C’est fait. Pour succéder au président normal, la France a eu son président normal qui a battu presque tous les records des inédits, en commençant par le requiem de la Droite et de la Gauche, chassés dès le premier tour. Selon les derniers résultats, c’est avec plus de 65% des suffrages exprimés que Emmanuel Macron a triomphé de Marine Le Pen qui, avec ses un peu plus de 34% est loin d’avoir démérité. Elle fait même honneur au Front National, l’épouvantail extrémiste que tous ont cherché à abattre pour éviter que la France soit affublée du triste manteau d’Etat xénophobe, raciste, « europhobe », etc. Mais, que les votes aient été pour Macron ou contre Le Pen, on note un fort taux d’abstention, plus de 25%, comme pour dire à Macron qu’il n’est pas encore le président de tous les Français. Certes, la France est En Marche mais Macron lui, n’aura pas d’état de grâce, et il le sait. Qu’ils soient de la Gauche ou de la Droite ou encore du Centre, les dinosaures de la politique française, encore très attachés à l’hégémonie des partis politiques, mettront à la première occasion, sous les pieds du jeune Macron En Marche, la peau de banane qui pourrait lui faire regretter son outrecuidance d’avoir grillé la politesse à ces entités jusque-là, citadelles imprenables. Le mouvement En Marche va-t-il réussir à célébrer les funérailles du duopole Gauche-Droite, lui qui vient de provoquer leur agonie ? Les prochaines législatives françaises le diront. En attendant, Emmanuel Macron, honni soit qui mal y pensera en faisant allusion au « bébé hollande », boit son petit lait. Il savoure une victoire, qui frise le raz de marée, sur la championne du Front National, une fois de plus, seule contre tous.
Au Burkina Faso où le deuxième tour de la présidentielle s’est déroulé sous haute sécurité à en croire les reporters de Wakat Séra dans les Instituts français de Ouagadougou et de Bobo Dioulasso transformés en bureaux de vote, il y a eu un très gros vote Macron. Les premières estimations qui révèlent très peu de votes frontistes restent très proches des chiffres du premier tour où il n’y a pas eu besoin de calculettes pour départager les deux candidats. Toutes choses qui inspirent la jeunesse burkinabè qui fête cette victoire du jeune président français de 39 ans comme la sienne. Les jeunes Burkinabè n’espèrent pas forcément plus de largesses de la part de l’ancienne colonie, car pour eux, Macron ou Le Pen, c’est blanc bonnet, bonnet blanc en ce qui concerne la politique africaine de la France. Ils jubilent parce qu’ils espèrent, à en croire leurs posts sur les réseaux sociaux, faire le coup Macron aux vieux politiciens burkinabè en 2020, date de la prochaine élection présidentielle au Burkina. Morceaux choisis : « Vive d’autres Macron pour notre chère Afrique dans les années à venir » ; « Ce soir, c’est la France, la vraie qui a gagné ! Vive la démocratie et l’espoir ! ». Et plus précis encore ces deux appels : « Soyons audacieux et envoyons les tous à la retraite, vieux-jeunes ou jeunes-vieux, tous au repos en 2020 au Burkina Faso » et « Un président Android vient d’être élu en France. Il en faut de plus en plus dans le monde. Les vieilles méthodes ont montré leurs limites. Il faut désormais des dirigeants capables de mise à jour, avec de bonnes applications. Burkina 2020. Président Android ».
Très lucides et désormais bien imprégnés de la chose politique, les Burkinabè ne se laissent plus embarquer dans les débats qui vouent aux gémonies le Front National. Ils n’ont pas tort. N’est-il pas enfin temps que l’Afrique coupe définitivement le cordon ombilical avec la France, en particulier, et les anciennes puissances colonisatrices en général, pour prendre véritablement son destin en main ? Sans en être certain, peut-être que si cette percée du Front National avait été couronnée de la victoire finale, la France-Afrique, si elle n’est pas totalement enterrée devrait sérieusement être ébranlée dans ses fondements. Car Marine Le Pen veut donner la France au Français et elle l’a dit, les Africains doivent retourner chez eux. Mais, Marine devra également accepter que les Africains restent chez eux avec leurs matières premières que la France vient piller sur le continent pour y revenir vendre les produits transformés très chers. Et peut-être aussi que le CFA cessera d’être cette chaîne séculaire qui maintient l’Afrique attachée à la France. Pour l’instant, sur un ton très ironique et tout aussi sévère, des Africains se demandent qui des « pères » africains de Macron, sera le premier à féliciter le président de 39 ans ! Et de citer, en mentionnant des âges dont certains sont officiels, les chefs d’Etats africains comme Robert Mugabe (Zimbabwe) : 92 ans, Paul Biya (Cameroun): 85 ans, Alpha Condé (Guinée) : 80 ans, Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire): 75 ans, Teodoro Obiang Nguema (Guinée Equatoriale) : 75 ans, Ibrahim Boubakar Keita ( Mali) : 75 ans, Sassou Nguesso (Congo) : 72 ans, Idriss Deby (Tchad) : 65 ans, et Mahamadou Issoufou (Niger): 65 ans. En tout cas, nombre des pairs africains de Macron ont déjà fait le pas des félicitations. Reste maintenant celui qui gagnera la course de la première visite officielle à l’Elysée§ A moins que le jeune président les rencontre tous lors d’une de ces grand mess que la France sait si bien organiser.
Par Wakat Séra