Les enseignants recrutés au titre du Programme d’emploi des jeunes pour l’éducation nationale (PEJEN), observent du 6 au 7 février 2019, un arrêt de travail pour demander leur intégration. Pour la satisfaction de ses doléances, le bureau exécutif national a appelé les professeurs du PEJEN à se mobiliser durant les deux jours devant les directions régionales et provinciales de l’Education nationale et au sein des Hauts-commissariats pour faire entendre leur cri du cœur. Selon des témoins, cet appel a été entendu et la pression qui a commencé a permis déjà de régler les retards (deux mois) de paiements notamment dans la région des Hauts-Bassins.
A la rentrée scolaire 2016-2017 sous la gestion du professeur Filiga Michel Sawadogo, ex-ministre des Enseignements secondaire, supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, le gouvernement burkinabè avait recruté 4 200 professeurs dans le cadre de la première phase du PEJEN. Aujourd’hui ces deniers sont confrontés à un problème d’intégration, selon Assane Zoromé, secrétaire général adjoint du bureau exécutif national des enseignants du PEJEN.
Au début de ce programme, les enseignants recrutés avec au moins un BAC+2 au titre du Programme qui visait à réduire le manque d’enseignants et aussi du chômage, l’intégration à la Fonction publique des bénéficiaires doit se faire après que ces derniers ont passé trois ans sur le terrain. Les enseignants battent en brèche l’argument du gouvernement qui voudrait leur imposer « un test » pour les intégrations. « Pour nous ça ne passe pas », s’est voulu formel M. Zoromé.
Les professeurs « Koglwéogo » comme certains les qualifient avec dédain exigent des autorités, l’intégration de la première promotion mais aussi ceux qui ont au moins fait un an sur le terrain au regard des difficultés liées à l’’application du contrat. Ces enseignants soulèvent notamment des problèmes de textes.
« Quand on n’a un problème et on se rend au ministère de l’Education, on nous dit que nous ne sommes pas des fonctionnaires rattachés à leur département. C’est comme si notre existence n’est qu’une décision politique et n’est protégée par aucune loi », a déploré un enseignant joint au téléphone par Wakata Séra. Cet enseignant a aussi confié que certains de leurs responsables abusent des professeurs PEJEN en termes de temps d’enseignement et du nombre de matières à enseigner puisqu’aucun texte ne les protège.
La première des difficultés est que le « contrat n’est pas rattaché à une loi et ne nous garantit aucune protection sociale. La deuxième préoccupation concerne la rémunération. Nous avons 100 000 francs CFA par mois tout en sachant que dans le monde de l’éducation nous sommes confrontés à plusieurs difficultés », avait reconnu lors d’une conférence de presse M. Zoromé.
A cette occasion, Assane Zoromé avait signifié que les sacrifices consentis sur le terrain par les professeurs recrutés dans le cadre du PEJEN suffisent à justifier leur intégration sans aucune condition.
En rappel, le 1er octobre et le 6 novembre derniers, les enseignants PEJEN se sont massivement mobilisés devant le ministère de l’Education pour manifester et rappeler l’urgence de la satisfaction de leurs préoccupations.
De la rentrée académique 2016-2017 à 2018-2019, c’est environ 10 000 enseignants qui ont été recrutés dont environ 4 200 professeurs en 2016/17, suivi de 3 150 en 2017/18 et de 2 100 recrus en 2018/19.
Par Bernard BOUGOUM