La Commission nationale des Droits humains (CNDH), a invité ce vendredi 27 décembre 2019 à Ouagadougou, les jeunes burkinabè à se faire «enrôler massivement» pour participer aux élections de 2020 et 2021, face à la presse.
La Commission nationale des Droits humains (CNDH) a organisé ce jour un déjeuner presse avec des responsables de la société civile intervenant dans le secteur des droits humains et des journalistes en vue de commémorer le soixante-onzième anniversaire de la Déclaration universelle des droits humains dans le monde (DUDH), placé sous le thème : « Les jeunes défendent les droits humains ». Les échanges ont permis de porter à la connaissance des participants, des informations sur la création, l’organisation et le fonctionnement de l’institution « indépendante » installée en 2018.
« Les échéances électorales de 2020 offrent une opportunité pour les jeunes de participer à la gestion des affaires publiques. La CNDH invite les jeunes à se faire enrôler massivement afin que le moment venu ils puissent surtout voter en leur âme et conscience ! », a déclaré le président de la Commission, Kalifa Yemboado Rodrigue Namoano. Au moment où le Burkina Faso est confronté à une crise sécuritaire sans précédent, ce thème interpelle sur le rôle que peuvent et doivent au demeurant jouer, les jeunes pour relever les nombreux défis en matière de droits humains occasionnés par le contexte du terrorisme et de la criminalité organisée, a rappelé M. Namoano.
« Les jeunes sont très affectés par cette situation, en témoigne le nombre d’écoles fermées pour menace qui entrave fortement l’accès à une éducation de qualité et les expose davantage à des enrôlements par les groupes armés non identifiés », a-t-il estimé, ajoutant qu’« ils constituent avec les femmes la grande majorité des personnes contraintes de fuir leur lieu d’habitation vers des espaces plus sûrs ».
Consciente que les violations des droits humains d’aujourd’hui sont les causes des conflits de demain, et qu’il est essentiel que les jeunes, qui auront la responsabilité de la gestion des affaires dans le futur, s’engagent en faveur des droits humains et de la cohésion sociale par leur participation, à tous les niveaux, la CNDH pense qu’il est plus que jamais nécessaire de généraliser l’éducation aux droits humains dans tous les ordres d’enseignement afin que la jeunesse développe une culture des droits humains fondée sur la tolérance et l’acceptation des différences. Toute chose qui est indispensable pour ériger en chacun une grille d’analyse contre les argumentaires favorables au terrorisme et à l’extrémisme violent.
Face à une certaine voix qui s’élève et qui dise que les droits humains ont reculé au Burkina Faso, le président de la CNDH a indiqué qu’ «il faut apprécier les choses en fonction de leur temps» et ne pas être « tranché » sur la question. La CNDH est « consciente qu’à l’heure actuelle il y a des questions très sérieuses qui n’étaient pas une réalité de par le passé. La question des violations liées aux attaques terroristes, la surpopulation carcérale qu’on a, (…), il y a une série de situations qui nous préoccupe au quotidien et qui interpelle », a reconnu le premier responsable de la Commission qui note que l’institution « n’a pas pour rôle de dire qu’il y a 20 ou 30 ans en arrière, on jouissait mieux des droits humains au Burkina qu’actuellement ». Du reste, a-t-il annoncé, « il y a des études en cours sur l’état des droits humains au Burkina qui va partir d’un certain temps ».
En termes de liberté d’expression, de presse et de la démocratie, si on prend en compte un ensemble de paramètres, on peut admettre aisément que les droits humains sont « mieux » de nos jours, selon Rodrigue Namoano qui a rassuré que la CNDH peut s’autosaisir d’une affaire, pourvu qu’elle ne soit pas déjà saisie par la justice.
La CNDH a pour mission, entre autres, de saisir les institutions compétentes des cas de violations des droits humains, à charge pour celles-ci de prendre les mesures nécessaires en vue de faire cesser ces violations ou engager des poursuites judiciaires contre leurs auteurs.
Par Bernard BOUGOUM