Ce 15 juillet est jour d’élection présidentielle au Rwanda, et comme c’est le cas depuis 1969, les électeurs désigneront également leurs députés au titre des législatives qui se déroulent simultanément. Ce sont un peu plus de 9 millions d’électeurs, dont plus de 3 millions de jeunes, qui procèderont, du 14 au 16 juillet, au choix de 53 députés et du prochain président de la république. En ce qui concerne le fauteuil présidentiel, c’est «zéro stress» pour le président sortant qui passera, sans aucun doute une nuit tout aussi tranquille qu’une journée paisible. Paul Kagame, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ne remplira qu’une simple formalité, car il est certain de succéder à lui-même et rempiler pour un nouveau, pardon, un énième mandat de cinq ans.
«Il n y a rien en face, devant c’est maïs», comme l’affirment nos voisins ivoiriens pour dire que la voie est libre et totalement dégagée. Et c’est tant mieux pour le Rwanda où, contrairement à d’autres pays africains, élections ne riment pas avec guerre ou une quelconque violence. Tous les Rwandais et Rwandaises savent qui doit être président. Tous, sauf encore quelques opposants invétérés qui se disent qu’ils peuvent lorgner encore du côté du palais présidentiel, feignant d’oublier, probablement par excès d’optimisme, que l’occupant n’en n’est plus locataire, mais propriétaire pour longtemps, peut-être à vie. Les multiples réformes et référendum pour tailler la constitution sur mesure pour Paul Kagame et son parti le Front patriotique rwandais (FPR), en ont décidé ainsi.
Frank Habineza, Diane Rwigara, ou encore Victoire Ingabire, tout comme les organisations de défense des droits de l’homme, continuent de pousser des cris d’orfraie et une indignation sans limite, tout se passe et se passera sans doute longtemps encore, selon le bon vouloir du prince du jour. Paul Kagame demeure le maître incontesté du temps et ce n’est pas Frank Habineza qui dira le contraire, lui qui s’est encore lancé dans la course présidentielle pour cette année. Avec Philippe Mpayimana, le candidat accepté, alors que les autres ont été mis hors-jeu, affrontera encore Paul Kagame, sans aucun espoir de le vaincre. Tous les atouts sont dans les mains du leader du FPR qui sait utiliser, à merveille, l’épisode sombre du génocide rwandais du 7 avril au 19 juillet 1994, pour s’ériger en seul acteur de la stabilité d’un pays qui veut tourner définitivement la page de l’horreur.
De plus, avec Paul Kagame qui, possède, il faut le reconnaître, une vision bien élaborée du développement, de la redevabilité, de la lutte contre la corruption et du commerce entre Africains à travers la Zone de libre échange continentale africaine (ZLECAf), le Rwanda et le continent noir peuvent aspirer à une autre vie que celle de la soumission au diktat de certaines puissances occidentales et jouir des retombées de la souveraineté et du commerce équitable. Certes, il a toujours nié cette accusation de soutenir le M23 qui marche dans le sang des Congolais de la République démocratique du Congo (RDC), mais c’est une tâche noire dont pourra se débarrasser difficilement l’homme mince de Kigali. Sauf que c’est de la politique internationale, sans impact sur des élections nationales!
Mais, problème pour le Rwanda, tout tourne autour de l’omnipotent président et logiquement, il faut craindre l’après Kagame. En attendant, en dehors des opposants purs et durs, tout va pour le mieux pour Paul Kagame, dans le meilleur des Rwanda possibles.
Par Wakat Séra