait, déjà, de plus de 30 morts.

Malheureusement, pendant que tous pleurent encore les victimes de cette tragédie, deux embarcations du même type que celle qui a coulé après avoir levé l’ancre de Mbour, avec plus de 400 personnes, dont plus de 20 enfants et des femmes, à leur bord, ont été interceptées par la marine sénégalaise. C’est dire combien l’hémorragie sera difficile à arrêter. Peut-être que le garrot sera posé sur la plaie, le jour où les jeunes africains comprendront que l’Occident qui se mue de plus en plus en une tour imprenable, n’a jamais été l’eldorado où les alouettes tombent rôties du ciel.

Pourtant, l’Afrique, comme une jeune fiancée, est aujourd’hui très courtisée par toutes ces puissances du monde qui font tant rêver les jeunes du continent. Du reste, pour les Africains, en tout cas, pour ceux qui arrivent à échapper au cimetière à ciel ouvert qu’est devenue la Méditerranée, le désenchantement n’a de pareil que l’espoir suscité par le voyage vers le bonheur qu’ils érigeaient, naïvement, dans leurs têtes. Mais, fuyant la honte que provoquerait, pour eux et leurs familles qui ont cotisé de l’argent pour leur permettre de partir, comme l’enfant du voisin qui couvre ses parents de mandats, les immigrés sont prêts à s’imposer une vie de misère, là où ils croyaient qu’ils nageraient dans le bonheur. Le nirvana construit dans la tête se transforme alors en enfer sur terre!

Sauf que les «Mbour», ne sont pas qu’au Sénégal qui constitue, avec la Gambie et la Mauritanie, en Afrique de l’ouest, les passages les plus usités pour atteindre l’Europe. Les «Mbour» sont dans le désert algérien. Les «Mbour» sont à la porte du Maroc qui s’ouvre sur Mélila. Les «Mbour» sont dans le no man’s libyen où les migrants sont tués ou, au mieux, vendus comme des esclaves. Et tous ces «Mbour» ne se construisent pas en dehors des dérives de ceux qui nous gouvernent, qui transforment, grâce à la malgouvernance, la corruption et la soif inextinguible d’un pouvoir de fer, leurs populations en bêtes de somme, juste bonnes pour servir de bétail électoral. Quand la confiscation des libertés se conjugue avec ces pratiques égoïstes, sport national de nombre de dirigeants africains, le départ vers des horizons meilleurs devient la seule issue possible. Alors, les «Mbour» ouvriront toujours les bras aux désespérés de la vie dans des goulags que sont la plupart des «républiques très très démocratiques du Gondwana» où le «leader bien-aimé» ne règne que pour lui-même et sa famille.

Les «Mbour», il faut le dire sans risque de se tromper, ne fermeront boutique que si les présidents à vie africains, font de l’intérêt national, leur raison de gouverner, et créent pour leurs peuples, des conditions de vie meilleure. Ou à défaut, plus décentes que celles d’aujourd’hui. Et si l’Europe veut tenir loin d’elle ces indésirables qui empestent ses villes mais en rendent, tout de même les rues propres, et tant que l’Europe veut continuer à piller les matières premières des Africains et les empêcher d’aller rôder autour de ses «barbelés», les «Mbour» pousseront toujours, malheureusement, comme des champignons à ses portes!

Par Wakat Séra