Les 30 ans des Editions «Le Pays», sont constitués de «haut et de bas mais dans l’ensemble tout est globalement positif», a déclaré le jeudi 30 septembre 2021, le fondateur du journal burkinabè, Boureima Jérémie Sigué qui veut «renforcer la qualité et le maintien constant de la ligne éditoriale» de son organe. Le fondateur du journal papier, M. Sigué, s’est exprimé lors d’un panel-débat autour des thèmes: «Contribution des médias à l’enracinement de la démocratie au Burkina» et «Traitement de l’information en temps de crise sécuritaire» à Ouagadougou.
Le 3 octobre prochain, soit dans trois jours, les Editions «Le Pays», auront atteint 30 ans d’existence. La presse écrite burkinabè pour marquer cette date organise une série d’activités en vue de commémorer sa longévité, son apport dans l’approfondissement de la démocratie et sa contribution dans le développement du Burkina Faso.
«Mais nous sommes dans un domaine très fluctuant car rien n’est jamais définitivement acquis»
Les trente ans de vie du journal privé Le Pays n’ont pas toujours été un long fleuve tranquille. Ces 30 années ont été faites de «péripéties parfois très épiques mais également de bonheur chaque fois que nous avons eu des sentiments de succès. C’est 30 ans constitués de haut et de bas mais dans l’ensemble tout est globalement positif », a jugé M. Sigué qui s’est félicité du parcours de son média. Il a mis cela à l’actif de tout le public, notamment les lecteurs des Editions Le Pays.
« Mais nous sommes dans un domaine très fluctuant car rien n’est jamais définitivement acquis. Nous continuons à demander le soutien permanent et au quotidien de tous pour avoir quelques garanties par rapport à l’avenir », a poursuivi le fondateur de Le Pays qui a laissé entendre qu’à l’occasion de la célébration des 30 ans de vie de son organe, lui et ses collaborateurs travaillent au «renforcement de la qualité et le maintien constant de la ligne éditoriale» du journal.
Pour lui, «ce n’est déjà pas facile dans les pays du Sud que de paraître même sur une année». «Alors 30 ans, c’est autre chose. Donc nos perspectives, c’est de maintenir et consolider l’existant. Deuxièmement nous allons envisager des moyens de solutions qui permettent justement d’assurer la pérennité de l’organe», a-t-il ajouté.
En plus d’être des thèmes d’actualité, la démocratie et la sécurité «intéresse toute la nation», a fait savoir Boureima Jérémie Sigué, martelant que «la démocratie, la consolidation de l’état de droit ou la sécurité sont des thèmes majeurs qui intéressent n’importe quel citoyen. La sécurité intéresse vivement toute la nation. En plus, ces deux thèmes n’ont jamais été des biens définitivement acquis. La sécurité comme la démocratie est un combat permanent», a justifié M. Sigué sur les thèmes de ce panel entrant dans le cadre de la célébration des 30 ans de son journal.
La perception de l’opinion sur l’apport des médias dans la lutte contre l’insécurité est «un sentiment légitime»
Sur le fait que certaines personnes pensent ou affirment que les médias ne font pas assez pour ces deux thèmes, notamment celui de la sécurité si chère aux Burkinabè qui font face à l’hydre terroriste, Boureima Jérémie Sigué a signifié que «c’est un sentiment légitime». «En matière de sécurité et de démocratie, les bénéficiaires ont toujours l’impression que ce n’est pas assez et c’est normal», a-t-il dit, continuant que «le jour où ils vont dire que c’est assez, il faut plutôt même s’en méfier et s’interroger ».
Pour le fondateur de Le Pays, ces deux sujets sont donc des combats permanents. « Alors ils ont raison d’avoir ce sentiment mais nous aussi avons la raison de croire que le combat ne s’arrête pas aujourd’hui ni demain», a-t-il conclu.
Les qualités humaines et professionnelles du fondateur des Editions Le Pays reconnues et saluées
Les deux communicateurs de ce panel-débat sont le Pr Serge Théophile Balima et l’ex-ministre de la Communication, Baba Hama, journaliste et écrivain de formation, avec comme modérateur Seydou Ouédraogo. Les trois communicateurs du jour ont rendu de vibrants hommages au fondateur des Editions Le Pays qui est «un grand homme» pour le Burkina Faso. Unanimement, ils ont reconnu que M. Sigué «a beaucoup contribué à bâtir la démocratie de ce pays ». Ils ont également apprécié le «courage» de Boureima Jérémie Sigué dont le journal fait preuve d’une «indépendance» en témoigne sa ligne éditoriale.
En gros, avant de rentrer dans le vif du sujet, les trois membres du présidium ont reconnu et salué les qualités humaines, techniques et professionnelles du fondateur des Editions Le Pays, considéré comme l’une des meilleures écoles de journalisme qui allie théorie et pratique au Burkina.
Prioriser l’indépendance et la pluralité dans le traitement de l’information
Les deux communications portant sur les thèmes: «Contribution des médias à l’enracinement de la démocratie au Burkina» et «Traitement de l’information en temps de crise sécuritaire» ont été denses. Dans sa communication, Pr Serge Théophile Balima a d’abord relevé que tout le monde comprend que les médias sont indispensables à la démocratie. Les organes de presse jouent un rôle de contre-pouvoir par leur critique constructive, selon le professeur de journalisme.
Serge Balima s’est ensuite félicité du fait que le Burkina ait réussi à éviter le piège de la presse va-t’en guerre malgré le bouillonnement politique que le Burkina Faso a connu et continue de connaître. Il s’est aussi réjoui du fait que les médias développent une culture de la responsabilité citoyenne parce que cela va, à n’en pas douter, renforcer leur contribution à l’approfondissement de la démocratie. Mais il a exhorté les médias à rester indépendants malgré les difficultés que le domaine vit.
Quant à Baba Hama, il a déclaré qu’en situation de crise, l’opinion comme les gouvernants ont tendance à penser que les médias amplifient la crise et que par conséquent, il vaudrait mieux les tenir un peu plus à l’écart des choses. Mais, ce serait une grave erreur si effectivement on en arrive là.
Fort de son point de vue, dans son traitement, ce que le journaliste doit affronter comme défis, c’est d’assurer «l’équilibre et l’exactitude». C’est un défi, a estimé le journaliste admis à la retraite dans la mesure où il lui est demandé de donner des informations exactes mais également de ne pas froisser l’un des camps que sont d’un côté l’opinion, et l’autre côté, l’autorité politique. L’ex-ministre de la Communication a souhaité que dans le traitement de l’information sécuritaire, que les rédactions acceptent la «pluralité des opinions sur toutes les questions».
Par Bernard BOUGOUM