Ils sont rentrés dans la dernière ligne droite qui conduit au jour tant attendue de l’élection présidentielle du 22 février 2020. Comme il le peut, chacun des sept candidats en course pour le fauteuil présidentiel est allé à la pêche aux électeurs. Certains avec des filets artisanaux qui pourraient avoir leurs limites au moment venu. D’autres, suivez mon regard, n’ont pas lésiné sur les moyens pour mener une pêche de haute mer, se donnant les chances de remplir les cales de leurs bateaux, de poissons, gros comme moins gros. Et, les poissons ont mordu à l’hameçon! En tout cas, ceux qui sont encore attirés par les promesses électorales n’ont pas marchandé leur temps pour suivre de bout en bout, les harengues de leurs champions. A côté, se trouvaient les curieux qui se sont promenés de rassemblements en manifestations, juste pour le plaisir.
Que dire de ceux qui ont été réellement séduits par les réalisations du président sortant, Faure Gnassingbé qui compétit à sa propre succession et défend un bilan que nombre de Togolais jugent satisfaisant? Mais non loin de ces mordus de la politique et partisans et contempteurs du régime en place, ils sont également nombreux, ces populations qui marquent un désintérêt total pour la chose politique, soit parce qu’ils sont désabusés des actes des dirigeants ou des opposants devenus gouvernants et font pire que leurs prédécesseurs, en matière de mal gouvernance.
Des fortunes diverses
Comment séduire un électorat de choix et surtout ratisser large et espérer accéder au fauteuil présidentiel ou tout au moins réaliser un score honorable? Ils y sont tous essayés, qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition, qu’ils s’appellent Faure Gnassingbé, Tchabouré Aimé Gogué, Komi Wolou, Agbéyomé Kodjo, Mouhamed Traoré Tchassona, Gorges William Kouessan, ou Jean-Pierre Fabre. Avec des fortunes diverses, ils affrontent des foules acquises à leur cause ou hostiles à eux.
Dans les villages comme dans les villes, dans leurs fiefs comme en zone ennemie, Faure Gnassigbé et ses challengers ont certes déroulé leurs promesses électorales qui, dit-on, n’engagent que ceux qui en font paroles d’évangile, mais ils ont essuyé également des critiques de populations amères qui, après avoir été abreuvées d’espoir durant les campagnes électorales précédentes continuent de végéter dans leur quotidien de précarité.
Dans leurs propres bleds, si des candidats ont reçu la promesse des leurs de voter pour eux par pure fibre ethnique, ils ont fait le constat que le pouvoir en place tient une longueur d’avance sur eux, le régime de Faure Gnassingbé, selon des témoignages de Togolais comme Atsou qui jouait tranquillement au football, en cette soirée de mercredi 19 février, sur la plage longée par la belle avenue qui borde la plage, ayant entrepris une véritable politique qui devrait permettre à la longue à la jeunesse de mieux s’épanouir. Paradoxalement, le jeu de 25 ans environ ne compte pas aller accomplir son devoir de citoyen le samedi 22 février prochain. «Moi je vais dormir devant le bureau de vote pour être l’un des premiers à glisser mon bulletin dans l’urne», assène Fifamè qui profitait de cette séance de foot des jeunes pour placer ses petits sachets d’eau de «pia water», plus correctement «pure water».
Des opposants bien discrets
Est-ce parce qu’ils n’ont pas reçu à temps les 42 millions de francs CFA, servis habituellement par l’Etat comme subvention pour mener la campagne électorale que les rues de Lomé sont presque désespérément vides de leurs posters? Sans doute! Car, en dehors des nombreuses photos de Faure Gnassingbé, dont les tee-shirts et même des voitures sont floquées, ou les affiches grandeur nature qu’ils partage dans certaines zones avec
l’opposant historique, Jean Pierre Fabre de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), les images autres candidats se découvrent par hasard, comme celle du Professeur Komi Wolou N°2 du Pacte socialiste pour le renouveau (PSR) ou de Agbéyomé Kodjo, ancien premier ministre du président Faure Gnassingbé et candidat chouchou de Monseigneur Philippe Fanoko Kossi Kpodzro, archevêque émérite de Lomé. Du reste, s’ils ont dû, pour la plupart revoir leurs ambitions à la baisse, ils n’acceptent pas pour autant d’avoir mené des campagnes a minima. Ils ont pu rencontrer leurs militants, que ce soit dans de petits meetings ou en excellant dans le «porte à porte» qui n’en ait pas moins porteur. Et s’il faut en croire les comptes-rendus réguliers de la FOSEP, la force spéciale chargée d’assurer la sécurité des élections, avant, pendant et après, en dehors de malentendus dans les occupations des lieux de meetings qui se chevauchent, parce qu’une bonne coordination n’aurait pas été observée, entre les organisateurs des rassemblements et les autorités.
En attendant samedi 22 février
Ainsi va le Togo en pleine campagne électorale qui n’empêche pas bien des Togolais de vaquer à leurs occupations dans un pays qui a résolument repris le chemin du développement. «Les Togolais savent maintenant où se trouve la vérité et les calomnies. Ils sont surtout fatigués des jeux malsains et des desseins inavoués des politiciens nostalgiques qui veulent se cacher derrière le passé pour faire freiner l’évolution du pays. La vérité des urnes est attendu le 22 février et pourvu que le perdant serre avec élégance, la main du vainqueur dans un Togo où la démocratie renaît difficilement de ses cendres.
Par Morin YAMONGBE, Envoyé spécial à Lomé