C’est fait! Comme il fallait s’y attendre, le Parti congolais du travail (PCT) a raflé la mise des législatives. Point donc de surprise, le parti de Denis Sassou Nguesso ayant juste confirmé son avance du premier tour du 16 juillet 2017, qu’il a remporté avec 72 élus. Pour le second tour, du 30 juillet, le PCT s’est attribué 18 sièges de plus. Mieux, le parti au pouvoir pourrait augmenter son gain, le jour que le scrutin sera organisé dans les circonscriptions de la région du Pool, où le vote a été reporté sine die pour cause de violence. La mainmise du régime Sassou sur les institutions politiques congolaises ne fait l’ombre du moindre doute. Elle est si évidente que malgré les jérémiades d’une opposition muselée et les murmures d’une société civile inexistante, Denis Sassou Nguesso écoule un troisième mandat qu’une constitution charcutée sur mesure lui a offert sur un plateau d’or. Bientôt, les sénatoriales renforceront davantage cette omnipotence du natif d’Oyo qui règne sans partage sur un Congo habitué aux élections contestées, entachées qu’elles sont, de fraudes et souvent de sang. En effet, l’actuel Sénat fort de 72 membres en compte 68 issus du parti au pouvoir. Et pour le changement dans cette chambre, demain n’est visiblement pas la veille. Une fois de plus, Denis Sassou Nguesso vient de faire la preuve qu’en Afrique, «on n’organise pas les élections pour les perdre»
Et c’est justement pour ne pas sortir du jeu politique que son voisin de la République démocratique du Congo, dont le mandat est arrivé à terme depuis décembre 2016 se cabre. Pour le pouvoir Joseph Kabila qui foule ainsi aux pieds les accords de la Saint Sylvestre, aucune élection ne peut se tenir dans ce pays-continent avant décembre 2017. L’opposition et la société civile congolaises ne l’entendent en tout cas pas de cette oreille et le font bruyamment savoir dans une RDC, qui n’est pas loin du chaos socio-économico-politique.
Sur le même registre électoral, c’est le Sénégal qui joue à se faire peur. Dans l’attente de la proclamation des résultats des législatives du dimanche 30 juillet dernier, le mercure ne cesse de monter. La tension est si palpable que l’ancienne présidente de la République centrafricaine, Catherine Samba-Panza a tiré la sonnette d’alarme. La chef de mission de l’Union africaine pour l’observation des législatives au Sénégal, tout en relevant les défaillances de l’organisation de ce scrutin, n’a pas manqué d’appeler la classe politique sénégalaise à faire baisser la tension afin de préserver la paix dans le pays, surtout en vue de la prochaine présidentielle qui s’annonce dans deux ans. En attendant, chaque camp, qu’il soit proche du pouvoir, ou du candidat prisonnier Khalifa Sall ou encore de l’ancien président de 91 ans, Abdoulaye Wade, sonne le cor de la victoire. Cela présage sans doute de vives contestations de résultats. Il ne reste qu’à espérer que tout se passe dans les règles de l’art, selon les canaux déterminés par la démocratie et le droit.
Ange ou démon? Les deux qualificatifs vont en tout cas à Paul Kagame. Le président sortant-et certainement bientôt entrant- du Rwanda est presque sûr de sa victoire à l’élection présidentielle du dimanche 6 août prochain qui le confrontera à deux challengers sans relief. L’homme fort de Kigali aux commandes de qui le Rwanda sorti des ruines du génocide de 2014, a effectué une «remontada» socio-économique extraordinaire, reste le seul maître à bord. Les opposants qui ont le courage de…s’opposer ne peuvent le faire réellement qu’hors du pays des mille collines dont l’ancien guérillero tient solidement les rênes depuis quatorze bonnes années. Il s’est même tracé une voie royale vers la présidence à vie, suite à un referendum qui lui a permis de changer la constitution.
Ainsi va l’Afrique, le seul continent où sans sondage et sans être expert politologue, on connaît avec exactitude qui sera gagnant d’élections dont le mode d’emploi le plus usité constitue la fraude. Et ça marche sans coup férir, jusqu’au jour où le peuple décide de faire tourner le vent.
Par Wakat Séra