L’honorable Moussa Zerbo, député du groupe parlementaire Union pour le Progrès et le Changement (UPC), porte-parole de la deuxième force politique du Burkina Faso, a dit dans une interview à Wakat Séra que son parti n’a pas encore fait d’ « alliance » avec un autre parti. Le secrétaire adjoint en charge des questions électorales au niveau du bureau exécutif central de l’UPC aborde sans langue de bois, des questions d’actualité nationale dont le Code électoral querellé depuis son adoption fin juillet 2018.
Wakat Séra: Que peut-on retenir comme actualité au sein de l’UPC?
Moussa Zerbo: Comme vous le savez, on vient de tenir notre dernier congrès (fin juillet dernier). Ce rassemblement nous a permis d’opérer beaucoup de modifications internes au parti (qui sont entre autres) un bureau exécutif central qui est le plus haut niveau des instances. Ce bureau est composé d’un nombre assez réduit pour pouvoir gérer au quotidien les problèmes du parti. Donc les membres de ce bureau se réunissent chaque semaine pour pouvoir prendre les grandes décisions contrairement aux autres instances du parti. Nous avons aussi décidé de la création d’un centre de formation qui se chargera d’assurer tout ce qui est formation aussi bien des militants à la base qu’au niveau des sommets. Donc ça c’est des innovations majeures qu’on a apportées et aussi nous devons décider d’octroyer des distinctions honorifiques à certains camarades pour leur dynamisme.
En termes d’actualité également, vous savez que notre président (Zéphirin Diabré) est le Chef de file de l’opposition politique (CFOP) et à ce titre-là nous menons beaucoup d’activités avec les autres partis de l’opposition. L’actualité aussi, c’est le Code électoral (qui a été voté fin juillet dernier et promulgué le 23 août dernier) que vous n’ignorez pas. L’UPC à travers son propre groupe parlementaire à l’Assemblée nationale est partie prenante de tout ce qui est action entreprise actuellement pour pouvoir dénoncer en tout cas, les faiblesses et les lacunes que nous avons relevées au niveau du Code électoral.
Justement, que répondez-vous, sur le Code électoral, à ceux qui estiment que l’opposition, en l’occurrence l’UPC ne mène pas le bon combat ? Ils vous suggèrent plutôt de militer pour que les Burkinabè de la diaspora aient les pièces (Carte nationale d’identité burkinabè, CNIB et passeport) reconnues par le texte législatif ?
Dire que nous ne menons pas le bon combat, c’est méconnaître l’objet de notre lutte. Si vous prenez la déclaration de notre conférence tenue (le 11 août 2018), vous verrez clairement énumérés les points qui constituent notre combat. Il ne s’agit pas seulement d’un combat autour d’une carte consulaire. La carte consulaire n’est qu’un élément des problèmes que nous posons. De la question de l’enrôlement qui consiste à recenser des gens qui sont en âge de voter à l’approche des élections et de les appeler téléphoniquement pour leur dire vous êtes en âge de voter, nous avons dit, ce n’est pas que nous doutons de l’Office national de l’identification (ONI) mais nous disons tout simplement que techniquement ce n’est pas possible et cela allait ouvrir la voie à une fraude électronique massive.
Sur le Code électoral nos préoccupations portent sur trois points. Il s’agissait de la carte consulaire, les inquiétudes sur l’enrôlement et l’article 265 du Code électoral qui permettait à l’intérieur même du Burkina ici que des gens puissent voter avec des actes de naissances, des permis de conduire. Cet article dit que tous ceux qui se sont inscrits avec une pièce autre que la CNIB sont autorisés à voter avec les pièces qui ont servi à l’inscription jusqu’en 2021. Nous avons posé à côté à savoir entre un permis de conduire, un acte de naissance, un carnet de vaccination ou un carnet de famille comparé à la carte biométrique qu’est-ce qui est plus fiables? Un permis de conduire n’a jamais dit quelle est la nationalité de son détenteur. Un carnet de vaccination ou un carnet de famille ne dit rien absolument sur ça également. Nous avons relevé tout cela lors de notre conférence de presse. Nous trouvons que les arguments du gouvernement ne volent pas haut. Je suis passé sur plusieurs plateaux de médias où j’ai signifié notre position qui n’a pas varié sur ces questions mais ceux qui nous critiquent mettent ça à l’écart et accusent l’opposition.
Notre combat vise simplement à montrer la légalité, la régularité parce que le décret du 31 juillet 2013 adopté en Conseil des ministres, est très clair aussi sur la carte consulaire qui est belle et bien valable pour les élections. En 2013 c’est ce qui avait été décidé que c’est cette pièce qui devait servir pour le vote de nos compatriotes de la diaspora. Donc aujourd’hui c’est un faux débat que de vouloir remettre en cause la carte consulaire.
Après votre bataille judiciaire sur le port des symboles de votre parti par l’UPC-RD (UPC Renouveau démocratique), un groupe constitué par 13 de vos députés, vous êtes sortis vainqueurs. Est-ce qu’avec cette décision de la justice, vous n’excluez pas de fait, l’UPC RD qui se réclame toujours de l’UPC ?
L’UPC n’a exclu personne. Nous avons tout simplement dit que seul le BEN (Bureau politique national) a quitus d’autoriser la création ou toute autre action au nom et pour le compte de l’UPC et l’accord doit être donné par le BPN (Bureau politique national). Il vous souviendra que la création du groupe parlementaire UPC n’a pas été une volonté du parti, ni autorisée non plus par le BPN ni par aucune instance du parti. En ce moment vous comprenez aisément que c’est un acte d’indiscipline, j’allais dire à la limite un comportement de délinquance au sein d’un parti que de vouloir au sein de l’Assemblée nationale, créer un groupe parlementaire sans l’avis de ces instances-là. Les textes de l’Assemblée nationale (précisément) son règlement intérieur qui a valeur de loi autorise des députés au nombre de dix à créer un groupe parlementaire mais ce groupe ne se crée pas avec un nom d’un autre parti politique. C’est ce côté qu’ils n’ont pas exploité.
Sinon nous convenons qu’à l’Assemblée nationale des partis politiques se sont coalisés pour créer des groupes. Il y a le groupe Burkindlim (regroupant des partis alliés à la majorité) et le groupe Paix, justice et réconciliation nationale (PJRN, formé par des partis de l’opposition) mais qui ne portent pas le nom d’un parti politique. Mais si vous décidez délibérément de prendre le sigle qui est un bien privé d’un parti politique, qui n’a pas autorisé qu’on utilise son sigle au nom d’un groupe parlementaire, comprenez qu’on avait même pas besoin d’aller en justice et que ces bonhommes devaient comprendre d’eux-mêmes qu’ils ne pouvaient pas utiliser le nom UPC ni continuer à utiliser son logo même s’ils se réclament du parti. Si vous êtes du parti, demandez l’autorisation au parti pour la création de votre groupe parlementaire. Là, l’utilisation de ses symboles serait de fait parce que c’est le parti qui l’a autorisée.
Quels sont les rapports entretenus entre l’UPC et le CDP ?
Je ne sais pas trop quand vous parlez de rapports à quoi vous faites allusion? Mais il faut avoir le courage de dire que quelque part souvent, nous faisons preuve de mauvaise foi. Au niveau du CFOP, il n’y a pas que le CDP, il y a plusieurs autres partis. Maintenant comme nous le disons tantôt, il faut avoir le courage de l’avouer, le CDP est la troisième force politique du pays et qui a fait une demande expresse pour s’affilier au CFOP. Partant de ce fait, le CDP devient membre à part entière du CFOP qui a un objectif précis, un agenda, un programme d’activités. Donc le CDP se retrouve dans ce même programme d’activité avec le même agenda au même titre que les autres partis de l’opposition. Les rapports ne peuvent qu’être que politiques au niveau de l’institution chef de file de l’opposition.
Au sortir de notre congrès il est clairement écrit dans nos textes que l’UPC n’exclut pas l’éventualité de lier des alliances avec des partis pour aller aux élections de 2020. C’est autorisé par nos textes mais jusqu’à preuve du contraire nous n’avons pas fait d’alliance avec aucun parti. Donc nos rapports ne peuvent être plus ou moins que des rapports dans le travail au niveau du CFOP.
On vous accuse également de laisser actuellement le terrain politique au MPP qui se dit « confiant » pour briguer encore la magistrature suprême en 2020, que répondez-vous à ces personnes qui sont même souvent militants et sympathisants ?
L’UPC est sereine parce que l’échec du MPP est un fait réel et ce sentiment de désaveu est partagé par la population. Vous voyez que leur candidat est sorti de façon prématurée pour s’autoproclamer candidat du parti. Cela même est une faute grave en ce sens que pour un parti sérieux, c’est une instance qui désigne le candidat et l’investit. Mais quel est ce parti en moins de deux ans de mandat dont le président de la République qui doit observer une certaine neutralité sort et déclare sa candidature sans qu’il n’y ait eu une instance préalable de son parti pour le désigner. S’ils sont en campagne actuellement, reconnaissez avec nous qu’ils sont dans l’illégalité totale puisque la campagne n’est pas ouverte. Le président s’est autoproclamé candidat et tous ses ministres sont en campagne, oubliant l’essentiel qui est la résolution des préoccupations des Burkinabè. L’insécurité ne fait que s’aggraver de jour en jour, on tue nos enfants, nos frères sans que personne ne dise mot au nom d’une campagne pour se faire réélire en 2020. Est-ce que vous pensez que pour quelqu’un qui aime son pays peut se mettre dans cette posture ?
La dernière fois, c’était une malheureuse coïncidence peut-être mais, pendant que le président était en train de se trémousser dans des salons feutrés lors du mariage de son fils, au même moment, des enfants d’innocents burkinabè étaient en train de se faire foudroyer par des mines (artisanales placées par des assaillants) à l’Est du pays. Et c’est ce type de Burkina-là qu’on veut pour nous ? C’est ce type de dirigeants qu’il nous faut ? Autant de questions que nous nous posons vu que chaque semaine, le peuple burkinabè est endeuillé.
Moi je pense qu’un bon chef de l’Etat qui aura mené très bien son programme à terme n’a même pas besoin de battre campagne parce qu’il sera plébiscité par son peuple. C’est parce que justement, il y a une perte de vitesse, le peuple est déçu, qu’on pense que c’est en faisait des opérations de charme qu’on va les adouber. Voyez un peu ce qui se passe. C’est des dons par ci par là et d’ailleurs sur les mêmes fonds publics sinon personne ne prendra son salaire pour aller offrir des tonnes et des tonnes de vivres aux populations. Ils ont eu ces ressources là où ? Donc vous comprenez que c’est un vol organisé, un pillage, un détournement organisés pour maquiller justement quelque chose.
Voulez-vous faire allusion aux dernières sorties médiatiques de Alassane Bala Sakandé, président de l’Assemblée nationale qui pourtant sont bien appréciées par certains citoyens ?
Si vous avez l’occasion, posez la question à Bala Sakandé, est-ce que c’est son salaire de député que nous touchons ou bien sur quel fonds, il fait ses dons. Sinon à ce qu’on sache, moi je suis sixième secrétaire parlementaire à l’Assemblée nationale, je suis membre du bureau de l’Assemblée, je dis et je le répète, je n’ai jamais été informé à un moment donné en tant que membre du bureau de dons de ceci ou de cela quelque part. C’est du populisme, c’est une campagne déguisée et il faut avoir le courage de le dénoncer.
Quelle appréciation faites-vous sur le retrait des enfants en situation de rue, engagé par le ministère en charge de l’Action sociale ?
Le pouvoir en place a toujours l’art de ne pas planifier ses projets. Un projet se construit, se discute, on essaie de voir l’échéancier, la mobilisation des ressources avant sa mise en œuvre. Dès qu’on a applaudi l’initiative, automatiquement, les gens ont été désenchantés. On s’est rendu compte que c’était du populisme à la limite. C’est une action qui n’a pas été mûrement réfléchie. Nous on aurait compris que ce soit une ligne budgétaire qui soit inscrite au budget de l’Etat, à l’Assemblée nationale personne ne refuserait de voter pour qu’on puisse adopter cela et enlever ces enfants de la rue, action qui participe de la lutte contre la pauvreté, on aurait tous salué cela. Malheureusement, on s’est rendu compte que c’est les charrues avant les bœufs comme d’habitude. Comment peut-on vouloir une chose et son contraire? Vouloir retirer les enfants de la rue pendant que vous n’avez même pas pris le temps nécessaire de voir combien il faut et comment mobiliser les ressources de votre politique. Vous lancez l’appel et maintenant vous faites appel à contribution. Non ! On est un peuple solidaire, je pense que l’initiative est très bonne mais malheureusement le projet n’a pas été bien réfléchi. C’est ça au moins qu’on peut reprocher à la ministre Laurence Marshall Ilboudo. Sinon c’est une loi qui n’est pas de maintenant. Elle veut seulement passer à son application mais malheureusement je me répète, ça n’a pas été bien pensé.
Vous êtes connu aussi pour être celui qui fait régulièrement des appels pour la prise en compte de la région de l’Ouest notamment la ville de Bobo-Dioulasso, ne craignez-vous pas qu’on vous taxe de régionalisme ?
Je suis vraiment au regret quand j’entends cela parce que dans mes tribunes ou autres canaux, quand vous me lisez je ne me suis jamais cantonné sur une seule localité. Il y a eu peut-être des coïncidences à un moment donné sinon ce n’est nullement mon intention. Parlant des questions des industries à Bobo-Dioulasso, je rappelle que cette question a été traitée au plan national par mon parti à savoir comment donner l’image de la capitale économique à Bobo-Dioulasso. Comment relancer l’économie de Bobo qui est la capitale économique ? Cela a fait l’objet d’une journée parlementaire au niveau de l’UPC mais aussi bien d’autres partis en ont parlé. Je suis de cette région c’est vrai mais je dis tout simplement que quand j’ai défendu la question de l’usine de textile qu’il fallait l’installer à Bobo-Dioulasso vu que la Société des fibres et textiles (SOFITEX) est à Bobo-Dioulasso et que c’est la zone SOFITEX qui produisait le coton plus que les autres régions, je ne vois pas ce qui est anormal ou régionaliste. J’ai trouvé que la matière première était disponible dans cette région et il y avait non seulement de l’eau pour traiter les produits mais aussi, géographiquement pour joindre aussi bien le port que les autres pays, c’était l’endroit idéal. On s’est rendu compte que trois quarts des industries sont installés dans la capitale politique Ouagadougou avec les pénuries d’eau et d’énergie que nous avons. C’est une injustice. Je n’ai fait que rétablir des faits, on ne communique pas assez sur ça. Et j’ai dit tout simplement que dans une capitale économique, l’industrie devait être développée. On se rend compte que l’industrie est en train de mourir.
Mon nom de famille c’est Zerbo, je suis de la Boucle du Mouhoun, mon origine c’est là-bas. Je suis plus précisément de Tougan. Si je disais allez y construire des usines à Tougan ou Dédougou ou autres (localité de la région de la Boucle du Mouhoun), on pourrait me taxer de régionaliste ou d’ethniciste). Bobo-Dioulasso appartient à des Bobos et des Dioula. Moi Samo, en quoi on peut me taxer de régionaliste ou d’ethniciste chez des Bobos. Il n’y a rien comme logique pour ceux qui tiennent de tels discours. Et quand j’ai parlé des questions de route, j’ai évoqué le cas de la RN1 qui était un problème, tout le monde était d’accord. J’ai parlé du problème des ralentisseurs sauvages, ça c’est tout le Burkina et non seulement Bobo-Dioulasso.
Mon combat à ce niveau vise seulement à faire comprendre que quand un industriel vient et il veut installer une société de transformation de purée de pomme de terre, personne ne dira d’aller installer ça à Bobo-Dioulasso. On va lui dire d’aller à Ouahigouya. Si ça concerne les tubercules et autres, on va dire allez-y au Sud-ouest parce que c’est là-bas que les tubercules sont produits énormément. Nous disons seulement qu’il faut que le développement soit harmonisé. Aujourd’hui s’il y a un problème au Sahel nous allons parler de ce problème. Qu’un industriel vienne ici qu’il veut installer une usine de conditionnement de viande en boite de conserve et qu’on lui dise d’aller installer à Bobo-Dioulasso je peux aussi m’opposer en disant vous faites fausse route puisque notre bétail vient du Sahel. C’est du réalisme mais les gens ne veulent pas comprendre surtout quand ça vient de l’opposition.
Que retenez- vous de l’ex-président de l’Assemblée nationale du Burkina, Salifou Diallo, décédé il y a un an ?
Vous me permettrez de m’incliner sur la mémoire de l’homme qui a été un grand collaborateur pour nous ici à l’Assemblée nationale. C’est quelqu’un qui avait de la vision pour l’Assemblée nationale et pour son pays. Je suis Africain et pour nous Africains, nous disons, vous pouvez avoir connu des soucis mais une fois que l’être n’est plus, nous disons que nous avons pardonné et nous laissons passer tout ce qui est acte négatif. Ce qu’il y a de positif, c’est ce que nous disons et il faut que les gens puissent comprendre cela. C’était un grand travailleur à l’Assemblée ici, un homme qui cherchait le consensus autour de lui. Opposition comme majorité, Salifou Diallo a toujours cherché à concilier toutes les positions. Raison pour laquelle, pour la première fois nous avons vu l’opposition qui occupe au niveau des instances dirigeantes de l’Assemblée, le poste de deuxième vice-président. On n’avait jamais vu cela. C’est sous son leadership que tout cela s’est passé et l’opposition s’est retrouvée avec près de trois postes de vice-présidents.
Aussi, pour les présidences des commissions, l’opposition a des commissions et à chaque fois il disait que c’était un quota. Lorsqu’il devait voyager, il ne choisissait pas dans les commissions pour les groupes parlementaires. Ce sont des correspondances qu’il adressait aux présidents des groupes parlementaires parce qu’il disait officiellement où il partait et les groupes parlementaires proposaient des personnes pour faire partie de sa délégation. Mais aujourd’hui, nos présidents de groupes parlementaires ne savent pas quand est-ce que le président est à l’extérieur. Ils ne savent pas qui et qui sont de sa délégation parce qu’ils ne sont pas associés. C’est ça aussi la réalité de la gestion après Salifou Diallo et il faut que nous ayons le courage de le dire. Salifou Diallo quoi qu’on le traitait de dictateur, nous reconnaissons en lui un bosseur, quelqu’un qui travaillait, qui aimait ce qu’il faisait même si en tant qu’opposant nous l’avons toujours critiqué, trouvé même qu’il en faisait trop à un certain moment donné. Mais à côté, nous reconnaissons que c’est quelqu’un qui tenait vraiment à la représentation nationale.
Par Bernard BOUGOUM