Ils sont 6 492 868 inscrits sur le fichier électoral qui, en principe, prendront d’assaut plus de 21 000 bureaux de vote installés sur le territoire national, soit dans les endroits épargnés par la couleur rouge, caractéristique des zones sous menace terroriste avérée. C’est dans l’ambiance bon enfant qui a prévalu durant la campagne électorale, malgré les piques acérées lancées comme à l’accoutumée par les protagonistes, que les électeurs devraient accomplir leur devoir citoyen. Ils auront à désigner le futur président du Faso, entre 13 candidats, dont un indépendant, Claude Aimée Tassembédo, et le chef de l’Etat sortant, Roch Marc Christian Kaboré, candidat à sa propre succession.
Si seule pour Dame Monique Yéli Kam, qui se retrouvera dans une arène de gladiateurs, l’élection se conjuguera au féminin, la candidate ne croit pas moins en ses chances. A défaut de ceinture, elle entend nouer, ferme, le pagne pour, non pas que défendre la place peu envieuse de la femme dans une société burkinabè très phallocrate, mais recoudre le tissu socio-économique du «pays des Hommes intègres» mal en point, résoudre le problème de l’emploi des jeunes, et surtout trouver une solution à la difficile équation, à plusieurs inconnues, de l’insécurité qui plonge, au quotidien, l’armée nationale et les populations civiles burkinabè dans le deuil et la désolation.
Mais, tout comme les autres concurrents en piste pour le palais présidentiel de Kosyam, pour qui la lutte contre le terrorisme et le combat pour la réconciliation nationale, constituent l’épine dorsale des programmes de campagne, l’unique femme en compétition, ne pourra pas compter sur les voix des nombreux déplacés internes pour fait d’insécurité au Burkina. Ils sont, aujourd’hui, plus du million qui ont dû fuir leurs villages, abandonnant derrière eux, biens et terres. Leurs préoccupations actuelles sont donc loin des bureaux de vote, même si leur vœu ardent et que le prochain président du Faso, trouve la clé idoine pour déloger les terroristes et bandits de tout acabit qui se sont sanctuarisés dans le Sahel, le Nord, l’Est et bien d’autres régions du Burkina.
Plus qu’un simple marronnier politique quinquennal, les élections de ce 22 novembre, qui, en plus de la course à la présidentielle, permettront aux Burkinabè de choisir, pour la prochaine législature, les 127 députés parmi plus de 10 000 candidats issus de 126 partis politiques et figurant sur 1567 listes, sont un véritable nouveau départ pour les Burkinabè, qui demeurent assoiffés de justice sociale, de paix et de mieux-être, depuis l’insurrection populaire d’octobre 2014. Le changement dans la continuité ou une nouvelle ère politique? La question est de mise, dans cette élection ouverte où les uns sont convaincus de réaliser le coup KO alors que d’autres, croient dur comme fer qu’ils sont en mesure de prendre la place du khalife, comme l’a longtemps désiré, le grand vizir Iznogoud.
Le dimanche 22 novembre sera donc plus que jour de culte pour les fidèles chrétiens, tout comme ce vendredi 20, qui marque la fin de la campagne électorale, est plus que simple jour de prière pour les musulmans. En tout cas, les candidats, qu’ils soient de l’opposition où de la majorité présidentielle, sont certains d’avoir un fidèle observateur qui, après avoir été de tous les meetings électoraux, s’apprête sans doute à rendre visite à tous les bureaux de vote. Car le Covid-19, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’a manqué aucun des nombreux rassemblements auxquels ont pris part, des milliers de personnes, qui ont malheureusement foulé aux pieds, dans une totale allégresse, les simples mesures barrière de lavage de mains et de port de masque, à défaut de respecter la distanciation physique. Bon vote à tous, mais prudence!
Par Wakat Séra