Le Mouvement Agir ensemble pour le Burkina Faso, parti politique portant la candidature à l’élection présidentielle de 2020 de l’ex-Premier ministre, Kadré Désiré Ouédraogo, a animé ce mardi 21 janvier 2020, une conférence de presse à Ouagadougou pour signifier que la gouvernance des quatre ans du pouvoir du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) «a échoué puisque tous les indicateurs sont au rouge». Ce mouvement né le 7 septembre 2019 dit se poser en «alternative crédible» pour les scrutins présidentiel, législatif et municipal que le pays organisera cette année.
Les dirigeants du Mouvement agir ensemble pour le Burkina Faso estiment, après un «diagnostic sans complaisance», que «l’heure est grave, si grave que nulle ne sait de quoi demain sera fait». Aux difficultés du quotidien et des processus démocratiques en construction, sont venues s’ajouter des crises d’une «extrême complexité qui ont de toute évidence désarmé le pouvoir en place» au point que le slogan «Plus rien ne sera comme avant» de la ferveur des années 2014-2015 ayant renversé le régime du président Blaise Compaoré, qui a bercé les rêves de millions de Burkinabè emportés par la fièvre des changements, est devenu «plus rien ne va comme avant», a fustigé le président du parti, Boubacar Diallo.
Sur les élections annoncées pour cette année 2020, le parti qui soutient Kadré Désiré Ouédraogo y voit trois défis majeurs qui se présentent au pays. Il s’agit de «la tenue des élections à bonnes dates, leurs équités, leurs transparences et le vote des Burkinabè de l’étranger». A cet effet, a précisé le président de ce parti qui a insisté que la classe politique dans son ensemble est «interpellée car (le) peuple souffre trop pour pouvoir supporter une autre crise qui viendrait de son incapacité à résoudre les problèmes techniques et moraux liés à la parfaite organisation de ces deux scrutins».
Selon les conférenciers, incontestablement la question sécuritaire, qui se décline sous l’angle du terrorisme, des conflits intercommunautaires et du grand banditisme, est au centre des préoccupations du peuple. «Si on note avec un réel espoir, la montée en puissance de nos Forces de défense et de sécurité, on note aussi avec désarroi l’augmentation sensible du nombre des victimes avec un nombre croissant de victimes civiles alors que des appels à l’union de toutes les filles et de tous les fils du pays pour faire face à l’hydre terroriste montent toujours et avec plus d’acuité, ce qui est une preuve du divorce de notre peuple d’avec les dirigeants actuels», a affirmé le secrétaire général du Mouvement agir ensemble pour le Burkina Faso, Djim Ouattara.
Il a poursuivi en disant le défi sécuritaire, pose comme prémices à résoudre, la question de l’unité de notre nation, partant de là, celle de la réconciliation nationale, un sujet devenu un véritable serpent de mer qui se mord la queue sans cesse. «Si nous sommes tous d’accord que sans l’unité nationale il serait illusoire de penser vaincre les terroristes et de venir à bout des conflits intercommunautaires et qu’on ne peut pas concevoir cette unité sans la réconciliation nationale, que faut-il déduire de l’inaction actuelle des autorités de notre pays sur ce chapitre ?», s’est interrogé M. Ouattara.
Pour ce faire, le mouvement appelle les autorités nationales à amorcer des actions concrètes pour poser les bases de cette réconciliation nationale autour d’une même table afin de produire une feuille de route claire à ce sujet. La recherche de la paix et de l’unité nationale doit être inclusive et sans tabou, selon les conférenciers. Le mouvement demande le «retour de tous les exilés sans exception, et la mise en route de la justice transitionnelle en suspens depuis des mois alors qu’elle a été adoptée par le Haut Conseil pour la Réconciliation et l’Unité nationale (HCRUN)».
Le Mouvement agir ensemble pour le Burkina Faso créé officiellement à Bobo-Dioulasso le 7 septembre 2019, est la fusion de deux mouvements de la société civile et d’un parti politique. Ce parti dit s’inscrire «résolument et hardiment» dans l’opposition avec pour ambition, en portant Kadré Désiré Ouédraogo au pouvoir à l’issue de l’élection présidentielle à venir, de «mettre fin au processus de dégénérescence de notre pays qui traverse depuis un certain temps les crises les plus graves de son histoire».
A ce jour, ce parti qui accueille de nombreux militants du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) affirme avoir couvert «trois quart ¾ des provinces» par ses sections, tandis que les sous-sections sont en cours de création. A peine né, le Mouvement Agir ensemble a mis le cap sur son objectif principal à atteindre en cette année, à savoir «la victoire aux élections de 2020, une véritable œuvre de salubrité publique car il s’agit de redonner à notre peuple sa dignité, à notre pays son rayonnement et à notre avenir un sens».
Par Bernard BOUGOUM