Accueil Editorial Elizabeth II: l’Afrique pleure «sa» reine!

Elizabeth II: l’Afrique pleure «sa» reine!

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Elizabeth II s'en est allée ((Ph. vaticannews.va)

Elizabeth II a poussé son dernier soupir, ce jeudi 8 septembre, au château de Balmoral en Ecosse, où elle vivait avec une santé qui s’est considérablement fragilisée, surtout avec le poids de l’âge. Certes, la presque centenaire, dans quatre ans elle aura bouclé un siècle, n’était pas une reine africaine, mais c’est en Afrique qu’elle est devenue reine d‘Angleterre. C’est alors qu’elle séjournait au Kenya que son époux, le prince Philip avec qui elle a partagé presque toute son existence, lui a annoncé la mort de son père, le roi Georges VI, emporté par un cancer de poumon. Elizabeth n’avait que 25 ans! Mais elle devait hériter du trône royal.

Aussitôt revenue en Grande Bretagne, elle prend les rênes -c’est normal pour une reine- de l’Etat, de l’Eglise anglicane et du Commonwealth, qui, avant de devenir une organisation intergouvernementale de 56 Etats membres, était cette association qui rassemblait les anciens territoires de l’Empire britannique. Le continent noir qui l‘a vue devenir reine, Elizabeth II, l’aura, presque chevillé à la couronne durant toute sa vie. Elle va même oser briser bien des mythes, s‘offrant au passage une danse dans les bras du panafricaniste célèbre, le Ghanéen Kwame Nkrumah.

C’était en 1961 et ce n’était que le début, de la fin de bien de tabous, la reine d’Angleterre ayant opté de se rendre en Zambie, en 1979 malgré l’opposition de la Première ministre britannique de l’époque, Margaret Thatcher, la «Dame de fer». Ce sera, du reste, l’occasion pour la reine Elizabeth II de renforcer ce lien avec l’Afrique et de mettre en exergue son aversion pour les inégalités et la ségrégation, en présidant la signature de la Déclaration de Lusaka sur le racisme et les discriminations. Et pour marquer ce refus contre l’apartheid, la reine de la longévité, de la santé et qui a bien vieilli en menant le bon combat, ne mettra pas les pieds pendant une quarantaine d’années en Afrique du sud où le régime de l’apartheid, qui a fait de l’oppression des noirs son sens d’exister, faisait la pluie et le beau temps. Cependant, la reine et le leader de l’ANC, Nelson Mandela, se vouaient une considération mutuelle.

La monarque qui a conquis le cœur du monde entier, par sa beauté, sa grâce et son humilité, selon ses nombreux fans qui pleurent son décès sous les tropiques, alors qu’ils ne l’ont connue qu’à travers le petit écran et le papier glacé des magazine people, était devenue comme une immortelle. Pourtant, elle ne vivra qu’un peu plus d’un an après la mort de sa deuxième moitié, au vrai sens de l’expression, le prince Philip qui a été arraché à son affection, à son amour et à sa complicité, en avril 2021. L’Afrique, même la partie francophone avec qui elle a eu peu ou prou de relations, est donc en deuil, tout comme le reste du monde.

A l’instar du Gabon et du Togo qui viennent de rejoindre le Commonwealth bien que n’ayant pas été d’anciennes colonies britanniques, nombre de dirigeants africains ont rendu un vibrant hommage à cette figure iconique de la solidarité humaine, qui impose le respect. Témoin de tous les grands événements du siècle, la reine, 96 ans et 70 ans de règne, marquera sans doute encore longtemps la vie contemporaine et ce ne sont pas les querelles qui menacent souvent l’harmonie à Buckingham Palace qui écorcheront à la faire écrouler, la côte de popularité de l’illustre disparue.

La reine est morte, vive le roi! Mais ce n’est probablement pas le roi Charles III qui succède à sa mère qui pourra effacer aussi facilement le respect, qui frôle la déification, voué à Elizabeth II par ses sujets britanniques et ses fans dans le monde. En tout cas, God save the Queen* se chantera désormais God save the King!

Par Wakat Séra

*Hymne national du Royaume Uni. Expression qui signifie en français «Dieu protège la reine».