La mosquée Al-Rawdah, qui a été visée par une attaque vendredi faisant au moins 235 morts dans le Nord-Sinaï en Egypte, était notamment fréquentée par des adeptes du soufisme, un courant mystique de l’islam que l’organisation Etat islamique (EI) considère comme hérétique. Voici le décryptage du journaliste du Monde, Madjid Zerrouky, spécialiste de l’EI.
« En décembre, l’émir de la Hisba, « police islamique » de l’EI dans le Sinaï, (l’une des plus hautes fonctions dans l’organisation djihadiste) menaçait les soufis dans l’hebdomadaire du groupe, Al-Naba : « Nous disons à toutes les [confréries], cheikhs et partisans soufis à l’intérieur et à l’extérieur du Sinaï que nous ne permettrons pas la présence d’ordres soufis au Sinaï ou en Egypte ». A l’appui de ces menaces, la décapitation de deux personnes pour appartenance au soufisme, dont le cheikh Soleiman Abou Heraz une figure soufie pour avoir « professé la connaissance de l’occulte ».
Dans le numéro 5 du mensuel du groupe, Rumiyah : l’émir est interrogé le long de 7 pages qui sont presque intégralement consacrées aux soufis : « Notre objectif principal est de mener une guerre contre les manifestations de l’idolâtrie, y compris le soufisme, la sorcellerie, la prédiction et le culte des tombes. » Il citait nommément la confrérie Al-Rawdah – du nom de la mosquée ciblée. « Dans le Sinai, il y a celle d’Al-Rawdah, à laquelle beaucoup d’autres sont affiliées ».
Les soufis sont considérés par les djihadistes comme des hérétiques, des idolâtres et polythéistes à cause de leurs hommages aux saints : leurs tombeaux deviennent des lieux de pèlerinage. Du Mali à l’Afghanistan, en passant par Mossoul, Rakka, ils ont dynamité des dizaines de mausolées soufis. »
Source/http://www.lemonde.fr/afrique/live/2017/11/24/en-direct-au-moins-155-morts-dans-un-attentat-dans-le-sinai-en-egypte_5219959_3212.html#J1m3Vfz6vIZd8rBL.99