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Elle aide une femme à accoucher en pleine brousse

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Ceci est le récit émouvant d’une sage-femme, connue sous le surnom Millie Marta, artiste musicienne, alors en voyage en Côte d’Ivoire, qui a aidé une femme à accoucher en pleine brousse. Elle a raconté son aventure sur la plateforme d’un réseau social.

«J’ai quitté Abidjan pour Grand-Lahou, puis Grand-Lahou pour Sodecoco où est enterré mon père. A mi-chemin, deux hommes arrêtent la voiture que j’ai louée pour me conduire. Ils demandaient notre aide pour transporter une femme enceinte vers Grand-Lahou parce qu’elle avait été référée par la maternité de leur village mais ils n’avaient pas de moyen de transport. Je n’ai pas hésité et j’ai décidé de leur rendre ce service. Heureusement leur village était après l’endroit où est enterré mon père. Alors rapidement je dis bonjour à mon père je demande ses bénédictions et je fais demi tour avec la femme enceinte. Je voulais savoir pourquoi la maternité de son village n’avait pas pu faire l’accouchement mais je n’ai pas compris l’explication que m’a donné l’accompagnante.

Nous voilà en route pour la ville de  Grand-Lahou.

En pleine brousse je sens que la dame a des contractions, elle pousse, je ne suis pas tranquille. Sans mentir je me disais «pourquoi tu aimes problème comme ça? Et si elle meurt dans tes mains?» Mais je priais Dieu pour que tout se passe bien.

En pleine brousse, loin de Lahou, je sens qu’elle pousse, je prends mon courage, j’enfile mes gants et je l’examine, je touche le bébé, il est déjà presque là. Je commence à paniquer mais je me ressaisis et je me dis que je n’ai pas droit à l’erreur. Le chauffeur est pris de peur dès que je lui dis que je vais la faire accoucher, il fuit et laisse la voiture.

Je dis à l’accompagnante que je suis une sage-femme burkinabè, c’est vrai que je ne suis pas sur mon territoire mais vu qu’elle a des contractions, je vais demander la permission d’essayer son accouchement même si on est en pleine brousse. La vieille accepte, je lui demande donc de prier pendant que j’essaye.

Nous voilà entre prières et travail.

Quelques minutes après, bébé était là, maman va bien, mais bébé ne crie pas, il ne réagit pas. Ma peur renaît, mais  j’ai foi. Je lui fais un massage des pieds, j’essaye sans un seul matériel de ramener le bébé, je désespère, la couleur de sa peau m’inquiète. Je descends la robe de la maman et je fais un corps à corps afin que la chaleur maternelle remonte vers le bébé. Je fais tout ce que je pouvais. Petit à petit bébé reprend la couleur rose, je commence à sourire je continue de prier, enfin bébé émet son premier cri. Mes larmes coulent, je suis en joie, je remercie encore le ciel.

Ma question maintenant c’est comment couper le cordon ombilical, je n’ai ni lame ni ciseaux. On poursuit donc notre chemin jusqu’au village voisin, ils n’ont pas de maternité mais un petit centre de soins où j’ai eu une paire de ciseaux. Là-bas je coupe le cordon et on fait demi tour. Bébé et maman doivent retourner chez eux.

Arrivée à la pirogue qui devrait les aider à traverser, nos chemins se séparaient là.

Le père et la mère du bébé ont décidé que cette petite fille qui venait de naître portera mon prénom.

Grâce à Dieu, aux bénédictions de mes parents et à l’amour que j’ai pour la profession de sage-femme, moi Martine je vous présente Martine Junior, Ivoirienne née dans les bras d’une sage-femme burkinabè qui était juste de passage.

Là où le destin t’appelle, tu t’y rendras.»

Milie Marta