Le chef de file de l’opposition malienne, Soumaila Cissé, est porté disparu depuis le 25 mars dernier. Il a été enlevé dans sa région d’origine au centre du pays alors qu’il faisait campagne pour les élections législatives. En dehors de son garde corps qui a perdu la vie dans ce rapt, les membres de sa délégation kidnappés en même temps que lui ont été libérés quelques temps plus tard. Son fils Bocar Cissé qui réside à Abidjan confie ses craintes à Valerie Bony de la radio BBC.
BBC: Quelles sont les dernières nouvelles que vous avez de votre père ?
Bocar Cissé: Les dernières nouvelles que nous avons de notre père date du 3 avril (dernier), lorsque les autres membres de la délégation ont été libérés par les ravisseurs. Ceux-ci nous ont expliqué les circonstances de l’enlèvement. Ils nous ont dit qu’ils ont été séparés dès le premier jour.
Est-ce que vous savez exactement qui l’a enlevé ?
Nous ne savons pas qui l’a enlevé. A ce jour aucun groupe n’a fait aucune une revendication.
Est-ce que vous avez des soupçons ?
La zone où le rapt s’est passé est une zone connue pour être fréquentée par plusieurs groupuscules armées. Par contre à ce jour, il n’y a aucune revendication. Donc nous ne pouvons pas pointer du doigt tel ou tel groupe.
Etes-vous sûrs que le leader de l’opposition malienne est toujours en vie ?
Nous avons des informations par personne interposée qui nous rassurent mais à ce jour, nous n’avons pas pu communiquer avec lui. Nous n’avons eu aucune preuve de vie de lui en tant que telle, ni du côté du gouvernement ni de qui que ce soit.
Est-ce que vous avez l’impression que les autorités, les organisations internationales font assez pour retrouver votre père ?
On a été à plusieurs fois rassuré par le gouvernement du Mali et la MINUSMA. Mais au-delà de ça nous n’avons pas d’information sur de potentielles négociations. Nous ne savons même pas s’ils sont en contact avec les ravisseurs ou pas.
Le gouvernement a-t-il mis en place une cellule de crise concernant cette affaire ?
Oui le gouvernement a mis en place une cellule de crise dirigée par l’ancien Premier ministre, monsieur Maïga (Soumeylou Boubeye, NDLR). Les autres membres de la cellule de crise ont été nommés par un décret signé seulement le trentième jour après l’enlèvement.
Excluez-vous totalement une empreinte politique sur cet enlèvement ?
Il faut éviter d’accuser qui que ce soit. Mais mon père est un homme politique. Il est député élu de la région de Niafunké. Et il est allé en campagne après une assurance du gouvernement et des organisations internationales présentes au Mali comme quoi la sécurité serait garantie. Il est le leader de l’opposition, le challenger principal du président actuel du Mali (Ibrahim Boubacar Kéita, NDLR). Je me dirais qu’un enlèvement le concernant a forcément un volet politique. Mais je ne saurais pointer du doigt qui que ce soit.
Pour vous votre père n’a pas pris de risque inconsidéré en battant campagne dans cette région du Mali ?
Cette région est sa région natale. Il a l’habitude de voyager dans cette région sans problème.
Si vous avez un message à lancer aux autorités et à la MINUSMA ça serait quoi ?
Je demanderai aux autorités de faire encore plus d’efforts pour déjà nous donner des nouvelles. Et qu’il (Soumaïla Cissé, NDLR) puisse être libéré dans de meilleurs délais. Nous sommes inquiets pour sa santé, sa sécurité. Cela fait 37 jours que nous n’avons pas de nouvelles de lui et c’est assez dur pour tous ses proches, son épouse, ses enfants, son frère, ses soeurs, ses camarades, ses amis et ses collaborateurs.
Vous en tant que fils vous-vous sentez comment après cet enlèvement ?
Aucun mot ne ferait justice à la manière dont je me sens. Beaucoup d’angoisse, de peur, d’incertitude. C’est vraiment très difficile pour moi comme pour tous ceux qui tiennent à lui. On a besoin de lui. Sa famille à besoin de lui. Le peuple malien a besoin de lui. Nous demanderons en ce mois de ramadan qu’on fasse l’effort de le libérer.