Accueil A la une Ebola en Côte d’Ivoire: la magie des frontières fermées mais très ouvertes!

Ebola en Côte d’Ivoire: la magie des frontières fermées mais très ouvertes!

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La vaccination contre Ebola a commencé en Côte d'Ivoire (Ph. courrierconfidentiel.com)

Alors que les autorités guinéennes et ivoiriennes discutent sur le sexe des anges, les premières doutant que la jeune fille incriminée d’avoir foulé le sol ivoirien avec la maladie à virus Ebola, soit vraiment atteinte, et les secondes certaines de leur affaire, les populations des pays voisins commencent, elles, à s’inquiéter, et même à paniquer. Au Burkina Faso, le sujet fait rage sur les réseaux sociaux et les plus pessimistes se demandent si le ver n’est pas déjà dans le fruit, en d’autres termes, si le virus n’est pas déjà au pays des Hommes intègres. Pour le moment, seules les autorités politiques et sanitaires peuvent répondre à l’interrogation.

Et là encore, il faudra pour les politiques, se débarrasser des circonvolutions politiques et diplomatique dont elles ont, seules, le secret, pour amener les citoyens à s’entourer des gestes barrière comme l’interdiction formelle de la consommation des goûteuses viandes de brousse et surtout des roussettes, auxquelles très peu résistent mais qui sont des vecteurs de la transmission de Ebola. Mais nul ne saurait cacher ce genre de maladie pendant longtemps. Comme une grossesse qui ne peut être dissimulée par un simple voile, ça finit toujours par se savoir.

Mais la crainte qui s’amplifie dans les salons, ou peut-être même dans le cercle fermé de ceux qui ont en charge notre santé, est d’autant plus justifiée que les frontières africaines sont reconnues pour leur porosité légendaire. Pire, alors qu’elles sont dites fermées pour freiner la propagation du Covid-19, ces points de passage qui devaient être surveillés comme du lait sur le feu, sont en réalité plus béantes que jamais. Avec la malheureuse bienveillance de ceux qui ont la responsabilité de les maintenir fermées au trafic humain, pour ne laisser rouler que les camions et autres véhicules de transports de biens et marchandises d’un pays à l’autre.

Or, hommes, femmes et enfants passent comme si de rien n’était, selon des stratagèmes savamment montés par ceux qui en profitent. Il suffit de connaître le langage des espèces sonnantes et trébuchantes pour circuler, et sans aucune précaution sanitaire. Le seul geste barrière qui peut empêcher le passage pour le voyageur est le refus de sa part de glisser subrepticement, le droit de passage. Même que parfois, tout se fait au grand jour, la pratique étant généralisée.

Sinon, comment la fameuse jeune femme est ses compagnons de voyage ont-ils pu descendre des hauteurs du Fouta, pour se retrouver en toute tranquillité sur les berges de la lagune Ebrié? Le pire est que ce sont les mêmes chargés de maintenir ces frontières fermées, ou d’y réguler le passage, qui se muent en convoyeurs de marchandises et surtout d’humains, tous potentiels porteurs des virus les plus redoutés. Comme Ebola, Covid-19, influenza aviaire H5N1, etc. Certes, en plus des voies de passage officielles, d’autres pistes sinueuses et bien dissimulées, sont empruntées par les hors-la-loi, pour échapper à la vigilance des forces de l’ordre. Mais si les autorités le veulent, elles peuvent, et doivent, mettre le holà à ses pratiques qui mettent constamment la vie des populations en danger.

Du reste, toutes les frontières, notamment en Afrique de l’ouest sont frappées par ce virus de la corruption, plus vieux que les virus de la grippe aviaire, du Covid-19 et d’Ebola. Transformées en passoires pour de vils intérêts, égoïstes et très personnels, ces lignes de démarcation que l’Afrique a hérité de la colonisation et qui ont divisé carrément des familles, des groupes ethniques, des entités linguistiques et des peuples tout entiers. Mais ceux qui nous dirigent étant eux-mêmes devenus des commerçants, difficiles pour eux de chercher à ôter la paille qui est dans l’œil des gardes-frontières sans attirer l’attention sur la poutre qui est dans le leur.

L’heure est d’autant plus grave que, à l’instar des autres pays du monde, la Côte d’Ivoire fait face au Covid-19, une pandémie qui a mis l’économie mondiale au pas, en plus de provoquer mort et désolation sur son passage. D’ailleurs, après avoir été combattu plus ou moins avec une certaine efficacité, surtout grâce au respect des mesures barrière, le virus à couronne refait surface sous les tropiques, dans une troisième vague dite plus meurtrière que les précédentes. Certes, contrairement aux déclarations de l’OMS qui prédisait l’hécatombe à l’Afrique, compte tenu du manque criard de médicaments et d’infrastructures hospitalières convenablement équipées, le continent a résisté, jusqu’ici, aux assauts mortels du virus, contrairement à l’Eutope et aux Etats-Unis.

Mais jusqu’à quand va durer cette résistance, surtout face aux variants violents, comme celui dit «Delta», au manque de vaccins et à la réticence des populations de se faire vacciner, avec le peu que l’Afrique a pu obtenir grâce surtout aux dons de ses partenaires et au mécanisme COVAX? Le défi est donc devenu triple pour la Côte d’Ivoire, d’arrêter la progression du Covid-19 et rendre le terrain difficile pour toute explosion d’épidémie de la maladie à virus Ebola et de la grippe aviaire. Tout ceci commence à faire un peu trop pour un pays déjà, livré au paludisme, la maladie, principale cause de consultations et de morts en Afrique.

Pour s’éviter toute surprise désagréable, il importe pour les pays voisins de la Côte d’Ivoire d’anticiper et mettre en, place un système efficace de riposte et surtout de prévention. Gouverner, c’est prévoir dit-on!

Par Wakat Séra