Le rapport sur le drame d’Inata, produit par l’inspecteur général des forces armées nationales, le colonel-major Kéré Wendwaoga, et remis en son temps au chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, indique qu’«il y avait bel et bien des vivres sur le site», lit-on ce mercredi 4 mai 2022 dans une tribune du journaliste d’investigation, Adama Ouédraogo dit Damiss qui a analysé l’enquête sur la mort des 53 gendarmes.
Selon Adama Ouédraogo dit Damiss sur le rapport du drame qui avait choqué l’opinion nationale, les «vivres ont même été retrouvés sur la base après l’attaque violente», écartant du coup les informations faisant état de ce que les militaires «tuaient des animaux sauvages et des chiens errants pour s’alimenter». Si le journaliste n’avance pas de preuves matérielles palpables ou des indices concordants, il soutient que l’enquête fait les affirmations sur ce point sensible, sur «la base des constats faits sur place».
Cette révélation du directeur de publication du journal d’investigation, Le Dossier, vient remettre en cause les propos du porte-parole du gouvernement d’alors, Ousséni Tamboura, qui, aux premières heures du drame d’Inata, au sortir du Conseil des ministres du 17 novembre 2021, a déclaré que «les premiers éléments de l’enquête montrent que le détachement était confronté à des problèmes de logistiques et de ravitaillement en vivres».
Le journaliste a soutenu qu’ «il y a eu bien entendu des dysfonctionnements et des problèmes de discipline mal gérés dans ce drame d’Inata mais ce qui a été déterminant c’est, d’une part, la longue attente de la relève qui a impacté sur le moral des hommes et les a rendus vulnérables et, d’autre part, la diffusion d’informations erronées qui ont permis aux terroristes de savoir que le détachement était une cible molle à portée de tir».
Pour Adama Ouédraogo dit Damiss, le drame d’Inata pose en réalité «le problème des services payés au sein des forces militaires et paramilitaires». Autrement dit, «il s’agit de la question de la gestion des conventions signées entre les sociétés et les entités de sécurité au niveau étatique», a-t-il ajouté.
Dans le contexte difficile de la lutte contre le terrorisme auquel fait face le Burkina Faso depuis maintenant sept ans, Damiss a souhaité que les populations «collaborent avec (leurs) forces de défense et de sécurité (FDS), défendre leur cause, tout en évitant de les jeter en pâture à l’ennemi en rendant publiques certaines données».
«Certes, il y a des alertes qui ont permis aux FDS d’agir efficacement mais il y a des moments aussi où on donne, parfois de bonne foi, des informations stratégiques à l’ennemi», a-t-il concédé avant d’inviter le ministère de la Défense et des Anciens combattants à communiquer publiquement sur le contenu des rapports d’Inata.
Cela, selon les propos de «Damiss», permettra à l’opinion de savoir, d’une part, qu’«il y a des moments où on mène des polémiques inutiles et négatives sur des sujets dont on n’a pas toujours tous les éléments d’appréciation et, d’autre part, que toute la vérité soit connue des familles des victimes pour qui nous avons une pensée profonde».
Par Bernard BOUGOUM